Côte d’Ivoire Yaya Touré: faux panafricaniste et vrai tribaliste

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Il a traité la CAF de tous les noms, voué ses dirigeants aux gémonies, trouvé l’Afrique désespérante. Il ne lui restait plus qu’à prendre les armes contre l’institution dirigée par Issa Hayatou ou à demander à la France, pays que lui et les siens vénèrent tant, de larguer des bombes sur le nouvel élu et son pays, de fermer les banques françaises opérant à Libreville, Port-Gentil et ailleurs ou de décréter un embargo sur les médicaments à destination du Gabon. Car, dans leur monde et conformément à leur fameuse charte, c’est par la force et la violence qu’ils règlent les problèmes d’injustice.

Avant lui, l’associé de Bassolé, qui prêche aujourd’hui l’humilité en politique (car rien n’est définitivement acquis ou perdu sur cette terre) tout en continuant à qualifier de grossier montage ses conversations téléphoniques diaboliques, avait expliqué avoir attaqué son propre pays pour réparer une injustice faite aux siens. Pour lui, Boga Doudou, Marcellin Yacé, les danseuses d’Adjanou, les 60 gendarmes de Bouaké avec leurs familles et 300 autres Ivoiriens méritaient d’être assassinés dans la nuit du 19 septembre 2002 parce que des policiers sudistes avaient osé lui demander ses papiers, parce que, d’après lui, les Nordistes étaient méprisés, ostracisés et persécutés par les Sudistes alors que tout le monde sait que les gens du Nord sont nombreux au Sud et que peu de sudistes vivent chez eux. Bref, celui qui, sans les armes, ne serait jamais là où il est aujourd’hui disait aussi être devenu rebelle pour faire triompher le vivre-ensemble, slogan cher au RDR mais dont la vraie signification est: vivre chez les autres sans eux. Hayatou a mis sa vie en danger pour avoir refusé cette année le ballon d’or africain à Yaya. Il urge de le protéger car on ne sait jamais avec ces gens-là qui ont une aversion de la contradiction et ne connaissent qu’une chose: éliminer physiquement celui qui leur paraît gênant ou ne partage pas leur point de vue. Nous savons en effet comment IB et Tagro ont fini. Nous savons aussi qu’une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de la tête de Chérif Sy et Salif Diallo aussi longtemps que la justice burkinabè ne mettra pas la main sur celui qui a décidé de s’occuper d’eux. Il convient de veiller sur la sécurité du Camerounais Hayatou car il n’est pas impossible que Yaya lui fasse payer le crime qu’il vient de commettre: préférer un petit Gabonais à un fils de ce Nord qui abhorre l’injustice et l’ivoirité, qui pense que tout lui est dû et ne se sent ivoirien que quand il a et le pouvoir et l’argent et les honneurs. Ceux qui se demandaient pourquoi Drogba ne voulait pas rejoindre les Éléphants pour les joutes de la dernière Coupe d’Afrique des Nations ont enfin une réponse: Yaya avait rendu irrespirable l’atmosphère au sein des pachydermes en voulant humilier et écarter, par tous les moyens, le Bhété Didier Drogba. Pour lui, le pays étant dirigé par le Nord depuis le 11 avril 2011, il était normal que le capitaine de l’équipe nationale vienne de ce Nord, que lui croisse et que Drogba diminue. À mon avis, la Côte d’Ivoire avait les moyens de remporter la Can au moins deux fois avant 2015. Elle ne le put parce que, pour Yaya et d’autres Nordistes tribalistes, il n’était pas question que cela profite à Laurent Gbagbo qui était au pouvoir à ce moment-là. C’est le même Yaya et d’autres fils du Nord qui ont exigé le remplacement de l’excellent François Zahui par le médiocre Lamouchi. La raison: il fallait effacer toute trace de Gbagbo et de son ethnie. Yaya est mal placé pour parler d’injustice aujourd’hui.

Il est disqualifié pour prendre la défense des footballeurs évoluant sur le continent. L’Afrique digne et libre aura du mal à le reconnaître comme un des siens car quel investissement important a-t-il fait en Afrique? Quel hôpital ou quel stade y a-t-il déjà construit? Combien de bourses d’études a-t-il octroyées à des élèves ou étudiants africains brillants mais démunis? S’est-il jamais insurgé contre Dramane Ouattara qui maintient encore environ 400 prisonniers politiques dans les prisons ivoiriennes? A-t-il protesté quand le président élu en 2010 par la majorité des Ivoiriens était injustement déporté à la Haye? Leva-t-il le petit doigt quand le compétent Zahoui fut limogé au profit de l’inconnu Lamouchi venu de France? Autant dire que le sort et les combats de l’Afrique n’ont jamais intéressé Yaya qui, en plus d’être un mauvais perdant, est un opportuniste et un tribaliste dont le masque est tombé enfin. Ce qu’il veut, la seule chose qui l’intéeresse, c’est que, partout, dans tous les domaines, seuls les gens du Nord doivent être à l’honneur. Comme s’il n’y avait qu’eux. Ce n’est donc pas la CAF mais lui, Yaya, qui est ridicule; c’est lui qui devrait avoir honte car le Gabonais Aubameyang mérite bel et bien son trophée. Celui-ci a été choisi parce qu’il a brillé de mille feux. Quant à Yaya, il doit comprendre qu’être milliardaire ou glaner des coupes ne suffit pas pour forcer le respect et l’admiration des gens. Que Yaya joue bien est une chose incontestable et je me réjouis que son beau jeu lui ait permis de gagner des médailles et des titres mais, s’il veut être respecté et admiré, il doit apprendre à reconnaître le talent des autres et à poser des actes qui, plus que les discours, prouveront qu’il aime l’Afrique et qu’il se soucie d’elle.

Jean-Claude Djereke

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