Côte-d’Ivoire – après son retrait de la Commission électorale le FPI « risque d’être isolé » (Navigué)

navigue

Par Serge Alain Koffi

Le responsable de la jeunesse du Front populaire ivoirien (FPI, opposition) Navigue Konaté, pour qui son parti doit être “là où il y a des discussions politiques’’, craint qu’il se soit “isolé’’ après sa décision de se retirer de la commission électorale indépendante (CEI), dans une interview à ALERTE INFO dimanche.

Beaucoup de choses ont été dites sur votre retour d’exil. Certaines personnes ont même parlé de deal avec le pouvoir actuel.

L’expérience nous a montré que ce genre de situations est réglé par le temps. Il est évident qu’un responsable comme moi, quand vous revenez d’exil et que cela suscite beaucoup d’interrogations, cela montre au moins une chose, c’est que vous êtes important et que vous comptez dans l’opinion. J’ai pris ces attaques inutiles et gratuites comme une sorte de publicité qu’on faisait à mon égard parce je savais que rien de tout ce qui se racontait n’était vrai. J’ai commencé un combat depuis 12 ans, depuis ma classe de 6e en 1986 je suis toujours dans ce combat et rien ne m’autorise à trahir la lutte, donc ma conviction personnelle, mon engagement personnel auprès du Front populaire ivoirien (FPI) et ma loyauté pour le président Laurent Gbagbo. J’étais serein devant la tempête. Vous avez vu que dans le fond, il n’y avait rien de sincère.

Il se disait que votre retour visait surtout à fragiliser la lutte des pro-Gbagbo ?

Comment est-ce que le retour d’un exilé peut fragiliser la lutte ? Nous sommes dans un appareil où les décisions se prennent. Et quand elles sont prises, il faut les exécuter. Même le président du Front populaire ivoirien ne peut pas fragiliser la lutte. Donc, ce n’est pas un responsable d’une structure du parti qui va fragiliser la lutte.

Certaines personnes estiment que votre retour a plutôt brisé l’élan de Justin Koua

Les gens connaissent Justin Koua depuis quand ? Au lieu de me féliciter d’avoir laissé une équipe qui a été à la hauteur, on m’accable. Je m’attendais à des félicitations. Je connais Koua Justin depuis 15 ans et je peux penser que j’ai contribué à le former et à le laisser là. Il est mon adjoint depuis 2001.Ceux qui me critiquent ne le connaissaient pas.

Quel bilan faites-vous des activités de la gestion de Justin Koua ?

Le bilan est absolument positif mais il faut continuer le boulot. C’est une équipe et normalement les gens qui aiment le Front populaire ivoirien (FPI) devraient aider cette équipe à travailler dans la cohésion plutôt que de chercher à nous diviser, à créer des problèmes là où il n’y en a pas. Vous savez, quand on a vécu ce que j’ai vécu il y a des choses qu’on ne peut plus faire parce qu’il y a forcément des leçons à tirer. Je vous rappelle que nous avons appelé les jeunes à venir à la résidence du Président Laurent Gbagbo quand les bombes tombaient. Moi j’étais à la résidence du président jusqu’au 10 avril 2011 avant de partir.J’ai vu beaucoup de choses. J’ai vu des jeunes mourir devant moi. Donc, je n’ai plus droit à un certains nombres d’erreurs. Je dois tirer les leçons de tout cela. C’est pourquoi quand vous sortez d’une telle situation, vous êtes obligés d’être un peu sage.

Quel sont vos rapports avec Koua Justin ?

On a de bons rapports. Moi, je n’ai pas de problèmes avec lui.Je ne crois pas qu’il ait un problème particulier avec moi.Des gens ont essayé de nous diviser pour nous utiliser. Je crois que Koua Justin à son niveau a senti le piège et moi et moi également.

Des militants vous reprochent surtout un affaiblissement de la lutte depuis votre retour

Je suis arrivé à la veille de la confirmation des charges contre le Président Laurent Gbagbo. Malheureusement cela a été fait. Il revient au parti de déterminer les actions à mener. On ne décrète pas une mobilisation comme ça sans harmoniser les situations. J’ai fait ma passation de charges le 17 mai et depuis, nous sommes en train de réorganiser. Nous avons fait notre assemblée générale le 23 juillet. Et j’ai envoyé des équipes sur le terrain dans les fédérations qui travaillent à remobiliser. Nous-mêmes, nous sommes en tournée dans le district d’Abidjan. Avant de lancer un mot d’ordre de mobilisation, il faut faire des tournées pour apprêter les gens, leur dire pourquoi vous voulez faire la mobilisation. Mobiliser aujourd’hui, c’est prendre plus de temps qu’hier. Il n’y a jamais eu de meeting de la JFPI quand je n’étais pas là. Il y a eu des annonces de meetings et des interdictions de meetings. C’est le président du parti qui a pu faire des meetings. Il faut préparer le terrain. Je peux annoncer chaque jour des meetings. Mais je ne le ferai pas parce que ce sera juste de la communication et ce n’est pas dans ma nature.

Aujourd’hui votre parti est secoué par des crises internes, quelle lecture faites-vous de ces dissensions au sein du FPI ?

Quand l’appareil est en crise les structures ne peuvent pas fonctionner normalement. Depuis le 4 juillet, nous gérons une crise au Front populaire ivoirien. Nous sommes en train d’en sortir.Les uns et les autres se sont rendus compte que l’appareil qui est un instrument de lutte ne doit pas se casser. La crise est en train d’être passée.

Votre parti vient de claquer la porte à la CEI, selon vous est-ce la bonne décision ?

Le comité central a décidé que le FPI se retire totalement de cette commission. Si j’avais un point de vue à émettre, qui n’est plus important puisque le comité central a déjà décidé, c’est de dire que là où il y a des discussions, il faut qu’on y soit pour donner notre point de vue parce que parfois quand vous êtes absent au cours de discussions politiques à un certain niveau, on ne comprend pas bien votre vision. Il faut être toujours là pour expliquer ce que vous voulez même si les gens ne prennent pas cela en compte mais au moins ils savent ce que vous voulez.

Cette nouvelle position n’isole pas davantage votre parti?

C’est avec tous les risques qu’on prend. Le risque d’être isolé, le risque d’être accusé d’avoir un plan B parce que si vous refuser les discussions politiques les gens vont faire un raccourci pour dire que vous avez un plan B. Je suppose que la majorité des membres du comité central ont mesuré les risques et on a pris la décision. Il faut qu’on assume.

Est-ce que vous avez des regrets dans la gestion du pouvoir par votre parti ?

Forcément, quand vous êtes le premier responsable d’un groupe de personnes et que vous voyez que des camarades que vous avez appelé sont tués…Mais c’est la lutte, il faut toujours tirer des leçons des évènements qui se produisent. Si on se retrouvait encore en 2010 et que les mêmes évènements devaient se reproduire, je n’aurais pas la même approche.

SKO
Alerte-info

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