Le débat sur le vainqueur de 2010 refait surface au procès de Mme Gbagbo (Papier d’angle)

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Par Serge Alain Koffi

A six mois de la présidentielle de 2015, les partisans de Laurent Gbagbo peinent à solder le débat sur le vainqueur du précédent scrutin controversé de 2010, qui a encore refait surface à l’occasion du procès aux assises de 82 proches de l’ancien chef d’Etat dont son épouse Simone Gbagbo.

Alassane Ouattara a beau être investi président de Côte d’Ivoire en mai 2011 et en passe dans quelques mois de se succéder à lui-même mais certains proches et partisans de son prédécesseur Laurent Gbagbo n’en ont cure.

Pour eux, leur « champion » demeure, le seul et vrai vainqueur de la présidentielle de 2010 qui a porté M. Ouattara au pouvoir. Pendant longtemps après la chute et l’arrestation de M. Gbagbo en avril 2011, des responsables de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), ont continué de défendre cette position avant de l’abandonner peu à peu, au nom de la realpolitik.

Mais le débat que des observateurs croyaient s’être estompé, a grandement refait surface depuis l’ouverture fin décembre du procès aux assises de Simone Gbagbo et 82 autres personnes, accusées d’atteinte à la sûreté de l’Etat.

Ces personnalités et sympathisants sont poursuivis pour leur implication présumée dans les violences qui ont suivi la présidentielle de 2010 à l’issue de laquelle, la Commission électorale indépendante (CEI), en charge de l’organisation du scrutin, avait donné M. Ouattara vainqueur contre le chef de l’Etat sortant Laurent Gbagbo, déclaré quant à lui élu par le Conseil constitutionnel.

Le contentieux électoral qui s’en est suivi a débouché sur un conflit armée entre forces pro-Ouattara et pro-Gbagbo, a duré plus de quatre mois et fait un bilan officiel de plus de 3.000 morts.

Laurent Gbagbo a été arrêté par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) qui se battaient au profit d’Alassane Ouattara, appuyées par des forces françaises et des Casques bleus de la mission des Nations unies dans le pays.

A la barre le 23 février, l’ex-Première dame Simone Gbagbo n’a pas dérogé à la règle pour sa première intervention publique depuis son arrestation en même temps que son époux en avril 2011.

Laurent Gbagbo est « le vainqueur des élections de 2010 », lâche-t-elle avec conviction à la barre, sous le feu roulant des questions de l’accusation.

Ouattara « n’a pas gagné les élections », a-t-elle insisté, invitant à ne « pas déformer l’histoire » de la Côte d’Ivoire.

Dans sa plaidoirie, Me Jean-Serge Gbougnon, l’un des avocats de la défense, a tenté lui également de poser le débat comme l’écheveau à dénouer pour la quête de la vérité.

“Qui a gagné les élections ? Il faut d’abord trouver une réponse en droit à cette question’’, a-t-il déclaré à la barre.

Ces proches de M. Gbagbo dont plusieurs de ses ex-collaborateurs, sont poursuivis pour des faits d’ « atteinte à la défense nationale, attentat ou complot contre l’autorité de l’Etat, constitution de bandes armées, direction ou participation à un mouvement insurrectionnel, trouble à l’ordre public » ou encore « rébellion », regroupés sous la principale infraction d’atteinte à la sureté de l’Etat.

Pour certains, la justice ivoirienne leur reproche d’avoir continué à se mettre à la disposition de Laurent Gbagbo en travaillant à ses côtés “malgré sa défaite’’ à l’élection.

Entre décembre 2010 et avril 2011, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo avaient chacun de son côté, formé un gouvernement.

“Le pouvoir de Ouattara était inexistant parce qu’il n’était pas conforme au Droit et à la constitution’’, a soutenu Me Félix Bobré, un autre avocat de la défense, estimant que “c’est Laurent Gbagbo et son gouvernement qui incarnaient l’Etat de Côte d’Ivoire’’ pendant cette période.

SKO

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