Côte d’Ivoire « Laurent Gbagbo est candidat et son épouse Simone le soutient » selon Michel Gbagbo

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Par Steve Beko

Michel Gbagbo, fils ainé du président Gbagbo et Secrétaire national du FPI est très engagé en politique depuis sa sortie de prison. Au coeur de la campagne de l’ex président pour la reconquête du FPI, il répond sans détour aux questions des internautes. Nous vous proposons la première partie de cet entretien qui éclaire la lanterne de beaucoup de personnes qui se posent encore des questions légitimes.

Siicy Impératrice‪ De quoi discutiez-vous avec le président Affi dans la prison de Bouna ?

Bonjour et merci pour cette question ! Nous discutions de la vie en général et de la politique bien sur !! Le président Pascal Affi N’Guessan m’a beaucoup appris sur Laurent Gbagbo, sur lui-même, et m’a donné des conseils d’aîné. J’ai été très fier de partager ces moments d’intimité riches d’enseignements avec lui.

La position politique du président Affi vous étonne-t-elle aujourd’hui que l’épisode de Bouna est derrière vous ?

Soro Guillaume et Blé Goudé, l’un leader d’une rébellion ethnico-politique, l’autre de la Galaxie patriotique, étaient tous deux étudiants, et membres de la FESCI. Dacoury Tabley Louis André, et Laurent Gbagbo, tous deux militants du FPI dès ces origines, camarades d’enfance de surcroit, et ‘’camarades’’ de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré, se sont retrouvés l’un dans la rébellion, l’autre non. C’est dire que certains facteurs peuvent amener les acteurs politiques, même proches au départ, à emprunter par la suite des chemins divergents. C’est l’enseignement que je tire de tout cela. Parfois, ils se retrouvent dans un troisième temps. C’est le cas de Djué Eugène qui, après avoir été du FPI, puis de la ‘’résistance’’, semble maintenant rejoindre Soro Guillaume. Chacun a des principes qui le guident, qui ne sont pas tous idéologiques, comme on pourrait le croire. Et rien n’est donc jamais acquis.

Dramane Ouattara parle d’émergence à l’horizon 2020, comment voyez-vous la Côte d’Ivoire en 2020, comment l’imaginez vous? Vous qui êtes père de famille, comment imaginez vous l’avenir de vos enfants ?

Le concept d’émergence est opérationnalisable dès lors que l’on considère l’évolution positive des agrégats économiques. Son socle repose sur la croissance dont la ‘’matière première’’ est la stabilité. De ce point de vue, le maintien de cette stabilité retrouvée et de la confiance des partenaires institutionnels, devraient sans nul doute favoriser le maintien d’un niveau appréciable de croissance. Mais si l’émergence signifie autre chose que de la croissance, par exemple une amélioration des conditions de vie des populations, une maîtrise de la dette, et de la sécurité, la liberté d’association, d’opinion et d’expression, une justice indépendante, le désengagement de l’état de la vie économique au profit du privé, et de son retour à un rôle de régulateur de l’économie, une baisse du taux de chômage, un retour à la laïcité de l’Etat etc, nous en sommes très loin à mon avis. Et cette stabilité ‘’tronquée’’ pourrait être remise en question à un moment inattendu. Il y a là un manque de lisibilité qui inquiète. Le Chef de l’Etat, étranger au microcosme politique ivoirien, et souffrant d’illégitimité, veut chausser à toute vitesse les bottes d’un Houphouët Boigny, et laisser dans la mémoire collective l’image d’un grand bâtisseur. Il le fait en s’appuyant sur une dictature ethnico-religieuse inadaptée au contexte du 21 ° siècle, et par un programme économique obsolète qui manque d’imagination Rien ne prouve que les fruits de cette ‘’émergence’’ ne seront avalés par la suite par une nouvelle période d’instabilité.

Si par extraordinaire, le président Affi renonçait à sa candidature au profit de votre père, quelle lecture feriez-vous d’un tel désistement ?

C’est difficile de faire de la politique fiction, surtout lorsqu’il s’agit de sa famille politique, et que l’on est, comme moi, partisan. Je souhaite que, quelque soit la formule trouvée par nos aînés, y compris celle que vous évoquez dans votre question, elle favorise la réconciliation et l’unité à l’intérieur du Parti. Notre contradiction principale se trouve en effet, et l’on n’insistera jamais assez là-dessus, avec le pouvoir. Le FPI est un Parti souverainiste, panafricain, adepte du socialisme démocratique. Ce sont ces valeurs-là qui lui ont fait porter des projets comme l’assurance maladie universelle, l’école laïque obligatoire, la dépénalisation des délits de presse, la décentralisation, le développement des infrastructures routières et des voies de communication comme moteur de la croissance, la transformation locale des matières premières, l’intégration sous régionale etc. Et ce sont ces valeurs-là qui font se rassembler les Ivoiriens autour de nous. A nous de régler au plus vite ces dissensions, de retrouver notre cohésion autour de ces valeurs inaliénables, pour redevenir le fer de lance du souverainisme.

Yves Bin Yves‪ Bonjour Michel, penses-tu que tu étais bien placé pour te mettre au devant de la scène quant à la candidature du Président Gbagbo qui est aussi son géniteur ?

Bonjour ! Merci cher Yves pour tes pertinentes questions. Si ta question signifie qu’accompagner les Fédéraux a donné un caractère trop ‘’familial’’ à la démarche de dépôt de candidature, je pense que tu as en partie raison. C’est, hélas, une impression qui me poursuivra, du fait de ma filiation, à chaque action politique d’envergure. Et ce d’ailleurs, quelque soit le camp d’appartenance des observateurs. J’ai cependant agi en responsabilité, estimant l’acte important à ce moment-là, en lui donnant un parfum d’authenticité nécessaire, face à l’intransigeance ‘’autiste’’ manifestée par le Président Affi N’Guessan.

Es tu en contact téléphonique avec ce dernier depuis ta sortie de la prison de Bouna ?

Il y a une formule consacrée pour cela : ‘’Nous sommes en contacts réguliers et indirects’’. Je ne puis, vu le contexte, en dire plus, ni moins. Je confirme néanmoins ce qu’ont dit les avocats du Président Gbagbo, ainsi que ses porte-paroles officiels, Bernard Houdain et Justin Koné Katinan: il est bien candidat à la présidence du FPI. Il en a bien informé le Président Affi N’Guessan. Son épouse Simone Gbagbo le soutien dans cette démarche. Et le Ministre Assoa Adou a bien été nommé, par lui, Directeur National de Campagne, (DNC).

Quel était vraiment l’ambiance dans la prison de Bouna avec le Président Affi quant à la lutte ?

Nous y étions en mission, à mon avis. Nous y étions en lutte, et nous avons toujours gardé ferme la conviction de mener le bon combat. En prison, chaque moment de bonheur, chaque minute de bonne humeur est une victoire sur l’oppression. Et ces moments-là, il y en eut beaucoup. La divergence, peut-être momentanée, que l’on peut constater aujourd’hui, est apparue à la sortie de prison, et a touché toutes les structures du Parti. Elle ne doit pas faire penser que nous vivions en chiens de faïence durant la période de détention. Bien au contraire ! L’ambiance était excellente, et je ne remercierai jamais assez le Président Affi N’Guessan, et son épouse, Mme Kili, pour tout le soutien paternel et maternel qu’ils m’ont apporté.

La première dame Simone Gbagbo a t-elle effectivement apporté son soutien a la candidature du Président Gbagbo et quelle est ton appréciation quant a la sortie de crise au FPI ?

La première Dame a effectivement apporté son soutien à la démarche du Président, comme je l’ai dit plus haut. Et elle n’est pas la seule ! Douaty Alphonse, Sangaré Aboudramane, Akoun Laurent, Dédy Sery, pour n’en citer que les plus illustres, ont fait de même. Je souhaite que la sortie de crise au FPI se fasse dans le respect de nos textes, et de nos valeurs et principes. Ce sont ces fondamentaux qui ont garanti notre survie, tout au long de la lutte contre l’houphouétisme, ainsi qu’au lendemain immédiat de la guerre. Et qui garantissent dans l’opinion les éléments de notre identité politique : socialisme démocratique, souveraineté nationale, transition pacifique à la démocratie et démocratie interne. La contradiction principale de notre Parti n’est pas interne, mais externe, face au pouvoir ethnico-religieux de Monsieur Ouattara. Il nous faut retrouver la cohésion pour rassembler de nouveau les Ivoiriens autour de notre projet politique.

Akichi Akichi Arsene‪ Bonjour M. Michel Gbagbo; de par votre mère, vous êtes Français alors qu’est ce qui a motivé le choix de faire votre parcours scolaire et universitaire presqu’entièrement en Côte d’Ivoire pendant que beaucoup de jeunes Africains cherchent des lettres d’hébergement pour se retrouver en France ?

Bonjour Monsieur Akichi Akichi Arsène. Merci de cette question que beaucoup me posent. Vous savez, la plupart de ces ‘’jeunes’’ dont vous parlez ne sont pas Français, n’ont pas de travail, et parfois pas de diplômes. Issus de milieux défavorisés du Sud, ils se trouvent contraints d’émigrer, parfois dans des conditions illégales, pour espérer un mieux-être. Tant que les pays africains n’offriront pas de réelles opportunités de travail, ce phénomène perdurera à mon avis. Et la guerre que nous avons connue, en Côte d’Ivoire, n’est pas faite pour arranger les choses. C’est bien pourquoi le Président Gbagbo insistait sur une meilleure gestion de la chose publique, une meilleure maîtrise des flux migratoires, une rationalisation de la politique de gestion foncière et une politique industrielle ambitieuse, comme outils capables d’offrir, à terme, de l’emploi aux jeunes Ivoiriens arrivants sur le marché du travail. Je suis resté en Côte d’Ivoire pour accompagner ce mouvement, ce renouveau, indispensable à la survie de la Nation.

Chris Erin‪ Quels sont vos actuels rapports avec Mr Pascal Affi N’Guessan étant donné les injures et calomnies déversées sur votre famille et surtout sur vos parents par son équipe et lui-même. Certains accusent Pascal AFFI N’guessan de mauvaise foi dans le traitement de l’affaire de la candidature du Pr Gbagbo, qu’en pensez vous ?

Bonsoir Monsieur Caris Evin, merci pour cette question. Effectivement, vu l’étroitesse de nos relations en détention, on peut légitimement, aujourd’hui, s’interroger sur la qualité des relations qui lient le Président Affi à ma personne. Le Président Affi reste mon ‘’père’’, par l’âge, les responsabilités qui sont les siennes, et l’affection qu’il m’a témoigné. Cela ne change pas, et je ne souhaite d’ailleurs pas que cela change. Rien ne viendra, pour moi, jamais effacer ce lien. Maintenant, une fois la divergence d’opinion consommée, il est clair que certains éléments de langage, propres à la vie politique, viennent parfois ternir ce lien. Dans le camp des pro-Gbagbo, certains propos tenus à l’encontre du Président Affi, ou de ses mandants, se sont également voulus blessants. Pour ma part, je reste persuadé que la possibilité d’un retour à l’unité, si elle existe, doit nous faire surmonter ces dérapages, d’où qu’ils viennent, et que nous devons offrir à la jeunesse l’envie de faire de la politique plutôt que de nous offrir en ridicules. Le FPI est un puissant instrument de combat pour les libertés, et il nous appartient tous de le sauvegarder.

Bénis De Dieu Akoun‪ Bonjour camarade Michel Gbagbo, dans une interview Gossio disait que vous vouliez détruire le Fpi que pensez vous de cette déclaration ?

‪ Bonsoir Camarade Akoun, et merci de m’interroger là-dessus. Je prends cette déclaration avec réserve, car les quotidiens ivoiriens ne rendent pas toujours fidèlement compte des déclarations publiques des personnalités locales. Si cette déclaration émane bien de ce Monsieur, cela montre qu’il semble peu connaitre la ‘’machine’’ du Parti, puisqu’il m’y prête une importance peut-être démesurée. Surtout, cela signifierait, en principe, que ceux qui soutiennent la candidature du Président Laurent Gbagbo à la tête du FPI, et que le Président Laurent Gbagbo lui-même, en étant candidat, voudraient ‘’détruire’’ le Parti. Que signifie alors ‘’détruire’’ ? Que si Laurent Gbagbo est élu Président, Monsieur Marcel Gossio irait rejoindre une autre formation politique ? Personnellement, je ne crois pas que si Monsieur Gossio ne milite pas au FPI, ce Parti disparaisse de la scène politique ivoirienne. En tout état de cause, c’est une question d’appréciation qui ne pourra être tranchée qu’au Congrès, par des élections. La base appréciera.

Certains proches d’Affi disent que vous êtes manipulé par Nady Bamba. Que pensez-vous également de ça ?

‪ Honnêtement, je ne comprends pas la logique de cet argumentaire. Je suis par exemple heureux de prendre le pont Henri Konan Bedié, qui me fait gagner du temps, même si j’émets des réserves sur le trajet qu’il emprunte. Suis-je pour autant ‘’manipulé’’ par Henri Konan Bédié ? J’ai fêté la qualification des Eléphants en demi-finale, suis-je alors ‘’manipulé’’ par Yaya Touré, leur Capitaine ? J’ai été en prison avec le Président Pascal Affi N’Guessan, que je continue de respecter malgré nos divergences, suis-je pour cela ‘manipulé’’ par Affi N’Guessan ? Mme Kili es ma ‘’mère’’, et le Ministre Alcide Djédjé mon oncle ; suis-je donc ‘‘manipulé’’ par eux ? Non, je ne comprends décidément pas bien cette argumentation. Il faudrait peut-être m’en dire plus sur cette déclaration pour que ma réponse soit plus explicite. Ou demander à ces ‘’proches d’Affi’’, comme vous les nommez, de préciser leur pensée, d’énoncer des faits. Pour ma part, tous ceux qui travaillent à remettre le Parti, notre instrument de combat, sur les railles, entre les mains du Président Laurent Gbagbo, sont les bienvenus.

Quelle est la véritable position du président Gbagbo Laurent face à l’appel de Mama ?

‪ Le Président Laurent Gbagbo est dans une posture de combat. Il a adoubé l’appel de Mama. Il a besoin de reprendre le contrôle du Parti pour mener à bien ses missions. Sa candidature se fait dans un esprit de rassemblement afin que nous retrouvions notre unité et notre combattivité. Il ne s’agit pas d’une candidature contre Affi, ou tout autre, mais pour un FPI plus fort. Ce faisant, le FPI et Laurent Gbagbo reviennent au centre du débat politique.

Ne pensez-vous pas qu’AFFI n’a pas pardonné au président Gbagbo Laurent dans ‘’l’affaire Kili’’ et qu’il veut faire payer ce dernier ?

Cette question est très spéculative. Il est difficile de deviner les motifs affectifs qui se dissimuleraient derrière les actes posés par un acteur politique de premier plan. Certainement que, dérouté par les choix opérés par le Président du FPI, vous en arrivez à chercher toutes sortes d’explications, peut-être justes, peut-être fausses. Et il y‘en a certainement d’autres de plausibles. Pour ma part, je m’en tiens, sauf déclaration contraire de l’intéressé, au constat d’une divergence profonde au plan idéologique : le respect de la démocratie interne, le principe de souveraineté, l’importance accordée à la libération du Président Laurent Gbagbo, la collégialité, le combat pour le respect de la liberté d’opinion et d’expression, l’importance accordée au socialisme démocratique, constituent, entre autres, des éléments de cette divergence. Les raisons affectives qui pousseraient éventuellement le Président Affi à vouloir se ‘’venger’ du Président Laurent Gbagbo me restent étrangères, et ne rentrent pas en ligne de compte dans mes choix.

Ladjadja Yaosêh‪ Bonjour camarade Michel je voudrais savoir vous jadis distant et réservé décidé depuis le 11 avril de militer ouvertement au FPI ? Pourtant votre parcours scolaire vous donne une meilleure intégration dans la société…N’êtes vous pas en train de tomber dans le cercle infernal des fils de président qui succèdent à leur père quand celui ci n’est plus ?

Bonsoir Camarade !! J’apprécie beaucoup cette question qui semble émaner d’une personne sincère dans ses dires. Historiquement, la médiatisation de ma personne est partie de mon enfermement. Dès lors, et de fil en aiguille, l’injustice que j’ai subi, du simple fait de mon patronyme, et qui éclaire sur la barbarie ethnicisée de ce régime, m’ont valu une petite renommée. Je dois te dire cependant qu’être, de temps à autre, exposé dans les médias, n’empêche pas l’intégration professionnelle. Je vis de mon métier d’enseignant, et je me flatte de n’avoir pas utilisé ma position d’alors, celle de ‘’fils de Président’’, pour m’enrichir indument au détriment de la population ivoirienne. Enfin, je peux te rassurer sur un point ; j’ai déclaré il y a quelques mois à Jeune Afrique que nous ne sommes pas dans un Royaume pour qu’un fils succède à son père. Pour autant, je ne peux commenter ce qui se passe dans d’autres pays sur ce point, car, chaque nation est souveraine. Merci pour cette question, Ladjadja Yaossêh. Et sache que la personne de ma génération digne de diriger un jour la Côte d’Ivoire s’appelle, d’après moi, Charles Blé Goudé.

Diekouadio Joel‪ Salut cher Frère ! Quelle analyse psychologique fais tu vis a vis d’un Affi N’guessan bavard et de ses agissements au sein du FPI ? Je te demande simplement de joindre ta profession à la politique et faire une analyse pour éclairer la lanterne des néophytes que nous sommes dans le fond de cette crise.

Bonsoir cher Frère. Le respect dû à la vie privée du Président de mon Parti, le Camarade Pascal Affi N’Guessan, avec lequel j‘ai passé des années de prison, m’interdisent, en tant que membre de la Direction du Parti, de me prêter à pareil exercice. Surtout en ces moments difficiles. Je voudrais que tu retiennes l’importance des divergences idéologiques comme base de la crise interne du Parti. Il est inutile, selon moi, que nous nous lancions, publiquement de surcroit, dans des déclarations et des actes à même d’aggraver le malaise interne. Il s’agit de surmonter tout cela pour nous préoccuper de nos contradictions principales qui portent, rappelons-le, sur notre légitime opposition au régime installé à Abidjan. Si le comportement du Président Affi te déroute, ce que je comprends, soutien-nous sans faille pour que nous redonnions au Président Laurent Gbagbo son instrument de combat.

A SUIVRE…

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