Côte d’Ivoire – Témoignage contre Simone Gbagbo accusée de « tripatouillage en 2010 »

SImone
L’un des témoins a avoué, hier, avoir échappé à une tentative de corruption orchestrée par l’ancienne première Dame, Simone Gbagbo, qui voulait tripatouiller les résultats de la présidentielle de 2010.

Ce n’est pas encore son tour de passer à la barre. Mais l’ex-Première dame, Simone Ehivet Gbagbo, a été citée, hier, par Traoré Ibrahim, un témoin qui l’accuse d’avoir tenté de tripatouiller les résultats de la présidentielle 2010. Appelé à la barre, cet ancien responsable de sécurité des bureaux de vote à Abobo a révélé que la Dame de fer, déterminée à tout pour préserver le fauteuil de son époux lui a proposé «une enveloppe».
L’objectif, selon Ibrahim, était de permettre à plusieurs personnes qui n’étaient pas sur les listes électorales de voter. Une manière de faciliter le bourrage des urnes. C’était selon lui, le soir du 28 novembre 2010, après le second tour des élections. Il témoignait contre N’Guessan N’Guessan Venance dit «Jumeau» accusé d’avoir participé à une bande armée, d’avoir extorqué des fonds, blessé et tué des personnes. «Elle est venue me voir parce que c’est moi qui assurais la sécurité des bureaux de vote à Abobo. Je lui ai dit que j’ai empêché des jeunes LMP d’introduire une seconde liste dans les bureaux de vote. Après un tour dans tous les bureaux de vote d’Abobo, elle m’a remis, par l’intermédiaire de son aide de camp, Séka Séka, une enveloppe», explique Ibrahim. Il ajoute avoir refusé de prendre cette enveloppe parce qu’il avait juré de ne pas trahir les responsables du RDR qui l’avaient envoyé pour sécuriser les lieux de vote et assurer le transport des urnes. «Le lendemain des jeunes de LMP parmi lesquels l’accusé N’Guessan N’Guessan Venance ont saccagé mon kiosque et ma voiture.
J’ai même reçu une balle au genou qui heureusement, ne m’a pas transpercé. C’est après cet incident que je me suis retrouvé à l’hôtel du golf», poursuit-il. Malgré cela, indique le témoin, il a trouvé la force de pardonner à celui qu’il désigne comme son bourreau. Allant jusqu’à le protéger lorsqu’il décide de revenir s’installer au quartier, Abobo Avocatier, après la crise. «Il est venu me voir avec sa mère pour me demander pardon. Je lui ai dit que moi je lui avais déjà pardonné mais qu’il parte voir les parents de ses victimes et certaines de ces victimes qui sont encore en vie», ajoute Traoré Ibrahim.
D’autres témoins appelés à la barre ont enfoncé N’Guessan N’Guessan Venance. Keita Ténin l’accuse d’avoir tiré, le 26 février 2011, sur sa fille. « C’est « Jumeau » qui a
tiré et la balle a atteint ma fille qui est encore vivante grâce à Dieu », raconte Ténin. Ouattara Aboubacar indique également avoir reçu une balle.
Selon lui, c’est «Jumeau» qui en est l’auteur. « Je l’ai vu, je l’ai reconnu par ses habillements», charge Aboubacar. Sangaré Mariam lui reproche, quant à elle, de lui avoir extorqué la somme de 600.000 Fcfa avant de tuer un ressortissant malien qui dormait. Le prévenu qui reconnaît la plupart des témoins nie cependant les faits qui lui sont reprochés. Le second accusé appelé à la barre, est un Sergent de Police de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs), Mel N’Da Guy. «On vous reproche, avec d’autres camarades en armes, d’avoir fait irruption, le 10 avril 2011, dans une cour à Yopougon Académie où vous avez enlevé 7 personnes. Ces personnes sont portées disparues jusqu’à ce jour. Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?», demande le juge, Tahirou Dembélé. Et le prévenu de répondre : « Je ne reconnais pas les faits». Mais Coulibaly Inza, un témoin qui dit avoir échappé bel et bien à cet enlèvement, n’hésite pas à l’enfoncer. «Ils sont entrés dans la cour, on fait sortir tous les hommes. Ils ont pris tous nos téléphones et nous ont demandé de les suivre. Profitant d’un moment d’inattention, je me suis enfui. J’avais pu identifier Mel N’Da Guy car je le voyais déjà au quartier et il m’avait également arrêté à un barrage d’auto-défense » a-t-il soutenu. Traoré Inan, un autre témoin, confirme ces accusations. Indiquant être la sœur de quatre des personnes arrêtées et la mère d’un enfant de 13 ans qu’ils ont également amené avec eux. Après son témoignage, Inan visiblement bouleversée, s’écroule sur une chaise dans la salle d’audience. En larmes, elle sera soutenue par deux avocats qui la tiennent doucement et
l’aident à quitter la salle.

L’Expression
Par Ben Ayoub

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