Du Burundi à la Côte-d’Ivoire leçons d’un scrutin présidentiel à pas forcé

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Par Connectionivoirienne.net

Au grand « dam de la communauté internationale », avec les opinions mitigées de ses pairs africains, contre l’avis d’une partie de sa population y compris la classe politique burundaise, Pierre Nkuruziza, l’enfant terrible de Bujumbura a organisé ses élections présidentielles. Sans opposition, il est convaincu de se succéder à lui-même et caressera ainsi le rêve longtemps nourri d’un troisième mandat. Un troisième mandat ! Oui il fallait au leader des Cndd-Fdd un mandat de plus pour achever ses projets et accomplir ainsi son destin d’évangéliste, le seul qu’il faut à ce petit pays pour sa bonne marche.

Nkuruziza a entendu vociférer les nations les plus puissantes lui faisant des injonctions de se limiter à ses deux mandats conformément aux accords d’Arusha. Comme un dinosaure, il est resté zen, sourd à toute interpellation, donnant même du fil à retordre et de l’insomnie à ses voisins qui accueillaient déjà des flots de réfugiés. Nkuruziza voulait sa présidentielle et il l’a obtenue. N’en déplaise à ses détracteurs.

La démocratie bafouée, les droits de l’homme piétinés, la liberté de la presse complètement anéantie, jamais la communauté internationale n’a empêché l’élection tout comme elle n’empêchera pas l’investiture prochaine de l’ancien chef rebelle. On entend déjà çà et là des condamnations ou des dénonciations d’un scrutin non crédible. Ça, c’est pour le principe. Passé le temps de l’émotion et en fonction des intérêts du moment, elle reprendra bien sa coopération et son aide au Burundi selon le principe qu’un pays n’a pas d’amis mais des intérêts. La seule hypothèse qui puisse faire vraiment bouger les lignes, ce sera la détermination de l’opposition à porter l’estocade dans le camp Nkuruziza. Ce qui est peu probable tant la répression est féroce et l’armée soudée dans sa majorité autour de son champion.

En Côte d’Ivoire l’on se prépare à une élection présidentielle en octobre prochain. Les conditions de son organisation sont plus délétères que jamais.

Un recensement bâclé, une loi électorale sur mesure, un président de l’organe en charge de l’élection contesté par une partie de l’opposition, une commission électorale contrôlée majoritairement par le pouvoir et ses démembrements, un financement qui tarde à être bouclé, une télévision nationale monopolisée par le camp présidentiel.

Ceci n’émeut guère la même communauté internationale qui ferme les yeux là-dessus parce qu’il s’agit de la Côte d’Ivoire et parce qu’il s’agit d’un homme docile comme Alassane Ouattara. Pour son intransigeance à défendre la souveraineté de son pays (même s’il le fait maladroitement), Pierre Nkuruziza est dans l’œil du cyclone. Alassane Ouattara peut, lui, courir allègrement vers un deuxième mandat sans la moindre interpellation sur l’environnement malsain autour des élections ivoiriennes.

Pourtant avant même 2010, cette communauté internationale, exerçait une pression tout azimut sur l’ancien régime pour organiser des élections après maints reports. En dépit d’un désarmement non réalisé, donc entachant la crédibilité du vote, l’élection a eu lieu en octobre puis en novembre 2010. On connaît la suite : trois mille morts officiels après la descente des forces nouvelles sur le sud ivoirien contre les pro-Gbagbo et l’intervention des forces de la coalition franco-onusienne sous le prétexte de la sauvegarde de la démocratie.

La même démocratie bafouée au Burundi, un bilan macabre de 80 morts selon certaines sources, on attend la réaction de la communauté internationale. Nous craignons qu’elle ne soit insipide.

SD à Abidjan

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