Blaise Compaoré ou l’histoire d’un entêtement bestial en politique

blaise__president_burkinabe_292268078

Par Dr Serge-Nicolas NZI, Chercheur en communication

I – Il y a eu des morts et de nombreux blessés à cause de la seule volonté d’un homme d’organiser un référendum sur la révision de l’article 37 de la constitution de son pays. Pourquoi un référendum quand cet article est clair sur l’impossibilité du président de la république en exercice de se présenter en 2015 ?

Le fait de persister coute que coute avec une obstination sans retenue et un acharnement sans pareil vers le précipice a été déterminant dans la chute du beau Blaise Compaoré et de la perte du pouvoir. Qu’est ce qui peut expliquer cette persistance dans un caprice enfantin pour satisfaire un égo démesuré alors qu’une porte de sortie plus honorable était là, ici et en face de lui ?

Le parlement acquis à sa cause pouvait voter une amnistie en sa faveur avec un statut d’ancien chef d’Etat et il aurait eu un reste de vie paisible et aurait gardé le respect de ses compatriotes. Pourquoi cette persistance vers une confrontation qui allait créer des troubles dans le pays et pousser les burkinabés les uns contre les autres ? Lui qui était médiateur dans différents conflits n’a pas été capable de comprendre la nature de ce qui pouvait arriver sur son propre nez.

Les instruments de la psychologie moderne nous amènent à affirmer ici que c’est la nature des hommes qui détermine leur destin. Implacable, Compaoré, ne croit qu’aux rapports de force, rien d’autre ne peut le faire reculer. Il exécute ses desseins avec patience et obstination. C’est un prédateur et nous allons le démontrer ici devant vous.

Il a bâtit son pouvoir pierre par pierre, Compaoré ne se précipite jamais, ne s’émeut guère, même si on vient lui dire que sa mère est morte il restera de marbre. Il ne s’emporte jamais en public. Même s’il peut gagner un match de football par dix à zéro, cela ne lui suffira pas, il s’arrangera pour fracturer les pieds de deux ou trois adversaires. C’est ainsi qu’est Blaise Compaoré, la malfaisance est incrustée en lui et cela en permanence. C’est avec cette méthode comme finalité qu’il a atteint le sommet de l’Etat. Ne demandez donc pas au scorpion de ne plus piquer, c’est aller contre sa nature.

Il préfère parvenir à ses fins en douceur avant de recourir à la dissuasion et au besoin par l’élimination pure et simple de l’adversaire. Ses premiers compagnons de route furent les premières victimes du tueur froid de Ouagadougou. Les capitaines, Thomas Sankara, Jean-Baptiste Lingani et Henri Zongo, se souviendront du fond de leur tombe de la méthode Compaoré.

Il aime digérer sa proie comme un serpent, exactement comme le font les boss mafieux de la Cosa Nostra sicilienne du clan de Corleone, un plat fumant de spaghetti aux fruits de mer qu’on mange accompagné d’une bonne bouteille de vin blanc devant le cadavre encore chaud de la victime du jour qui git encore devant vous.

C’est justement pour cela qu’il sait attendre les occasions propices avant de porter le coup de boutoir final. Pour cela il explore l’adversaire en le laissant s’enfermer dans ses contradictions et le mettre ainsi en position de faiblesse s’il doit négocier avec lui. Il choisit admirablement son moment d’attaque.
Laurent Gbagbo du fond de sa prison à la Haye en Hollande, se souviendra, pour le temps qu’il lui reste à vivre du Capitaine para commando Blaise Compaoré. Il envoya 500 soldats Burkinabés pour aider le gouvernement de Gbagbo à sécuriser les élections, ces soldats rejoindront le camp Ouattara pendant la crise électorale et deviendront des éléments de sa garde prétorienne lorsqu’il entra au palais présidentiel du plateau d’Abidjan. Ouattara ne sait même pas jusqu’à ce jour qu’ainsi, il est l’otage de Compaoré.

Cynique parmi les cyniques, on ne retrouvera jamais les assassins de Norbert Zongo encore moins ceux de Thomas Sankara. La veuve et les enfants de son prédécesseur exilés chez l’ancien colonisateur, cela ne lui dit rien du tout. La violence pour s’imposer à chaque étape et gouverner pour tuer reste sa méthode.

Blaise Compaoré considère toute négociation comme une inacceptable tentative d’extorsion, c’est cette façon de faire qui paralysa les pourparlers avec son opposition. Devenu fort, il considère tout compromis comme un don gratuit. Voilà pourquoi la justice burkinabé n’a jamais éclaircie, les conditions tragiques de la mort de Thomas Sankara et de ses collaborateurs. Stratège de l’ambiguïté, le beau Blaise Compaoré ne laisse jamais l’interlocuteur deviner ses sentiments pendant une rencontre.

Distant et cynique, il n’entre jamais le premier dans le vif du sujet laissant le visiteur deviner ou spéculer. Cela lui donne le temps de jauger l’interlocuteur. Ceux qui l’on fréquenté disent que c’est un négociateur imprévisible et retors, capable, tout aussi bien de trancher un problème de fond à la hussarde et refuser une réponse précise sur une question de détail. S’il lui arrive de vous dire non, ce qui est rare de dire non catégoriquement. Dans ce cas il ne sert à rien d’insister car sa décision est définitive du moins pour le moment.

Car chez lui, tout refus dissimule parfois les prodromes d’une acceptation future comme toute acceptation recèle les fondements d’un éventuel rejet. On appelle cela la duplicité, la dissimulation, le dédoublement, la ruse, la roublardise, la perfidie ou technique avancée de négociation. C’est dans cette manche qu’il laisse son Ministre des affaires étrangères et homme de confiance, Djibrill Bassolé, le soin de jouer à l’Henry Kissinger, des tropiques.

La vie nous a donné l’opportunité d’être des témoins de ce type de comportement en politique. Il est passé maître dans l’art de la manœuvre, il pratique la politique du bord du gouffre et sait s’arrêter au bon moment, juste avant le précipice. Sauf que cette fois il a confondu vitesse et précipitation en sous-estimant la rage et la détermination de son propre peuple.

Homme d’imprévisibilité, Compaoré, est capable de prendre la bonne décision au moment ou on pense que tout est perdu pour lui. L’affaire Norbert Zongo, les mutineries et les contestations sont sous nos yeux pour démontrer sa capacité à rebondir pour atterrir sur ses deux pieds. Mais cette fois les Dieux étaient du coté des manifestants qui voulaient tous en finir avec lui et ses méthodes crapuleuses.

L’ensemble de toutes ces observations nous permettent de dire tout simplement ici que de tous ceux qui ont tué pour arriver au pouvoir, Compaoré, est le plus féroce d’entre eux. Mobutu, Eyadema et Samuel Doé, réunis, sont des anges qui ne valent pas la cheville de Blaise Compaoré, qui était hier encore le parrain des rebellions la sous-région Ouest africaine. Ainsi, de Dakar à Cotonou, de Bamako à Niamey, de Nouakchott à Lagos, de Conakry à Accra en passant par Lomé et Monrovia, ce fut un immense ouf de soulagement dans la sous région Ouest africaine de le voir fuir le palais de Kosyam la queue entre les jambes comme un chien apeuré. Il a eu la fin qu’il mérite et rien de plus.

Avec l’abondante documentation retrouvée chez son frère cadet François Compaoré, tous les burkinabés souhaitent des poursuites judiciaires contre le tueur froid de Ouagadougou et ses complices pour qu’ils répondent devant la justice de leur pays des crimes de leur gouvernance. Abidjan livrera t-il ces assassins à la justice de leur pays ? Telle est la prochaine équation de l’affaire Compaoré. Sa vie à Yamoussoukro risque de ressembler à celle de son ami Hissène Habré, à Dakar depuis le 1er décembre 1990.
Nous y reviendrons.

II – Les opposants et la société civile burkinabé

Tous ceux qui animent l’opposition aujourd’hui connaissent Blaise Compaoré, notre sœur Saran Sérémé et nos frères : Zéphirin Diabré, Roch Marc Christian Kaboré, Stanislas Bénéwendé Sankara, Ablassé Ouédraogo, Salif Diallo, Simon Compaoré ou Hervé Ouattara, la plupart ont travaillé avec lui. Ils ont essayé de le dissuader d’aller vers cette modification constitutionnelle, ils se sont retrouvés devant le mur du refus et le mépris assourdissant d’un Blaise Compaoré au sommet de sa gloire.

« L’arbre que la tempête va renverser ne voit pas l’orage qui se prépare à l’horizon, sa tête altière brave le vent, alors qu’il est près de sa fin. » disent nos parents malinké pour parler de l’état d’esprit de Soumahoro Kanté à la veille de la bataille de Kirina dans l’harmattan poussiéreux de janvier 1235.
C’est justement ce symbole qui à quintuplé la détermination de tous nos frères et sœurs qui étaient opposés à la révision constitutionnelle. Car en réalité, il n’y avait pas que la modification constitutionnelle, il y avait la possibilité de deux mandats et la succession dynastique de François Compaoré, le frère cadet en vu de faire du Burkina Faso, la propriété des Compaoré et frère, comme le Togo voisin de la compagnie Eyadema et fils.

Les burkinabés ne demandaient rien d’autre que le respect de la loi fondamentale du pays des hommes intègres. Cette constitution fut adoptée du vivant de Compaoré, pourquoi ceux qui le soutiennent ne se sont-ils pas opposés à la limitation du mandat présidentiel ? En fait il voulait prendre le peuple intègre comme une serpillère prêt à toutes les compromissions qui vont dans le camp de ses mesquins petits intérêts personnels, partiels et parcellaires.

Voilà pourquoi les représentants de son parti le CDP, le congrès pour la démocratie et le progrès, furent chassés hier de la table des négociations. Il faut comprendre la colère de ceux qui luttaient hier contre le despote. C’est comme si après avoir conduit la résistance contre l’occupant nazi, le général de Gaulle s’asseyait à la table avec les Pétain, Pierre Laval, François Darlan, Adrien Marquet et autres Xavier Valat, pour discuter de l’avenir de la France et de sa reconstruction. Il faut comprendre ici la colère du peuple ainsi que les excuses et autres regrets que les Compaoré et compagnie n’exprimeront jamais.

Le grand mérite de la société civile burkinabè se trouve dans l’extraordinaire travail d’éducation des masses populaires qu’elle a entreprise pendant des mois pour dénuder la société des Compaoré et frère, qui voulait faire main basse sur le Faso. Le Burkina Faso compte plus de 8000 villages, les organisations religieuses, la chefferie coutumière, les organisations des droits de l’homme, les organisation féminines, les mouvements de jeunesse comme le balaie citoyen, le collectif anti-référendum, les syndicats, les partis politiques de l’opposition à la dictature de la compagnie Burkinabè des Compaoré, frère et sœurs, tous on eu raison de l’aveuglement et d’un entêtement politique bestial né de l’arrogance et de la certitude du beau Blaise Compaoré.

Après le coup d’Etat sanglant d’octobre 1987, le gouvernement avait adopté avec la société civile un plan national de bonne gouvernance qui reconnaît la société civile comme acteur et la nécessité de renforcer ses capacités et de l’impliquer comme acteur de la vie publique.

Ainsi donc – les journalistes militants pour une presse libre
Les femmes conscientes de leurs rôles dans une société en mutation
Les étudiants et élèves, les paysans rassemblés en coopératives agricoles
– la puissante église catholique, les chefs coutumiers
– Les groupes de recherches sociales et démocratiques.

– Le centre de gouvernance démocratique et citoyenne créé en 1999
– les partis politiques de l’opposition sincère à la compagnie des frères Compaoré, c’est dans cette composante que se trouvent les organisations les plus dynamiques.
Ces organisations ont contribué à éclairer l’opinion publique nationale et internationale sur la nature dictatoriale et criminelle de la compagnie des frères Compaoré. Dans le but de contribuer à la qualité des institutions démocratiques et à la capacité des citoyens à jouer un rôle essentiel dans la promotion des libertés publiques.

N’oublions pas que c’est Le mouvement protestataire conduit par les syndicats qui a renversé le régime autoritaire du Président Maurice Yaméogo le 3 janvier 1966.
– Les grèves de décembre 1975 qui ont conduit son successeur, le Président Lamizana
Sangoulé à renoncer à son projet d’instaurer un système mono partisan, étaient l’œuvre d’un syndicalisme totalement allergique à l’étouffement des libertés démocratiques.

Il y a donc au Faso une société civile vivante. Toutes Les associations qui composent la société civile disposent d’un statut légal. En effet, les associations sont régies par la Loi n°10/92/ADP du 15 décembre 1992 portant liberté d’association. Au terme de cette loi, est désignée comme association :

« tout groupe de personnes physiques ou morales, nationales ou étrangères, à vocation permanente, à but non lucratif et ayant pour objet la réalisation d’objectifs communs, notamment dans les domaines culturels, sportif, social, spirituel, scientifique, professionnel ou socio-économique ».

Nous parlons ici de faits que si les Compaoré et compagnie avaient pris en compte, nous n’en serions pas ici devant l’immense tragédie que le capitaine du Faso nous a laissée en héritage. Pourquoi n’a-t-il pas pris en charge au nom du Faso la veuve et les orphelins de notre frère le Capitaine Thomas Sankara ? Pourquoi cette révision forcée de la constitution avec des parlementaires mis au vert comme une équipe de Football dans un hôtel. C’est cela la révolution burkinabé et la rectification pour laquelle notre frère le capitaine Thomas Sankara, avait perdu la vie ? Soyons sérieux, nous sommes devant l’imposture de la compagnie des frères Compaoré et ce n’était plus acceptable au pays des hommes intègres.

III – Etait-il nécessaire de tuer Norbert Zongo et ses compagnons de Voyage

C’était un quadruple meurtres crapuleux indigne d’un gouvernement. Après avoir commencé une enquête sur la mort mystérieuse de David Ouedraogo, le chauffeur de François Compaoré, le frère du président du Faso, Norbert Zongo est assassiné le 13 décembre 1998, sur la route de Sapouyi à 107 km au sud de Ouagadougou, avec les trois personnes qui l’accompagnaient (Blaise Ilboudo, Ablassé Nikiéma et Ernest Zongo), soulevant une très vive émotion à Ouagadougou, à travers tout le pays mais aussi dans les pays voisins.

En réaction, de nombreuses manifestations ont eu lieu dans tout le pays, les plus violentes ont été enregistrées à Koudougou (à l’ouest de Ouagadougou), où était né Norbert Zongo. Les partisans du pouvoir organisés en milice et armés de gourdins se sont livrés à une chasse aux manifestants dans plusieurs villes du pays. Voila le vrai visage des Compaoré frères et fils.

Suite au mécontentement populaire, le président Blaise Compaoré laisse une enquête judiciaire s’ouvrir. Mais au bout de sept ans d’instruction, le seul inculpé, Marcel Kafando, chef de la sécurité rapprochée du Président du Faso à l’époque des faits, et par la suite condamné dans le dossier de la mort du chauffeur de François Compaoré, finit par bénéficier d’un non lieu le 18 juillet 2006 au motif qu’un témoin clé se serait partiellement rétracté dans ses accusations…

Nous parlons ici de faits et supplions nos contradicteurs de démentir ce que nous rapportons ici. En fait ils n’auront que l’argument des insultes et l’arrogance qui les ont conduits les Compaoré et compagnie à l’aveuglement et à la faillite morale et politique dans un pays qui ne demandait qu’à vivre en paix dans son fort intérieur et surtout en paix et en toute fraternité avec ses voisins de la sous-région Ouest africaine.

IV – La Doctrine Compaoré ou le jeu ouvert de la malfaisance

Sur le fond, Blaise Compaoré a développé dans le cadre de la crise ivoirienne une doctrine presque inédite et ambitieuse ; pour la mettre en œuvre, il forge un outil opérationnel que l’on peu qualifier de jeux ouvert ou de pont ouvert. C’est la doctrine Compaoré, qui présente les trois visages de la recomposition de l’Afrique de l’Ouest. Occupant, protecteur, médiateur ou Stabilisateur.

Elle repose sur trois principes d’actions implicites dans les relations entre Etats :

1) – Le droit d’un pays africain voisin d’intervenir militairement de façon masquée sur le territoire d’un autre Etat comme la Syrie le faisait si bien au Liban, afin de l’empêcher – lui-même ou des organisations agissantes en son sein de menacer la paix et la sécurité de la sous région et du Burkina Faso en particulier.

2) – pour rappelle, la Tanzanie avait recouru à cette méthode pour chasser Idi Amin Dada du pouvoir en Ouganda, le 11 avril 1979, car il menaçait la stabilité de toute l’Afrique orientale. Mais dans ce précédant c’est l’armée ougandaise qui avait envahit une province tanzanienne à la poursuite des opposants à son régime criminel.

3) – le Droit pour un état voisin de prendre les mesures appropriées pour veiller à la sécurité collective de la sous région si le gouvernement voisin est défaillant ou représente un danger pour la vie économique et politique du Burkina Faso.

4) – Ou alors de prendre en main directement et avec l’autorisation préalable des puissances extra africaines les affaires d’un voisin en affirmant ainsi sa vocation de puissance régionale. Intervenir et offrir sa disponibilité dès qu’une situation locale peut dégénérer et affaiblir toute la sous région. C’est une façon intelligente de tirer les marrons du feu, face aux déséquilibres qui peuvent naitre ici ou la dans cette sous-région en ébullition qu’est l’Afrique de l’Ouest.

Pour ce qui est du jeu ouvert qui est une composante de la doctrine Compaoré, dont nous avons fait état plus haut, il consiste tout d’abord à geler un conflit dont la solution définitive semble hors de portée, du moins dans l’immédiat, en laissant aux parties en cause le soin de s’épuiser et toute la latitude de défendre leurs positions de principe ou leur thèses idéologiques. Observez les cas maliens et ivoiriens et vous comprendrez vite, comment on joue à l’indispensable pour gruger les belligérants.

Ainsi au lieu de rechercher la solution définitive qui conduirait à la fin du conflit ouvert, il dégage un règlement provisoire qui satisfait plus ou moins les principaux antagonistes en attendant que les rapports de force changent. Mais surtout, il fait en sorte qu’avec le temps ce provisoire prime. L’asile accordé au Capitaine Moussa Dadis Camara et la longue crise ivoirienne ainsi que son dénouement tragique entrent dans cette logique qui permet de mieux comprendre le pont du jeu ouvert, qui sous-tend la doctrine Compaoré.

Ainsi, plus le problème est complexe, plus les revendications sont inconciliables et plus la solution provisoire apparaît acceptable par tous. En laissant la solution dite définitive s’éloigner pour être à la fois théorique et chimérique. Cela permet à Blaise Compaoré, le pompier pyromane et à son pays de profiter de la guerre chez les autres et d’apparaître aux yeux du monde en sauveur.

Des Comptoirs de diamants à Ouagadougou pendant les crises du Libéria, de la Sierra Leone et de Côte d’Ivoire. Le Burkina désertique à travers les proches des Compaoré, était devenu exportateur de bois précieux, de café et de Cacao à travers le port de Lomé pendant la crise ivoirienne.

Il n’y a que ceux qui ont un gros caillou dans leur tête qui n’ont pas encore compris le pont du jeu ouvert qui est la colonne vertébrale de la « doctrine Compaoré. » Dans la géopolitique Ouest africaine. Mais tout cela peut se retourner contre lui s’il se met à scier lui-même la blanche qui le porte. Les évènements qui ont conduit à sa chute, font parties des effets pervers du jeu ouvert de la doctrine Compaoré dans son équation nationale.

V – Postulat de Conclusion générale

– Tuer pour gouverner ou pour exister n’a plus de sens de nos jours. Ce qui vient de se passer au Burkina Faso en cette fin octobre 2014, est un avertissement pour nous tous. Il ne faut plus mépriser le peuple et surtout les opposants politiques. Ne plus s’appuyer sur une armée à sa solde pour soumettre tout un peuple à ta domination et à l’aplatissement.

– Eviter le pouvoir ethnique et familial. Toutes ces choses provoquent, amertume, douleur et résignation chez ceux qui vous regardent et regrette de ne pas être de la bonne famille ou du bon groupe ethnique. – Eviter d’être des sous traiteurs de la présence coloniale dans nos malheureux pays africains. C’est comme si dans un cocktail mondain les petits fours ne suffisent plus et on demande à un petit traiteur d’en fournir rapidement pour sauver la situation du traiteur officiel contre récompense. Toutes ces luttes pour en arriver à des fins aussi minables nous désolent. Tout cela est indigne de ce que nous attendons des gouvernements de nos malheureux pays africains.

– Accepter les critiquent les plus acerbes, car les sociétés humaines évoluent par contradiction. On n’avance jamais sans une remise en cause profonde venant de la crique d’une société qui nous appartient tous. La négation de toute critique est une source de faiblesse qui fait le lit de l’autoritarisme, du despotisme qui conduisent toujours à la pendaison, aux meurtres, aux exécutions sommaires à la raison du plus fort et au silence des innocents qui ne demandent qu’à vivre dans une société qui se veut libre et solidaire.

Le fait que nous n’avons pas été capables nulle part, à gérer nos pays africains en faveur de nos populations. Le fait que plus de cinquante ans après les indépendances des choses simples comme l’eau, l’électricité. La route, le dispensaire, la maternité, la pharmacie ou l’ambulance, demeurent un luxe pour beaucoup de nos régions est la preuve patente de notre échec. Les choses vont de plus en plus se compliquer dans les dix prochaines années. Car les peuples vont de plus en plus être exigeants avec les gouvernants. « Nous ne voulons pas mourir comme des idiots. » Disaient les burkinabés hier encore devant les décombres fumants de l’assemblée nationale de Ouagadougou.

Ceux qui pensent régner sans partage avec leurs frères sœurs et copains se trompent d’époque. L’avenir appartient désormais aux partageurs. A ceux qui sont capables d’écouter les autres . Ceux qui ne mettent pas leur famille et leur ethnie au cœur de la gouvernance et enfin à tous ceux qui sont capables de s’asseoir avec nous pour que nous recherchions en commun nos propres réponses à nos problèmes afin de ne plus insulter l’avenir. Ceux qui sont tous les matins chez l’ancien colonisateur pour dénoncer leur propres concitoyens ou mettre nos modestes ressources au service de leurs amitiés se trompent de projet.

Dans cette nouvelle phase tous ceux qui n’ont que l’extérieur comme miroir et qui ont toujours le nez dans les affaires des autres, ceux qui pensent que leurs amitiés extérieures comptent plus que leur peuple, subiront dans leur entêtement le même sort que l’exil infligé par le Burkina Faso au beau Blaise Compaoré. Nous parlons ici d’un immense aveuglement au début du XXIème siècle en plein cœur du sahel.

Dans Blaise Compaoré, en plus de l’aveuglement il y a encore cette grande dose d’arrogance qui caractérise tous les dictateurs criminels. La froideur, il n’exprimera aucun regret, il ne présentera pas d’excuse à son peuple, il ne pense même pas à tous les cadavres qui sont sur son chemin. Le pardon il n’en a jamais accordé à personne tout au long de sa vie. Chez lui, la certitude et l’entêtement sont au début et à la fin de tout ce qu’il entreprend. Le résultat est un immense désastre, pour lui et son pays embarqué encore une fois dans un recommencement sans fin.

Pour cela il faut assainir et évacuer l’univers actuel des burkinabés et de tous les africains qui vivent dans un environnement qui n’élève plus l’homme, où toute réussite sociale nécessite généralement un fort degrés de compromission, où trouver un emploi comme porte d’accès à la liberté de conscience est un phénomène aléatoire et rare. Dans un univers de crainte, de corruption, de courtisanerie, de gabegie, de tribalisme de méfiance et d’insécurité.
Un univers dans lequel la justice obéi aux puissants, laissant les faibles dans l’amertume et le désarroi sur le bas côté de la route. Un univers où la combine prend le pas sur la transparence dans les affaires économiques, sociales et financières, tout cela fait fuir tous engagements et projets politiques à long terme.

Dans l’immédiat Compaoré parle de trahison, il dit être le président constitutionnellement élu, il n’a aucune modestie, il porte en lui une grosse amertume, hagard et hébété, il ne regrette même pas les morts et les blessés, il pense aux pillages et aux biens matériels perdus par ses proches. Ils pensent beaucoup à ses cravates en soie pure et à ses costumes taillés sur mesure. A ses biens que la transition va bloquer. Il ne sait même pas que la plupart de ceux qui l’on suivi vont se retirer progressivement sur la pointe des pieds pour le laisser seul dans la dernière ligne droite de sa vie.

Sa cage dorée de Yamoussoukro deviendra très vite une prison, car il ne peut y sortir pour se promener en ville ou faire un footing. Il est en pays hostile. Il a envie d’aller à la plage, lui qui a vu la mer il y a si longtemps. Le pauvre il ne sait pas que ses hôtes l’isoleront un peu plus avec le temps. Il se retrouvera finalement seul dépressif et malade.

Il ira se faire soigner à l’étranger et y perdra vraisemblablement la vie ailleurs pour être enterré à l’étranger. Il rejoindra ainsi ses illustres devanciers que furent, Amadou Ahidjo à Dakar au Sénégal, Mobutu à Rabat au Maroc, Idi Amin Dada à Djeddah en Arabie Saoudite et Moïse Tshombé à Bruxelles en Belgique. Tel sera le destin des Compaoré et compagnie.

Lorsque la statue de Blaise Compaoré fut abattue à Bobo-Dioulasso, la première réaction des manifestants était de frapper à coups de balaies et de chaussures ce qui était à leurs yeux l’incarnation du mal burkinabé et d’uriner sur la représentation du démon. C’est en pensant aux cadavres qui sont encore à la morgue de Ouagadougou et aux nombreux blessés que nous invitons les dictatures à jeter un regard sans complaisance dans le livre de la vie.

« Le livre de la vie est le livre suprême. Qu’on ne peut ni fermer, ni ouvrir à son choix ; le passage attachant ne s’y lit pas deux fois. Mais le feuillet fatal se tourne de lui-même ; on voudrait revenir à la page où l’on aime. Et la page ou l’on meurt est déjà sous vos doigts. « 

Telle est en dernière analyse notre regard sur les Compaoré et surtout le peuple du Burkina-Faso ainsi que son long combat pour s’approprier les libertés démocratiques et en faire les fondements d’une société libre et solidaire qui bannit les meurtres sanglants et crapuleux pour magnifier la vie humaine comme projet commun de tous, pour tous et vers toutes les composantes de la société.

« La patrie ou la mort, nous vaincrons. » c’était le leitmotiv de la chute d’une dictature criminelle, nous en étions les témoins dans le vent sec de l’harmattan du mois d’octobre 2014, au Burkina-Faso.

Merci de votre aimable attention.

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en communication
Lugano (Suisse)
Tel. 0041792465353
Mail : nicolasnzi@bluewin.ch

Commentaires Facebook