Côte-d’Ivoire à Koné Mamadou « Allez-vous faire basculer ce pays dans un nouveau bain de sang? » (lettre ouverte)

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Par Bécan Tiékpa Alice-Rosine
Objet: pitié

Monsieur,

Pitié, je vous adresse ce courrier pour implorer votre pitié en faveur de la Côte d’Ivoire, notre chère patrie et son fier peuple. A environ quatre mois de l’élection présidentielle d’octobre 2015, de mauvais pressentiments m’envahissent et m’assujettissent à une peur des plus grandes de ma vie. Ceux-ci se sont manifestés en moi, en son temps, et ont été matérialisés par la triste période du 19 septembre 2002 à mai 2011. Selon ce que laisse voir votre Curriculum Vitae, vous êtes un magistrat de haut vol qui a subi avec brio ses contenus de programmes tant scolaires qu’universitaires. Et, qui a aussi fait ses armes au plan professionnel avec honnêteté et rigueur. Un tel profil ne peut qu’être sujet de fierté pour moi. En effet, le produit de nos entrailles (gent féminine) d’une telle qualité est une source de gloire en même temps qu’il magnifie la procréation.

Votre rôle dans la rébellion

Pitié, cependant monsieur Koné Mamadou, au lieu d’être un homme capable d’en surgir, selon votre propre volonté, vous vous êtes abandonné, passivement, à l’enchainement des causes et des effets dans la triste période que j’ai indiquée plus haut. Pour mémoire, votre mentor vous a affecté auprès de la rébellion qui ne comprenait que des alphabétisés, sans plus. Vous y êtes allé jouer les administrateurs éclairés afin de faire aboutir le projet de déstabilisation de notre beau pays. Ce projet fut pensé et conçu par votre mentor. Une fois après Linas Marcoussis et que des postes ministériels ont été offerts à votre confrérie, c’est vous qui aviez assuré la présidence de la rébellion à Bouaké. Ce jeu de rôle sanguinaire a couvert, monsieur Koné Mamadou, votre brillant profil d’une chape déshonorante qui inspire plus le dégoût que l’admiration. Haut intellectuel que vous êtes, vous savez qu’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau. Par votre participation à cette vilénie bouchère, vous aviez mis votre lampe allumée sous le boisseau et étouffé son rayonnement.

Les causes et effets de la rébellion

Pitié, la rébellion selon son commanditaire et ses exécutants, s’est justifiée par ‘’l’ivoirité’’. Un concept culturel dont pourtant son auteur et à la fois sa première victime, le président Bédié, s’est égosillé à expliquer le contenu de façon rationnelle et éloquente. Mais, déterminés que vous étiez à parvenir à vos lugubres fins, vous aviez trouvé à ce concept une connotation défiant toute bienséance. En cœur, votre mentor et sa caste ont trouvé que ce concept intégrateur excluait plutôt les Ivoiriens et les exposait au délit de faciès. Faut-il le croire ? Non d’emblée. Car, aucun de nos frères et sœurs du Nord de notre pays ne s’est jamais senti concerné par un tel babil. Les Ivoiriens du Centre, du Sud et de l’Est arborent un fier sourire quand on les appelle des Ghanéens. Ceux de l’Ouest exultent quand on les assimile à des Libériens, Sierre-léonais ou Guinéens. A preuve, je cite le président Laurent Gbagbo lors d’une tournée à Toulepleu : « c’est par une erreur cartographique que vous êtes des Ivoiriens sinon, vous êtes des Libériens », s’est-il adressé ainsi à ses compatriotes Guérés, sans que le ciel fonde sur la tête de la Côte d’Ivoire. De quoi retourne donc cette sonorité xénophobe qu’on prête à l’Ivoirité dont seraient frappés nos parents du Nord de la Côte d’Ivoire ? Peut-être certains d’entre nous seraient-ils des ressortissants de l’Outre-Nord de la Côte d’Ivoire ? Tout bien considéré, les effets produits par cette démagogie politique ont été les tueries du front républicain, le coup d’Etat militaire et ses morts, les tueries d’après élection présidentielle de 2000, la chienlit de 2000-2002 et ses avatars de barriques de sang humain et charniers, la rébellion et ses tueries de 2002, la division du pays en deux avec ses tueries à l’Ouest et au Centre du pays, la guerre postélectorale de 2010 à 2011 et l’avènement au pouvoir de la Rébellion-RDR. Durant toute cette gouvernance clair-obscur mêlée de grincements de dents et de recul démocratique, les enlèvements, les tueries, les embastillements d’opposants et de la société civile, la confiscation des média, le déni de justice et de démocratie, le verrouillage du processus et de l’appareil électoral, la confection d’une majorité présidentielle aux forceps et alambiqué, les détournements de deniers publics qui n’épargnent même pas l’Agence principale de la BCEAO d’Abidjan, la politique de rattrapage, la déportation d’adversaires politiques à la CPI, les nombreux refugiés politiques et civils assortis de la mort de certains d’entre eux, l’exclusion et la gravissime division des Ivoiriens, le phénomène des microbes, les supplétifs lourdement armés qui pavoisent et briment les populations à travers tout le pays,…

Les échos épouvantables qui inondent le pays

Pitié, l’écho nous parvient que le 4ème bataillon de Korhogo est devenu une poudrière où viennent s’approvisionner, en matériels de guerre, les Jihadistes et le Boko Haram. Ceux-ci ont déjà frappé les villes Sikasso et Fakola au Mali, à la frontière ivoirienne. Pitié, l’écho nous parvient également que des mercenaires recrutés au sein des bandes (antibalakas) issues du conflit entre François Bozizé et Michel Dotodia, en République Centrafricaine, auraient leurs expertises criminelles sollicitées et seraient cantonnés dans ce-dit bataillon et distillés progressivement vers le Sud du pays. Pitié, ceux-ci seraient visibles sur les aires champêtres comme manœuvres agricoles, dans les sociétés de gardiennage,… Pitié, dès que le signal sera donné en cas de contestation de la candidature de votre mentor, ils sortiront de toutes parts comme des tigres blessés pour tuer encore les enfants de ce beau pays. Pitié, pourquoi le roi Mohamed VI du Maroc est-il si fréquent en Côte d’Ivoire ? Que transportent les trois avions qui l’accompagnent chaque fois ? Pitié, l’écho nous parvient que ces cargos aériens de roi transporteraient des matériels de guerre à son ami, votre mentor, ainsi pour contourner l’embargo sur les armes imposé à la Côte d’Ivoire. Pitié, le vieux baoulé des Nambê de Daoukro à la rancune irréductible Bédié, ayant mesuré le danger, vient de prendre, sans reste, la clef des champs avec épouse et 50 gros bagages pour une durée indéterminée à la Rue Beethoven à Paris. Il sauve sa peau et laisse derrière lui, un appel de Daoukro sur le débarcadère des rebuts, des suiveurs embués de rosée orpheline au carrefour des wagons de bétail électoral (qui suivre se demandent-ils ?) Un Maurice Guikahué devenu aphone avec les yeux glauques de trahison, des militants abandonnés à leurs tristes illusions. Le frangin ne connait pas N’Zuéba, il va connaitre N’Zuékpli pian se dit le vieux N’Zuéba ! Pitié, il serait bon monsieur Koné Mamadou, de prendre pitié et de vérifier ces informations d’extrême gravité pour rassurer les populations ivoiriennes qui ne demandent que la paix.

La cuvette de votre vengeance n’est-elle pas encore pleine ?

Pitié, au fond, la guerre que vous avez faite était-elle pour venger l’exclusion d’élection de votre mentor vraiment ? Si tel était le cas, pitié, sa cuvette de vengeance n’est-elle pas encore pleine ? Qu’attendez-vous de la part des autres Ivoiriens, les plus nombreux, qui durant toute cette période de votre gouvernance ont subi la pire des atrocités et continuent de moisir dans des prisons étouffantes ? Ces Ivoiriens à qui on a retiré les postes et forcés à demeurer dans l’indigence, ceux qui ont leurs comptes gelés, ceux qui n’ont pas accès aux concours et j’en oublie, doivent-ils brûler ce pays cher à leur être tout entier ? Pitié…

Le choix cornélien

Pitié monsieur Koné Mamadou, l’article 35 de notre loi fondamentale rend inéligible votre mentor et cela, sans aucun autre recours que l’organisation d’un référendum constitutionnel. Cela a été le principal écueil et la pomme de discorde entre le Professeur Romain-Francis Vangah Wodié, alors président du Conseil constitutionnel, et le chef suprême de la magistrature, votre mentor. Le Maître Wodié, raide dans sa tenue comme le Droit, la démarche allègre qui défie les plis et replis des genoux, la tête haute et la poitrine bombée a exercé le Principe d’Ingratitude vis-à-vis du chef. Dans sa verve aux mots acérés, le Maître Wodié a prononcé un NON cinglant contre la manipulation de l’article 35. Une manipulation réclamée par votre mentor en vue de faire droit à son imposture. Quand un homme refuse, il dit NON et le Grand Wodié l’a dit dans les oreilles de qui ne voulait pas l’entendre ! Pitié monsieur Koné Mamadou, après plusieurs ablutions de ses oreilles qui venaient d’entendre le ‘’NON-souillure’’ d’une bouche hostile sur l’article 35, votre mentor vous a mis à la place du Maître Wodié. Naturellement, ses oreilles ablutionnées de l’eau sainte et redevenues toutes vierges, veulent entendre le ‘’OUI-sacré’’ qui lui ouvre droit à tous les jeux équestres de par l’article 35. Pitié monsieur Koné Mamadou, l’horloge tourne à grands clics-clacs vers l’échéance électorale de la présidentielle 2015. Votre sécurité rapprochée est actuellement renforcée à l’échelle d’un bataillon équipé d’armes lourdes. Vous comprenez pourquoi ! Et, cela vous met en situation d’un homme qui doit sauver son canari de fétiches contre le serpent au venin mortel qui s’y est posé dans sa chambre. Pitié monsieur Koné Mamadou, le passé récent (le cas Paul Yao N’Dré en 2010) sonne dans votre tête, le grand peuple ivoirien, apeuré et tétanisé par votre décision à prendre est suspendu à vos lèvres. Le monde entier a rivé son regard inquisiteur sur vous. Les nombreux morts de votre chaos, déclenché de 2002 à aujourd’hui, grondent sourdement sous la terre épaisse devenue leur gît éternel, leur sang et leurs esprits réclament justice. Tout Boundiali regarde son fils. C’est le moment du choix douloureux. Pitié monsieur Koné Mamadou, pour une seule personne, voulez-vous encore faire basculer ce grand peuple dans un bain de sang en refusant de dire le droit ? Lisez l’effroi sur les visages, en nids de rides, des vieillards qui ne peuvent plus faire usage de leurs jambes. Ecoutez les bruits de peur de nos boyaux, nous les femmes porteuses de vie. Sentez au toucher, les convulsions fœtales qui demandent leurs termes afin de découvrir la vie. Entendez les supplications des veuves et orphelins de guerre qui redoutent de perdre encore des leurs. Ecoutez les gémissements de supplication des femmes en travail pour l’accomplissement d’une des volontés cardinales de Dieu (donner la vie). Regardez dans le regard vide d’espérances des petits enfants de ce pays, en âge maternel, si innocents qui implorent votre cœur humain. Regardez votre épouse, ma sœur Colette KONE qui a pour métier l’assistance sociale en direction de l’éducation des tout-petits. Projetez-vous dans vos chers enfants et petits enfants dont vous êtes fier. Pitié monsieur Koné Mamadou, voulez-vous coller à votre famille, à votre postérité et à votre région la funeste estampille du magistrat qui a tordu le cou du droit et qui, de ce fait, a fait basculer la Côte d’Ivoire dans un pogrom sur des flots bruyants de sang humain et animal mêlé pour un seul individu ? Un individu que les Ivoiriens ont accueilli par crainte du vieux, Félix Houphouët-Boigny, mais qui n’a pas su se faire intégrer dans le tissu social ivoirien, pourtant très hospitalier ! Un individu qui, par ses pratiques barbares, violentes et tyranniques, a réussi l’exploit de ne partager avec les Ivoiriens qu’une détestation réciproque. Il ne peut réconcilier ce pays qu’il a haineusement balafré, votre mentor. Pitié monsieur Koné Mamadou, Pitié monsieur Koné Mamadou, Pitié encore monsieur Koné Mamadou,… C’est le moment du choix pour le rachat de votre conscience redevable envers l’humanité, pour la lessive de votre image de haut magistrat ternie par une épaisse pellicule de sang humain, pour votre entrée glorieuse dans la nouvelle histoire de ce pays-notre qui s’ouvre ; dites le droit pour guérir la Côte d’Ivoire et Dieu Tout puissant vous le rendra. Supplications de femme, j’aurais fait ma part…

Bécan Tiékpa Alice-Rosine

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