Côte-d’Ivoire affaire National Democratic Institut « Affi iz no goud »

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Par Essy Amara, dans son interview donnée le 7 octobre au soir à France 24, après le rassemblement place Ficgayo, nous apprenons que Ouattara a prévenu les candidats à la présidentielle de la signature au registre de la Bonne Conduite la veille au soir pour le lendemain, alors que le rendez-vous des populations à la place Ficgayo était prévu depuis plusieurs jours et l’autorisation donnée. Charles Konan Banny, candidat au titre du CNC, parle aussi d’une rencontre voulue par Ouattara la veille du 7, probablement « un piège « comme il le dit lui-même.

Tout cela est voulu, et l’on n’imagine pas la représentante du National Democratic Institut, à l’origine de cette cérémonie de signatures si médiatisée, avoir été prévenue la veille pour une cérémonie fixée au lendemain. Rappelons que cette ONG financée par le gouvernement des États Unis «encourage la mise sur pied d’institutions démocratiques, et la participation des communautés au processus démocratique ». Bref on l’a compris, elle est gérée par des gens « très bien », certainement humanistes à souhait, qui savent pleurer sur un petit migrant mort noyé et échoué sur une plage, mais, aux ordres d’humanistes encore plus impavides, ferment pudiquement les yeux sur la réalité massive de dégâts collatéraux – les flux migratoires et les tragédies qui en résultent – provoqués à dessein pour mieux imposer au monde entier l’“ingérence humanitaire” tous azimuts que l’on sait.

Que faut-il penser de cet imbroglio ? Affi, qui désirait se rapprocher du CNC sans passer par la case Sangaré, n’a pas hésité, lui; et le 7 au matin, il a su où il fallait se rendre.

Franchement, le spectacle de la politique ivoirienne est à pleurer. Parfaite illustration de l’adage biblique « les premiers seront les derniers », nous assistons à une déculottée de celui qui aurait pu porter haut et fort les couleurs de la résistance ! Mais face à un Ouattara qui continue via ses boys à pérorer sur le thème de son inévitable victoire, quel honneur y a-t-il à multiplier les courbettes devant « sa Majesté de la Communauté internationale » ? Si Affi croit dur comme fer que “le jour de gloire est arrivé” – le sien bien évidemment –, c’est son droit. Reste à savoir comment, et à quel prix… Sur l’orbite où il a choisi de positionner sa carrière, son avenir est tout tracé : c’est dans la litière occidentale, appelée aussi pré-carré français, qu’il remplacera le pitbull précédent, dressé par ses maîtres à semer la terreur, sous les traits d’un chien moins effrayant du style « coucouche panier, papattes en rond » L’animal en question sera moins violent, genre pékinois de ces dames, chien de salon qui aboie fort mais dont les morsures ne seront pas bien méchantes et ne distrairont guère les patrons, ceux qui, quoi qu’il advienne, prendront toutes les décisions en son nom.

Qu’il sache seulement que dans de telles conditions, l’avenir flamboyant de la Côte d’Ivoire sous sa houlette ne dépassera pas la taille sa couche et le diamètre de son écuelle dans l’antichambre des maîtres, élargis au cercle de quelques sorties à l’extérieur pour démontrer à quel point tout est rose et parfait dans une Côte d’Ivoire à la croissance phénoménale. Mais comment oublier le boulet et les chaînes de la dette faramineuse dont Ouattara a ferré les Ivoiriens ? Les beaux discours généreux d’Affi n’empêcheront pas les banquiers de réclamer leur dû, et cette démocratie tant chantée par Affi ne tardera pas à se muer en bagne; Affi est bien entré en soumission, il est rentré dans les ordres… des autres; bien calé, avec quelques os à moelle, il ne pourra que poursuivre la politique d’allégeance au grand capital menée par son prédécesseur. Et sa filiation avec Laurent Gbagbo – hautement revendiquée par ses suiveurs – se fera de plus en plus ténue, incertaine, prêtant chaque jour un peu plus à sourire, si ce n’est à rire…

Finalement, tous ceux qui auront visité LG à la Haye auront recueilli de sa bouche même l’histoire véritable de la fameuse lettre de candidature à la tête du FPI et de sa certification par un notaire néerlandais. Il n’est qu’un seul homme pour s’entêter encore et affirme qu’il s’agit d’un faux… Tout le monde connaîtra tôt ou tard la vérité, la volonté du Chef, mais en attendant, le vizir, qui brûle du désir de devenir calife à la place du calife, se console aujourd’hui en remettant à après-demain la libération de celui qu’il n’a pas visité hier et compte bien remplacer demain.

Shlomit Abel, 9 octobre 2015

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