Côte d’Ivoire menaces djihadistes – L’inquiétude gagne des habitués des centres commerciaux d’Abidjan

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Par Manuella Yapi

« Je suis très inquiet » avoue Armand Kili, un Ivoirien d’une trentaine d’années disant fréquenter « de moins en moins  » les centres commerciaux, des « cibles privilégiées » en cas d’attaque armée, moins d’un mois après celle du Splendid Hôtel qui a fait une trentaine de morts dans la capitale du Burkina Faso, pays voisin de la Côte d’Ivoire.

Depuis cette seconde attaque, après celle du Radisson Blu hôtel faisant 22 morts à Bamako au Mali le 20 novembre 2015, les dispositifs sécuritaires ont été renforcés dans les grands hôtels et les principaux centres commerciaux d’Abidjan, ce qui ne semble pas rassurer plus d’un habitant.

« Des éléments de la police, de la gendarmerie » et parfois de l’Opération des Nations-Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) « sont sur le terrain », témoigne un des vigiles d’un centre commercial au sud de la capitale ivoirienne, admettant tout de même que seules des « fouilles » à vue d’œil sont effectuées à l’entrée de cet espace fréquenté par des clients « de toutes les nationalités ».

« Ça ne me rassure pas », lance M. Kili, estimant que des pays comme les Etats-Unis et la France « n’ont pas pu prendre des mesures adéquates (face) à ce problème, avec tous les moyens dont ils disposent » et considérant que la seule « volonté » d’un « djihadiste décidé à donner sa vie (…) suffit pour faire une boucherie » selon lui.

« Ils sont déjà passés à l’acte (dans d’autres pays) et en termes de dégâts, ils ont atteint leurs objectifs », ajoute-t-il, évoquant des frontières « poreuses » entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso: » la menace djihadiste est (…) présente à nos portes ».

Bien que des Abidjanais soutiennent avoir gardé leurs « habitudes de consommation », à l’image de Joseph Cassé, employé dans une structure privée, certains préfèrent dorénavant les « petits magasins » aux « grandes surfaces qui sont fréquentées par des expatriés », principales victimes des attaques du Splendid et du Radisson Blu.

« Je ne suis pas tranquille quand je viens dans les grandes surfaces », raconte un client dans un centre commercial inauguré il y à quelques mois à Abidjan, espérant ne « pas être au mauvais endroit au mauvais moment ».

Ce sentiment d’insécurité laisse quelques fois transparaître un air subtil de méfiance et de peur, comme l’atteste un employé de magasin au sein d’un centre commercial qui dit avoir « perdu beaucoup de clients » depuis l’attaque du Splendid: « on a un peu peur quand on reçoit des clients parce qu’on ne sait pas qui est qui (…) chacun se méfie ».

Dans la commune de Cocody, à l’Est d’Abidjan, Benjamin Yapo déplore pour sa part le manque de dispositif sécuritaire approprié dans son quartier aux 2 plateaux, situé à proximité d’un centre commercial réputé et très fréquenté: « c’est seulement le centre qui intéresse apparemment, personne ne pense à ceux qui vivent juste à côté ».

Deux pays frontaliers à la Côte d’Ivoire, le Mali et le Burkina Faso notamment, ont subi des attaques armées au cœur de leurs capitales, respectivement le 20 novembre 2015 et le 15 janvier 2016.

L’attaque du Splendid Hôtel qui a fait une trentaine de morts et plus d’une cinquantaine de blessés à Ouagadougou, a été revendiquée par le groupe djihadiste Al-Mourabitoune (proche d’Al-Qaida au Maghreb islamique) qui avait également revendiqué celle du Radisson Blu à Bamako (22 morts), tout comme le Front de libération du Macina (FLM, situé au centre du Mali).

MYA

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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