Comprendre les effets collatéraux des sanctions Russie, UE, USA (experts)

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Guerre des sanctions: les gagnants sont au-dessus de la mêlée

La Voix de la Russie/RIA Novosti

Poussée par les États-Unis, l’Europe s’est retrouvée à l’avant-garde de la guerre des sanctions avec la Russie. Or, on sait qu’à la guerre, c’est l’avant-garde qui subit les plus lourdes pertes, estime Hasan Selim Özertem, du Centre turc d’études stratégiques internationales.

« Il est évident que les pertes subies par les États – Unis seront insignifiantes parce que les échanges russo -américains représentent 40 milliards de dollars tout au plus. Par contre, la valeur des échanges entre l’Europe et la Russie est de l’ordre de 450 milliards de dollars et, par conséquent, les sanctions frapperont de plein fouet l’Europe et la Russie. Certes, les pertes en question se répartiront inégalement suivant les pays. Comme la Russie entretient les relations très serrées avec l’Allemagne, la France et l’Italie, les sanctions les pénaliseront en tout premier lieu ».

Les sanctions imposées par l’UE qui prévoient l’interdiction des livraisons des produits duales, des équipements et du matériel de production de pétrole, affectent aussi le secteur financier russe. En effet, 5 banques russes à savoir Sberbank, VTB, Gazprombank, VEB et Rosselkhozbank sont touchées par les sanctions. Pourtant, selon Ali Ari, directeur du Centre d’études européennes de l’Université Kirklareli, c’est la City de Londres et d’autres grandes places financières qui subiront le contrecoup des sanctions imposées aux banques russes.

« Ces mesures se répercuteront surtout sur le marché britannique des valeurs et sur le secteur financier français et allemand. C’est pour cette raison qu’on peut dire que les sanctions auront un impact négatif tant sur l’économie russe que sur celle de l’UE. J’attire cependant votre attention sur le fait que les sanctions ne touchent pas le secteur de l’énergie et l’importation du gaz naturel qui est le volet de loin le plus important des échanges entre la Russie et l’UE. Les sanctions européennes évitent soigneusement la vache sacrée que représente le gaz russe pour la bonne raison que l’Europe ne veut pas se nuire. J’en conclus que l’effet des sanctions européennes sera limité ».

En décrétant des sanctions contre la Russie, les États-Unis et l’Europe déclarent qu’elles sont appelées à résorber  » la crise en Ukraine  » et à faire cesser le bain de sang dans ce pays.

Selon monsieur Ali Ari, les sanctions n’ont en réalité rien à voir avec la guerre en Ukraine. C’est que d’aucuns voulaient absolument imposer des sanctions contre la Russie et ceci sous n’importe quel prétexte. En même temps, les conséquences politiques de ce jeu peuvent être diamétralement opposées à l’objectif initial.

La Russie sanctionne à son tour les Occidentaux

Thomas Liabot (avec AFP) – leJDD.fr
Moscou a décrété jeudi l’interdiction totale de la plupart des importations de produits alimentaires en provenance d’Europe et des États-Unis. Cette décision fait suite aux sanctions occidentales prises la semaine dernière contre l’économie russe.

Une semaine après l’annonce des sanctions occidentales, la réaction russe prend forme. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a annoncé jeudi la mise en place d’un embargo sur les produits alimentaires européens et américains notamment. Cette interdiction d’importer devrait durer un an. Elle concerne le bœuf, le porc, la volaille, le poisson, le fromage, le lait, les légumes et les fruits en provenance des États-Unis, de l’Union européenne, de l’Australie, du Canada et de la Norvège.

L’interdiction de l’importation de produits alimentaires pourra être levée si « nos partenaires font preuve d’une approche constructive », a déclaré Dmitri Medvedev lors d’une intervention télévisée. « Toutes ces mesures ne sont purement qu’une réponse (aux sanctions occidentales, ndlr). Nous ne voulions pas d’un tel développement de la situation. Il n’y a rien de positif dans les sanctions », a-t-il poursuivi. Mardi 30 juillet, les Occidentaux avaient en effet annoncé d’importantes mesures de rétorsion contre l’économie russe.

Vers une fermeture de l’espace aérien russe?
Si les citoyens russes pourront toujours faire leurs achats à l’étranger, toute tentative de profiter de la situation pour revendre des produits interdits sera « sévèrement punie », a prévenu le Premier ministre russe. Il indique par ailleurs que la Russie pourrait interdire le survol de son territoire aux compagnies aériennes effectuant des liaisons entre l’Europe et l’Asie via la Sibérie, la route la plus courte. Cette mesure pourrait entrainer d’importantes hausses de prix pour les compagnies aériennes occidentales.

L’Ukraine n’est pas visée par les interdictions décidées jeudi par les autorités russes, mais elle fait déjà l’objet d’un embargo sur ses pommes de terre, soja, jus, conserves, lait, fromage et autres produits issus de l’agriculture décrété depuis le mois de juin. Les combats se poursuivent toujours dans l’Est ukrainien entre l’armée régulière et les forces séparatistes.

Un embargo à double tranchant
Dmitri Medvedev l’assure : « Nous arriverons à retourner la situation en notre faveur ». Le Premier ministre russe estime en effet que cet embargo sera « une occasion unique d’ouvrir et de développer notre industrie destinée à la substitution des importations ». La succession de sanctions occidentales provoque en effet des hausses de prix alimentaires en Russie et permet à la rhétorique protectionniste de gagner du terrain. Inversement, les sanctions russes menacent aussi d’engorger le marché européen et de provoquer une crise agricole au sein de l’UE.

Concernant la Russie, les experts estiment qu’une mesure d’embargo va provoquer une hausse du taux d’inflation (qui était le mois dernier de 7,8% sur un an). Environ 10% des exportations agricoles de l’Union européenne vont à la Russie, soit l’équivalent de 12 milliards par an, selon les chiffres de la Commission européenne. Pour faire de cette mesure un pari gagnant, Dmitri Medvedev a donc promis d' »empêcher la hausse des prix » et de « libérer les étals pour nos propres producteurs ». Une chose est certaine, personne de l’UE ni de la Russie n’est épargné par les conséquences de cette escalade.

Thomas Liabot (avec AFP) – leJDD.fr

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