Côte d’Ivoire – Les entreprises françaises et la duperie en Afrique

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Dr. Serge-Nicolas NZI, Chercheur en communication

Elles sont nombreuses les entreprises françaises qui veulent rafler des gros marchés de services, de constructions et de fournitures d’infrastructures chez nous en Afrique. Nos pays dans cette phase de l’histoire veulent, compte tenu de nos moyens modestes, avoir du matériel de qualité à des coûts supportables par nos budgets de pays ou nos urgences nous dépassent.

A l’heure de la mondialisation nous devons diversifier notre partenariat et avoir des infrastructures en fonction de nos moyens pour ne pas crouler sous une dette publique abyssale comme celle de la France, estimée à plus de 2000 milliards d’euros en cette fin d’année 2014. Sans compter les trois millions de chômeurs français. La France n’est pas l’exemple économique du moment.

La difficulté dans la coopération française se trouve dans le fait que les entreprises de ce pays veulent avoir des marchés chez nous sans appels d’offres. Ce qui est choquant pour nous c’est cette arrogance dont-elles font preuve en actionnant des leviers politiques dans leur pays pour faire des pressions sur nos dirigeants matamores pour avoir des marchés.

Ainsi les Bouygues et Bolloré obtiennent des marchés de construction ou de concessions portuaires dans différents pays au prix forts même si d’autres concurrents peuvent le faire à moindre coût. Les conditions d’attribution du terminal containers du port d’Abidjan dénoncés par l’UEMOA et le ministre du commerce de Côte d’ivoire, car il fait du port de son pays l’un des plus chers de la sous région est justement devant nous.

c’est parce qu’elles ne sont pas fiables qu’elles voyagent dans les valises du président français pour solliciter des marchés chez nous, les chinois et les japonais ne se comportent pas de cette façon. Ils veulent la transparence de la libre compétitivité technique et technologique avec les même chances sans truanderie. Voilà pourquoi les africains éprouvent un malaise dès qu’il apprennent qu’une entreprise française a obtenu un marché en Afrique. A technologie égale les japonais et les chinois sont moins chers et moins arrogants.

Dans les faits nous évoluons d’arnaques en duperies matin et soir avec les multinationales françaises, qui sont liées aux partis politiques de leur pays dont ils financent largement les campagnes électorales. Leurs avions et leurs bateaux sont mis au service des politiciens français et ceux-ci se transforment en démarcheurs pour que les présidents Africains de service offrent des marchés à des coûts inacceptables à ceux qui ont soutenu leurs campagnes.

On trouve ainsi des entrepreneurs amis du président français, des entrepreneurs témoins de mariage ou parrains de l’enfant du président français et des entrepreneurs amis de présidents africains. Bouygues était parmi les invités du mariage d’Allassane Ouattara, le 24 août 1991 à la mairie du XXVIème arrondissement de Paris. Les photos sont devant nous et on peut le vérifier. Des diamantaires français étaient pendant longtemps des amis de Mobutu. Des pétroliers français étaient amis de Bongo père. Nous pouvons multiplier les exemples à l’infini. Il faut en finir avec tous ces réseaux de connivences mafieuses pour que l’air soit respirable pour nous tous.

Bouygues et le pont Henri Konan Bédié

Après l’inauguration de ce pont il y a moins de dix jours les promeneurs ont découvert des fissures dans le béton. Les travaux ont été facturés à près de 154 milliards de francs CFA. Le pont livré en fanfare a déjà besoin d’une réhabilitation. Les fissures sont réelles et vérifiables. Cela met en doute la stabilité de l’ouvrage, car les fissures sont tout le long du béton de séparation entre la chaussée et le passage aux piétons.

Si la Côte d’Ivoire avait un gouvernement qui sait prendre ses responsabilités, il devait exiger ici et maintenant la mise en ordre de l’ouvrage et cela avec insistance. Car si rien n’est fait avec les intempéries et l’érosion les craquelures peuvent s’étendre sur la chaussée et mettre l’ouvrage en péril.

Pourquoi une équipe technique ivoirienne n’a-t-elle pas assuré tous les contrôles avant l’ouverture du pont à la circulation ?

La concession de péage du pont à la société SOCOPRIM sur une durée de trente ans ne rend-t-elle pas l’état ivoirien dépendant du groupe Bouygues qui est ici un partenaire en situation de monopole exactement comme Bolloré logistique au port d’Abidjan?
En faisant de SOCOPRIM, appartenant au groupe Bouygues, l’opérateur concepteur, l’un des financiers, le constructeur, l’exploitant et en lui confiant la maintenance du pont, la Côte d’ivoire à remis à une multinationale française des pouvoirs qu’aucune de ses propres entreprises n’a sur l’économie nationale.
Si on regarde bien la société SOCOPRIM, dont le capital est détenu à 52,78% par Bouygues, sa filiale SETAO et TOTAL SA, qui a flairé la bonne affaire, 22.03% au divers partenaires, L’Etat ivoirien détient 18,65% du capital et la Banque national pour l’investissement la BNI les 6,53% restant. Dans la réalité l’Etat ivoirien fait ici de la figuration sur un dossier qui le concerne au premier chef.
Sincèrement si on avait lancé un appel d’offre en bonne et due forme, on aurait pu trouver mieux avec les japonais, des espagnols, des chinois ou les allemands. Cette façon cavalière d’aller se livrer comme une fille de joie à des multinationales dont les moyens de nuisances sont connus est non seulement écœurant et dégouttant à l’heure de la mondialisation.
Il faut se rappeler la surfacturation des complexes sucriers ivoiriens avec des fournisseurs français en 1970, dont le président Félix Houphouët-Boigny lui-même avait reconnu l’indélicatesse de ses ministres sans rien faire.
N’est-il pas normal d’envisager une loi ivoirienne et africaine qui interdit aux entreprises livreuses d’ouvrages défectueux, ou à une entreprise coupable de corruption de travailler chez nous ? Tout cela pose au grand jour la problématique de la confiance que nous devons avoir en toutes ces entreprises qui veulent travailler dans nos malheureux pays africains avec la duperie comme fil conducteur de leur prestation douteuses.
Les immenses bénéfices qu’elles réalisent chez nous ne risquent-ils pas de financer des campagnes électorales chez nous pour permettre aux bienfaiteurs de Bouygues de rester durablement au pouvoir ? Comme vous le constater, les multinationales sont capables par leur moyens, leurs capacités de nuisance, leurs agissements et leurs relations d’influencer la démocratie naissante chez nous en Afrique.

Notre regard sur les méthodes des entreprises françaises en Afrique

Avec les français nous avons toujours appris à bien les observer pour voir si ce qu’ils disent est en adéquation avec ce qu’ils font. Les Allemands, les américains les chinois et les japonais promettent dans leurs relations avec nous ce qu’ils sont sûrs de donner.

La chine a construit sous forme de don le palais de l’unité africaine à Addis-Abeba en Ethiopie, voilà du concret. Avec la France vous pouvez coopérer cinquante ans sans recevoir d’elle une simple boite d’allumette, c’est un pays radin qui a une calculatrice à la place du cœur dans ses relations avec l’Afrique.

Il ne viendra jamais à l’esprit d’une entreprise française qui exploite une mine d’or ou d’uranium de construire une école, un dispensaire ou une route pour les riverains de la région. La coopération japonaise a offert plus d’une trentaine d’écoles primaires à la Côte d’Ivoire.

Demandez à AREVA, qui exploite les mines d’uranium du Niger depuis plus de vingt ans si cette entreprise a offert de l’eau potable ou un simple dispensaire aux villages riverains du site ? Au contraire chaque revendication d’une augmentation de la redevance du pays quand le prix de l’uranium grimpe peut exposer le gouvernement du Niger à une rébellion ou à un coup d’Etat sanglant.

Sommes-nous condamnés à être des nains éternels dans nos propre pays ? Cette voracité sans limite et la prise en otage économique de pays entier par des méthodes mafieuses ont fini par décourager toutes initiatives économiques des autres partenaires qui nous veulent du bien.

Les Africains sont des êtres très intelligents, le retard technologique et scientifique de leur continent ne doit pas faire croire qu’ils sont dépourvus d’intelligence. Il s’est installé dans leur esprit pour longtemps l’image du français, fournisseur peu fiable, plaçant des marchandises de mauvaises qualités, des installations dispendieuses et inutiles.

La tendance des entreprises françaises à la surfacturation et leur volonté d’avoir des marchés de fournitures ou de constructions aux prix forts restent pour nous des pratiques dégoûtantes d’un autre âge à l’heure de la mondialisation. Voilà pourquoi timidement peut-être quelques gouvernements africains se tournent vers les Américains, les Anglais, les Chinois, les Allemands, les turcs, les russes, les indiens et autres japonais pour diversifier leurs relations économiques et commerciales pour certains équipements de qualité.

En nous imposant des dictatures criminelles, comme celles de Mobutu, d’Eyadema, des Compaoré, des Sassou Nguesso, des Bongo ou d’Habyarimana. En favorisant la combine des réseaux mafieux affairistes et criminels, en couvrant des trafiques d’armes, en encourageant des conflits ethniques, les rebellions, en retardant le développement de nos malheureux pays africains par le soutien à des dictatures criminelles, la France a terni sa propre image en Afrique, pourquoi devons nous aujourd’hui nous investir dans la défense de sa langue et de sa francophonie en perdition ? Pourquoi devons nous suivre la France alors que sa coopération nous vampirise du matin au soir ?

Qu’un seul citoyen Français nous donne aujourd’hui une seule bonne raison de nous investir dans la défense de sa langue ou à continuer aujourd’hui à foncer tête baissée dans une coopération qui n’est que suicide pour nous ? Ce pays oublieux et ingrat qui n’a même pas été capable de verser une simple pension militaire aux soldats africains des deux guerres mondiales nous inspire de la pitié pour la collaboration hier encore de son propre gouvernement devant l’abomination nazie.

Ne plus croire à la coopération franco-africaine

La coopération monétaire franco-africaine, nous enseigne que c’est la France qui a le plus besoin de l’Afrique, car si demain les pays africains retiraient tout d’un coup leurs avoirs en devise auprès du trésor français, la France s’écroulerait financièrement dans les minutes qui suivront.

Nous défions ici même sur ce sujet ce qu’il y a de meilleur comme économiste et monétariste dans toute la France pour nous contredire et publiquement le monde entier verra les chiffres du profit de la honteuse vampirisation française contre nos malheureux peuples africains.

Voilà pourquoi elle s’acharne à mettre des dictateurs corrompus à la tête de nos pays africains à travers des élections truquées et au besoin sous les bombes françaises. Avoir des marchés et faire des affaires dans l’opacité totale, telle est le but de la France. Où sont nos contradicteurs sur ce point précis? Nous les attendons et ils savent que le débat chiffre à l’appui ne sera pas en leur faveur. Ils veulent nous niquer, ils verront de leurs propres yeux que nous ne sommes pas des couyons.

Quel que soit le gouvernement qui sortira des urnes en novembre 2015 en Côte d’ivoire, il y aura une urgence plus que nécessaire pour l’avenir de tous les ivoiriens qu’il faudra affronter sans détour. Car aucun ivoirien n’est prêt à faire l’économie de cette clarification plus que nécessaire pour l’affirmation de la personnalité ivoirienne dans le concert des peuples et des nations.

Quel bénéfice les ivoiriens ont-ils tiré de la coopération franco-ivoirienne ? Clarifier la présence militaire française en Côte d’Ivoire ? L’ambassadeur de France à Abidjan est-il un diplomate ou un proconsul équivalent au Général Douglas MC Arthur après la capitulation du Japon dans la baie de Tokyo le 2 septembre 1945 ?
Tous ces français qui sont autour du président Allassane Ouattara, sont là pour favoriser les intérêts de la France en Côte d’Ivoire ou pour contribuer à un développement réel et autocentré de notre pays. Ils peuvent crier au complot et nous accuser d’avoir reçu de l’argent d’officines privées anti-françaises. C’est l’argument contre feu qu’ils brandissent toujours pour accuser tous ceux qui ne sont pas à plat ventre devant eux.

Ils peuvent crier au complot aujourd’hui et dire qu’ils n’étaient pas au courant des agissements, des projets mafieux et criminels qui ont conduit la Côte d’Ivoire au bord du précipice exactement comme les nazis allemands au procès de Nuremberg, du 20 novembre 1945 au premier octobre 1946.

Mais alors que faisaient-ils et quels étaient leurs rôles dans cette présidence de la République dont les présidents sont pratiquement pris en otage par les français ? La rue Abidjanaise serait bien curieuse d’avoir une réponse à cette interrogation. Notre avenir commun s’assombri chez nous chaque jour que Dieu fait, l’espoir est pour quelques uns toujours les mêmes du même groupe ethnique et tribal.

L’échec lamentable du projet d’éducation télévisuelle entre les années 1970- et 1980, avec des téléviseurs en noir et blanc qui n’avaient plus preneurs en France. Téléviseurs fournis sans appel d’offre par la société française Thomson, le coup faramineux de ce projet financé par crédit de la banque mondiale, a complètement Détruit le système éducatif ivoirien en produisant des enfants qui arrivaient au collège sans savoir lire et écrire correctement, tel est le vrai visage de cette coopération française qui empoche des bénéfices juteux en nous laissant des problèmes insolubles.

La crise ivoirienne de 2002 à 2010, avait montré au grand jour que la France ne voulait pas d’un gouvernement démocratique, libre et légitime en Côte d’Ivoire et dans la sous région Ouest africaine. Demandez simplement à un étudiant en première année de droit international de lire et d’observer les fameux accords de Linas Marcoussis sous l’égide de la France en date du 24 janvier 2003 et vous vous rendrez bien compte de la complicité de la France avec la rébellion qui a ensanglantée la Côte d’Ivoire.

La vérité est que les français qui sont aujourd’hui encore autour des malheureux présidents africains agissent dans l’ombre comme les alchimistes du moyen âge, qui prétendaient transformer le plomb en or, exactement comme les « djinanmorys » de nos villages qui prétendaient multiplier les billets de banques et qui très souvent disparaissaient avec les vrais en nous laissant les faux billets.

C’est l’une des meilleures leçons que l’Afrique noire dans son entier retient aujourd’hui de la coopération franco-africaine pour laquelle Houphouët-Boigny avait déployé tant d’énergies.

Il faut le dire une bonne fois pour toute, la Côte d’Ivoire n’est pas une partie de la France et la France n’a aucun droit de regard sur la direction des affaires ivoiriennes. En le disant nous ne lançons pas la pierre au gouvernement ivoirien, c’est à lui de savoir si ce genre de choix et de contrats, sont conformes à l’avenir du pays. Un pont à péage pour trente ans offert à un opérateur fut-il ami est difficilement justifiable.

Voilà pourquoi la classe politique ivoirienne doit se décomplexer pour se regarder en face dans le miroir de l’histoire. Elle ne doit plus croire que pour être reconnue, elle doit se rendre à Paris tous les matins. Aller défiler sur les bords de la Seine ne changera rien du tout dans notre quotidien. C’est sur place dans un dialogue utile avec nos masses que nous pourrions résoudre nos problèmes de cohabitation, d’investissements, de mobilisation des énergies pour les orienter vers un développement viable qui forge notre bonheur commun.

La France prétend aider l’Afrique, c’est exactement comme le chamelier qui donne de l’eau au chameau et le laisse brouter un instant, le temps d’une pose. Comme l’éleveur qui jette du foin à sa vache à lait, l’aide-t-il ? Telle est la vraie question.

Les ivoiriens dans ce sens doivent apprendre définitivement qu’ils doivent se désencombrer de leurs propres pesanteurs, pour vivre dignement chez eux en organisant sur place leurs propres activités de production en fonction de leurs besoins et de leurs propres intérêts.

C’est ainsi que le monde fonctionne. Tel doit être le nouveau projet de société commun à tous les ivoiriens. Ne pas le comprendre, c’est prendre encore un autre rendez-vous de cinquante ans avec le fiasco à la date du samedi 07 août 2060, à cette date la Côte d’ivoire aura un siècle d’existence en tant que pays souverain.

Postulat de Conclusion Générale

Le chômage en Côte d’ivoire est tel que beaucoup de familles n’ont qu’un seul repas par jour et quel repas alors, du riz sans huile avec une sauce tomate pleine de piments qui vous donnent l’illusion avec de l’eau d’être rassasier, voilà le quotidien des familles nombreuses dans un univers de décadence et sans horizon.

La plupart des jachères villageoises sont transformées en plantation d’hévéa au point que la région de Dabou n’a presque plus de manioc. Les cours de ce produit ont chuté dans l’impossibilité de les entretenir certaines plantations d’hévéa ont été abandonnées en pleine forêt.

L’indépendance nationale ivoirienne est un marécage dans lequel il est impossible de discerner ce qui libère de ce qui asservit, et ou il est impossible de faire la différence entre amis et ennemis qui siègent au gouvernement, se mélangent pour mieux s’inter changer. Tout le monde fait semblant pour reprendre ses billes le moment venu.

Un Etat de cette nature ne peu déclencher aucune dynamique d’unité, au contraire la parcellisation de l’Etat et des institutions continue de plus belle. Chacun se réfugie dans son ethnie et sa région y compris le président de la république lui-même qui a fait du rattrapage ethno tribal son cheval de gouvernance avec la bénédiction de ses amis français. Mais alors que vaut la souveraineté sans la responsabilité, sur ce qui doit être gouverné, c’est-à-dire les êtres humains, les ressources du pays et les choses ?

Le pays est suspendu dans le vide au dessus du précipice. On parle des institutions et des élections prochaines de 2015, qui sont sensées ramener la paix en oubliant que c’est la faillite des hommes et l’aveuglement des institutions qui ont laissé la guerre s’installer durablement dans le pays. Regarder l’assemblée nationale actuelle de la Côte d’ivoire et vous comprendrez l’abcence totale d’esprit critique d’un club d’applaudisseurs comme ce que nous avons vu dans le Burkina Faso de Blaise et François Compaoré.

Pendant ce temps, les coupeurs de routes, les dozos et les gogos, font la pluie et le beau temps dans nos régions, les plantations et les domiciles occupés ne sont pas les problèmes du gouvernement soutenu par la France. Elle veut faire les affaires, comme au Rwanda, les souffrances des ivoiriens ne la concerne pas. C’est cela la France des droits de l’homme.

Des révoltes fractionnées ne tarderont pas à éclater après les élections et nous savons à l’avance qu’elles ne seront pas bénéfiques au pays. Car elles conduiront au morcellement et à des désordres plus grands. Quant aux révoltes sociales, elles sont plus que probables, étant donné la crise économique et financière. Elles commenceront par des mutineries des grèves peut être sauvages qui se généraliseraient dans le pays.

La santé, la faim, la misère, la peur, l’angoisse du lendemain et la pauvreté peuvent réunifier les ivoiriens dans une démarche de revendication ingérable pour un gouvernement issue d’une élection calamiteuse. Regardez le Gabon malgré le soutien de la France à Ali Bongo Odimba. Voilà pourquoi nous disons ici après plusieurs années d’observation de la vie politique de ce pays que les ivoiriens ont raté plusieurs occasions de construire un Etat viable et solide à leur profit.

Nous faisons le constat avec eux que l’Etat sous sa forme actuelle ne doit pas demeurer prisonnier des institutions désuets et de lois en vigueur, qui n’ont peut être pas mené à la guerre, mais ne l’ont certainement pas empêché. N’est-il pas d’ailleurs ridicule, sinon risible, de parler de stricte constitutionalité ou de légalité quand on a violé la constitution pour plaire à un candidat à la présidence hier encore ?

Il faut avoir le courage de poser ces problèmes au grand jour et dire que c’est en les transcendant qu’on arrivera à les résoudre pour donner un sens à l’indépendance nationale et non comme ce fut le cas pendants ces cinq dernières décennies, de les nier en s’y enfermant ; toutes les solutions devenaient dépassées, insignifiantes et caduques parce que trouvées trop tard et loin des ivoiriens à Lomé, à Paris, à Pretoria, à Tombouctou, à Accra à Addis-Abeba en passant par Gao, Mombassa ou Nouadhibou.

La stabilisation politique, économique et sociale de la Côte d’Ivoire passe inéluctablement par un moratoire sur une cessation des hostilités politiques et guerrières avant et après les prochaines élections. C’est un complément nécessaire à la paix sociale, c’est un répit, un espace de respiration pour le pays et son peuple pour affronter les impératifs de reconstruction et de consolidation de la paix civile, ainsi que la réconciliation nationale qui cimenteront à leur tour l’indépendance de la nation ivoirienne.

Dans cette guerre qui a laissé aux ivoiriens autant de questions et de cicatrices une dernière interrogation mérite une dernière réponse :

Y a-t-il eu un complot contre la Côte d’Ivoire, son indépendance et sa souveraineté ?

La réponse est oui.

Il n’y a qu’à voir le comportement des voisins de la Côte d’Ivoire, les résolutions de l’ONU, les nombreux prisonniers d’un seul camp, les tentatives et autres initiatives de mise sous tutelle ainsi que les accords de Marcoussis pour s’en rendre compte.

Bizarrement les voisins de la Côte d’ivoire qui riaient hier des ivoiriens se sont retrouvés devant des problèmes insurmontables chez eux. Ils ont tous compris que suivre la France ou aider à incendier la maison du voisin peut bien se retourner contre vous car les flammes portées par le vent peuvent griller votre propre demeure et emporter tous vos biens.

Blaise Compaoré ne nous contredira pas sur ce point précis. De la Guinée au Mali en passant par le Liberia et le Burkina Faso, chacun sait aujourd’hui ce que c’est que de construire la paix avec son voisin.

Mais bizarrement et c’est le propre même des pays bizarres, la Côte d’Ivoire continue de séduire ses destructeurs, bien que leur victoire se soient régulièrement transformées en pièges. Peut-être séduira-t-elle ceux qui veulent maintenant se racheter vis-à-vis d’elle ?

Hâtons nous ici de dire que rien dans la guerre, et rien dans la perspective de paix, ne changera notre conviction profonde : c’est aux ivoiriens que la Côte d’Ivoire doit de nouveau séduire. Un moratoire, nous le répétons qu’il soit politique ou militaire crée l’espace d’une réflexion. Ce n’est pas par les autres que les ivoiriens feront chacun sa Côte d’Ivoire. Ce n’est pas en suivant servilement la France et ses multinationales que les ivoiriens seront heureux chez eux.

C’est ensemble que tous les ivoiriens feront leur paix, leur liberté et leur unité qui consolidera leur indépendance. Ceux d’entre eux qui n’ont que leurs seules ambitions présidentielles comme buts de vie, s’apercevront très vite que les cataclysmes de ce genre ne se terminent qu’avec leurs cortèges de pillages, de famines, de violes, de folies, de morts et d’annihilations, quand il n’y a plus rien à conquérir, plus rien à réformer, plus rien à unifier et plus rien qui mérite encore d’être détruit. Les multinationales françaises doivent être du côté de la paix pour favoriser un milieu d’affaire qui solidifie la vie humaine au lieu d’encourager la mort et des prédations interminables.

Telles sont les réflexions que nous inspire la République de Côte d’Ivoire, et d’autres pays africains dans leur vie intérieur ainsi que leurs relations tumultueuses avec les multinationales françaises. Si Dieu existe, nous prions pour sortir de ce cheminement tragique, à un moment où toutes les voix divisent les ivoiriens dans un immense marécage où la Côte d’ivoire y a perdu son âme.

Dr. Serge-Nicolas NZI

Chercheur en communication
Lugano (Suisse)
Tel. 004179.246.53.53
Mail. nicolasnzi@bluewin.ch

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