Côte-d’Ivoire: Human Rights Watch rappelle que la CPI n’a poursuivi aucun proche de Ouattara

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Audition de Blé Goudé, une figure clé de la Côte d’Ivoire (HRW)

Tenue de l’audience de confirmation des charges à l’encontre de Charles Blé Goudé, allié de l’ancien président

(Bruxelles, le 25 septembre 2014) – Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) commenceront, le lundi 29 septembre 2014, à entendre les preuves dans le but de confirmer ou non les chefs d’inculpation dans l’affaire contre Charles Blé Goudé, un proche allié de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Précédemment cette année, les autorités ivoiriennes ont transféré Charles Blé Goudé à la CPI sur la base d’un mandat d’arrêt émis en décembre 2011. Charles Blé Goudé a ainsi rejoint Laurent Gbagbo, qui est en détention à la CPI, à La Haye, depuis la fin de l’année 2011 et qui attend son propre procès devant ce tribunal.

Laurent Gbagbo a nommé Charles Blé Goudé au poste de ministre de la Jeunesse en décembre 2010, officialisant la relation de longue date entre la milice des Jeunes patriotes et les forces de sécurité de Laurent Gbagbo. La CPI allègue qu’en tant que membre du « cercle rapproché » de Laurent Gbagbo entre décembre 2010 et avril 2011, Charles Blé Goudé a joué un rôle dans les attaques contre des civils considérés comme des partisans de l’actuel président Alassane Ouattara. Le tribunal a inculpé Charles Blé Goudé de quatre chefs d’accusation de crimes contre l’humanité.

« La présence de Charles Blé Goudé sur le banc des accusés devrait rappeler à d’autres hauts responsables qui détiennent le pouvoir lors d’un conflit qu’ils ne peuvent pas être sûrs d’échapper à la justice », a déclaré Param-Preet Singh, juriste senior au programme Justice internationale de Human Rights Watch. « Les victimes des crimes commis par les forces pro-Gbagbo se rapprochent un peu plus de la vérité. »

Les résultats reconnus par la communauté internationale ont proclamé Alassane Ouattara vainqueur de l’élection de novembre 2010, mais son adversaire Laurent Gbagbo a refusé de quitter ses fonctions présidentielles. Une crise de cinq mois s’en est suivie, au cours de laquelle au moins 3 000 personnes ont été tuées et 150 femmes violées, lors d’attaques souvent perpétrées selon des critères politiques, ethniques et religieux. Laurent Gbagbo a été arrêté par les forces pro-Ouattara en avril 2011 et est resté en détention en Côte d’Ivoire avant son transfert à la CPI.

Charles Blé Goudé a fui la Côte d’Ivoire vers le Ghana en avril 2011. En janvier 2013, les autorités ghanéennes l’ont retransféré vers la Côte d’Ivoire, où il est resté en détention jusqu’à son transfert à la CPI en mars dernier.

La CPI a engagé des poursuites contre Laurent Gbagbo, son épouse Simone, et Charles Blé Goudé pour des crimes commis en Côte d’Ivoire. Simone Gbagbo est toujours en détention en Côte d’Ivoire sur la base d’accusations de génocide, entre autres crimes. En octobre 2013, le gouvernement ivoirien a formellement contesté la recevabilité de son dossier devant la CPI, affirmant son intention et sa capacité à la juger en Côte d’Ivoire. Les juges de la CPI ont demandé au gouvernement ivoirien de lui fournir d’ici au 10 octobre 2014 plus d’informations sur les poursuites engagées contre Simone Gbagbo à l’échelle nationale.

Cependant, la CPI n’a poursuivi aucun membre des forces qui ont combattu pour le président Alassane Ouattara, malgré les conclusions de deux commissions d’enquête, l’une internationale et l’autre ivoirienne, selon lesquelles les deux camps ont commis des crimes de guerre et de possibles crimes contre l’humanité. De même, les autorités ivoiriennes n’ont encore traduit en justice aucun des membres des Forces Républicaines du président Ouattara impliqués dans des crimes liés à la crise. La Procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a souligné à plusieurs reprises l’impartialité de son bureau et a précisé que les enquêtes sont en cours.

« L’approche à sens unique adoptée à ce jour par la CPI se retrouve au niveau national, ce qui place l’un des deux camps du conflit au-dessus des lois », a expliqué Param-Preet Singh. « L’action de la CPI contre le camp Ouattara est essentielle pour garantir aux victimes un accès indispensable à la justice. »

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