Professeur Didier « les hommes n’ont pas de couleur de peau ! »

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Le Point.fr par Gabriel Matzneff

Un moment majeur de la connaissance scientifique a été la découverte de la physique quantique. La constatation que les électrons suivaient une orbite particulière dont ils ne pouvaient sortir que pour entrer dans une autre orbite, qu’il n’existait pas de passage progressif d’une orbite à l’autre, mais des sauts quantitatifs.

Ce type de différences entre progressivité et rupture a été l’objet de grands débats. Ainsi la remise en cause brutale par les philosophes postmodernes des schémas classiques majeurs de classification a-t-elle emmené à envisager un certain nombre de choses avec succès, et d’autres avec peu de rationalité. Premièrement, sur le plan de la couleur de la peau, les postmodernes ont raison. L’idée qu’il existait des couleurs séparant les humains est une aberration sur le plan aussi bien biologique que chromatique. En effet, le blanc n’est pas une couleur, il n’existe pas, tout amateur de peinture sait cela, c’est « la leçon de Gauguin ».

Les peaux sont plus ou moins foncées en fonction de la géographie, de l’exposition solaire, de la saison. Il suffit de mettre sa main sur une feuille de papier pour se rendre compte que ni le blanc ni le noir ne peuvent qualifier la peau humaine. Enfin, il n’existe pas de seuil dans la couleur du métissage. Il n’existe pas non plus de « jaunes » ni de « peaux rouges ». On ne peut donc pas séparer, en pratique, les couleurs humaines d’une manière simple.
Différence irréconciliable

En revanche, s’il existe bien une différence irréconciliable, c’est le sexe. En dépit des théories qui tentent de gommer les différences, certaines sont totalement irréductibles (cycles, organes génitaux), il n’existe pas de formes de passage. Les quelques exceptions sont stériles. Des changements apparents de sexe peuvent être obtenus, mais la biologie est têtue.

Dans d’autres domaines, on voit parfois se creuser des différences de type quantique. C’est le cas, par exemple, de l’enrichissement brutal des États-Unis, où les 1 % d’habitants les plus riches ont vu leurs revenus augmenter de 31 % entre 2009 et 2012, tandis que ceux des 99 % restants stagnaient. C’est l’essentiel du livre de Thomas Piketty Le Capital au XXIe siècle (Seuil), qui observe un décrochage brutal – quantique – aux États-Unis.

Cette notion de différence quantique permet de distinguer ce qui est progressif, et donc modifiable, de ce qui est quantique, et ne peut donc être changé que brutalement. Prendre en compte les notions de progressivité et de rupture dans les différences amène forcément à des approches intellectuelles… différentes.

* Le professeur Didier Raoult est spécialiste des maladies infectieuses tropicales émergentes à la faculté de médecine de Marseille.

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