Samba Koné ex commando invisible en Côte d’Ivoire met « Ouattara au défi de faire arrêter un seul chef de guerre »

Samba Kone

Lu pour vous

Il était des durs moments de fragilisation du pouvoir de Laurent Gbagbo, pour l’avènement de celui de l’actuel chef d’Etat ivoirien Alassane Ouattara. En réaction au syndrome de l’oubli de la part du pouvoir ou de leur mentor, celui qui a été au cœur de la stratégie de la naissance du commando invisible d’Abobo, revient à la charge. Mais cette fois humant l’air d’un certain désordre au cœur du pouvoir ivoirien. Samba Koné, petit fils de l’historique opposant à Félix Houphouët-Boigny, Sékou Sanogo natif du nord de la Côte d’Ivoire comme l’actuel président ivoirien, menace…entretien exclusif à la veille du 54eme anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire sous Alassane Ouattara.

Samba-Kone2Quel est le sentiment de l’ex-combattant pour l’avènement du pouvoir Ouattara, dans cette ambiance de célébration pour la Côte d’Ivoire de son indépendance, ce 7 août 2014 ?

A la veille du 54ème anniversaire des indépendances de la Côte d’Ivoire, je voudrais saluer la mémoire de ces grands conquérants qui ont permis l’existence des nations africaines et notamment de la nôtre. Mais malheureusement, les successeurs de ces grands conquérants des libertés des peuples noirs n’ont pas toujours su préserver le précieux héritage des luttes pour la dignité et les libertés de ceux-ci.

Il y a beaucoup de choses à revoir. C’est-à-dire, la dignité et l’honneur des peuples. Est-ce que le peuple ivoirien est aujourd’hui satisfait de ce que nos ancêtres ont semé ? Je ne le crois pas ! Dans la mesure où nous constatons au fur et à mensure que le temps passe, ce pays recule. Et ce, à l’avènement de chaque gouvernement qui s’autoproclame maître de la violence, de l’oppression et des violations des droits humains.

Il y a eu des soubresauts au sein des hommes en armes ces derniers jours…

Une armée républicaine n’est pas une armée où un chef se réclame chef de faction. Une armée républicaine n’est pas un chef lieu de département où quelqu’un peut dire ‘’je suis chef de tel village ou de tel canton’’. Il y a des éléments qui se paradent sur le territoire national avec des Tee-shirts à l’effigie de leur leader au sein de l’armée. Dans une armée il n’y a pas de leader. L’armée est régie depuis le Président de la république qui trace la marche de celle-ci jusqu’au plus petit soldat. Et le ministre de la Défense et le chef d’état-major, sont là pour l’aider.

Il faut objectivement reconnaitre que nous n’avons pas une armée républicaine en Côte d’Ivoire. Je ne vois pas une armée républicaine ici. Je vois plutôt une armée à l’instar des ‘’may-may’’ au Congo. Parce que je le dis encore, dans une armée il n’y a pas de leader. Il n’y a pas de chef de faction, ou si vous voulez de comzone avec ses combattants. Avec des éléments qui se réclament de lui et qui, lorsqu’ils commettent des violences et qu’ils sont emprisonnés, ils sont libérés par leurs chefs de guerre.

Comment est-ce possible dans une armée d’un pays ? Une armée dans laquelle lorsqu’un chef d’unité est démis, ceux qui se réclament de lui, se révoltent et tirent sur d’autres soldats. Ça, ce n’est pas une armée. Et c’est vraie menace pour le chef de l’Etat. Je le dis, il est véritablement en danger.

Mais le chef de l’Etat est le chef suprême des armées !

Je le dis, que le Chef d’Etat actuel puisse dire le contraire, qu’il y a une armée républicaine en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas une armée qu’il a. Ce n’est pas de cette armée que le peuple ivoirien a besoin. A l’heure où je vous parle, il y a des chefs de guerre qui ont des territoires qu’ils gèrent sur lesquels ils installent leurs éléments. Devant des magasins, des sociétés, entreprises et sont payés par des opérateurs économiques. Ce n’est pas normal dans un pays normal où il y a une armée régulière au service du peuple.

Ce sont des milices. Des hommes en armes ne font pas cela dans un pays. Notre armée est composée de faction de milices. Une armée est faite pour rester dans les casernes. Comment dans une arme quelqu’un peut-il dire : ’’Je vais régler mes hommes’’. Nous nous retrouvons là, devant une association de militaires, une association de personnes en arme. Ce n’est pas une armée. Ce n’est pas ce que le président de la République Alassane Ouattara nous a promis.

frci-ADO-120Qui a failli ? Est-ce le chef de l’Etat ?

Oui, je crois que le président de la république a échoué. Je le dis parce que je ne suis pas sûr qu’il soit capable d’arrêter un chef de guerre responsable d’une faute. Tous ces chefs de guerre qui sont dans cette armée ont au minimum 1000 éléments personnels à leur disposition. Et c’est très grave pour la nation. Alassane est en danger !

Nous mettons Alassane Ouattara au défi de faire arrêter un chef de guerre. Même s’ils disent être prêts pour répondre devant les juridictions internationales. Il n’osera pas ! S’il peut arrêter un seul d’entre eux, c’est que nous pouvons penser qu’il peut commencer à doter la Côte d’Ivoire d’une armée républicaine.

Mais nous sommes au regret de dire que le chef de l’Etat n’est pas à mesure de doter la Côte d’Ivoire d’une armée régulière comme nous le voulons. Nous craignons pour la nation. Parce que nous voyons des individus qui ne sont pas des militaires. Mais des civiles qui circulent librement avec des armes et que le pouvoir appelle des dozos. C’est grave pour la nation ivoirienne. Et chaque partie du pouvoir a son groupe de dozos, ces chasseurs traditionnels qui ont perdu leur vocation. C’est grave ! Et je le dis, la nation ivoirienne est menacée.

Est-ce pour cette raison que l’Onuci est bien présente dans sa sécurité ?

Cette armée là est remplie de non nationaux. Et on ne sait pas à quoi cela obéit. Et les gens sont surpris qu’il y ait des coupeurs de routes partout. C’est un danger pour le processus en court. Et il faut craindre, parce que quatre ans après, il est inconcevable de voir encore les casques bleus dans la garde du chef de l’Etat et autour du palais présidentiel.

Cela veut dire que le processus de mise en place d’une armée intégrée a échoué. Ce commandement intégré a disparu au profit d’une armée partielle conçue et dont le contrôle échappe au président de la république. C’est tout à fait normal que l’ONUCI le surveille. La Côte d’Ivoire est devenu un Etat international. Mais c’est grave pour un président qui légitimement été élu par le peuple. Un président légitime n’a pas besoin d’une armée étrangère pour le surveiller et pour le protéger. Cela veut dire que nous ne sommes pas encore capables de bâtir une armée et d’assurer notre propre sécurité.

Aujourd’hui, malgré que le processus de réintégration de tous les ex-combattants et nos revendications ne soient pas pris en compte, je crains pour lui-même et pour sa sécurité à cette allure.

Donc vous voyez un danger à l’horizon !

Aujourd’hui pour le temps est venu de rappeler nos camarades ex-combattants à la mobilisation pour que toutes nos revendications soient prises en comptes. C’est-à-dire leur intégration et un meilleur encadrement pour ceux qui sont identifiés.

Si nous avons soutenu Alassane Ouattara dans son combat de liberté et face à l’impunité, c’était pour nous doter d’une armée digne qui puisse sécuriser tous les Ivoiriens sans distinction aucune. Et non une armée avec des chefs de guerre qui circulent avec des véhicules non immatriculés. C’est dangereux pour la vie de la nation et pour les campagnes électorales à venir.

Nous prendrons la rue pour nous faire entendre de l’ensemble de la population ivoirienne et de la communauté internationale.

Samba-Kone2Les ex-combattants dans la rue ?

Mais la rue est un moyen d’expression des libertés et de la démocratie. Nous ne voyons pas en cela des actions hors-la-loi. C’est cette même rue qui a installé monsieur Alassane Ouattara. Et c’est moi qui ai été l’un des précurseurs des mouvements de rue pour l’avènement de son pouvoir. C’est dans la rue que nous avons affaibli le pouvoir Gbagbo et non dans les bureaux.

Le bureau ce n’est pas pour nous, nous c’est la rue que nous connaissons. Nous avons écrit à toutes les autorités nationales et internationales pour nos revendications. Nous avons saisi le chef de l’Etat le 13 juillet 2013, pour lui dire que les ex-combattants veulent participer au processus de réconciliation. Et qu’il y a beaucoup des nôtres qui souffrent. Mais nous ne sommes pas écoutés.

La rue sera le meilleur mode d’expression pour les ex-combattants. Le processus du DDR est là pour un clan politique. Que les 800.000FCFA promis par le gouvernement à chaque jeune soient donnés à ceux qui sont identifiés. Que le gouvernement fasse le bilan de ceux qui ont reçu cette somme.

A partir de cet instant, l’ordre de mobilisation des ex-combattants est donné partout.

Mais votre appel ne va-t-il pas menacer le processus électoral en vue ?

Ecoutez, nous ne sommes pas candidats à des élections. Nous revendiquons quelque chose qui relève de nos droits. Il y a eu des élections forcées en Côte d’Ivoire et nous avons vu ce que cela a donné. Qu’il y ait élections ou pas, c’est aux politiciens de le régler entre eux. Personne n’est candidat parmi nous, encore moins dans mon entourage.

Depuis deux ans nous demandons que le gouvernement prenne en compte nos revendications et cela n’a pas été fait. La rue dans les prochains jours, sera notre véritable lieu d’expression et les gens verront. Toutes les autorités de ce pays ont fermé leurs oreilles sur toutes nos revendications. Peu importe, nous, notre candidat, ce sont nos revendications. Et nous espérons qu’elles seront prises en compte pour la paix ! Mais nous demandons au chef de l’Etat de mettre fin à cette situation de non Etat et de non droit sur le territoire ivoirien…

5minutesinfos.net:entretien réalisé par HERVE MAKRE

5minutesinfos.net

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