Électricité en Côte-d’ivoire: comment casser le monopole de la CIE sans toucher à la CIE ?

cie-ivoirien

Par Mohamed Sylla

Dans le train de promesses annoncées par le Chef de l’Etat à l’occasion du 1er mai, beaucoup d’entre nous ont particulièrement retenu le point sur une éventuelle libéralisation du secteur de l’électricité. Ainsi, le chef de l’Etat qui maîtrise à la perfection l’art du boniment a affirmé qu’il « étudierait la possibilité d’une libéralisation » du secteur. On a alors vite fait de se réjouir, en oubliant de relever le double usage du conditionnel dans les propos du président. Soit.

Le président veut casser le monopole de la CIE sans pour autant nous dire comment. En réalité par libéralisation du secteur de l’électricité, il faut plutôt entendre la libéralisation de la branche de la distribution. Celle de la production comptant déjà plusieurs acteurs utilisant différents moyens. En gros, le but de la manœuvre serait de ne plus faire de la CIE le seul vendeur de courant électrique.

Dans un passé pas si lointain certains diraient : « Ah non ! Ne touchez pas à la CIE sinon la France nous fera encore la guerre ». C’est un peu le même discours lorsque la question de la sortie du CFA est abordée, quand bien même jamais sous le régime de la refondation le mécanisme de sortie de cette monnaie ne fut engagée. Bref. Alors, imaginons qu’ils aient raison. Comment sortir des griffes de la CIE sans mettre en rogne la grande sœur France ?

La solution la plus politiquement et financièrement simple serait de miser sur le développement des énergies renouvelables telles que le solaire. Mais paradoxalement aujourd’hui, l’Etat est lui-même le principal frein au développement de ce secteur. En effet, les droits à l’entrée sur le territoire des équipements solaires frôlent les 48%. En clair, un équipement acheté en Chine ou en Inde coûtera 48% de sa valeur en plus rien que pour avoir le droit d’entrer sur le territoire national. Rien de plus désincitatif ! L’Etat utilise ici l’arme fiscal pour protéger artificiellement la CIE. Si le matériel solaire coûte cher, on est tous obligé de supporter celle là. Ce qu’il faudrait ce serait de baisser ces droits à 2 ou 3 %. Cela permettrait d’avoir un coût beaucoup plus attractif pour le solaire. Une fois cela fait, nous pourrons tous nous équiper et produire notre propre électricité (comme sur la photo, ça se fait ailleurs et ça marche très bien). Des particuliers et des entreprises spécialisées pourront produire et revendre cette nouvelle énergie à grande échelle. Imaginez que nous puissions nous même produire de l’électricité et revendre le trop plein à…la CIE. Oui c’est possible. Le marché serait plus ouvert et les prix iraient fortement à la baisse. Voici comment casser le monopole de la CIE sans même prendre de décret contre elle. Les organisations de la société civile et les mouvements citoyens devraient désormais faire pression sur le Parlement et le gouvernement pour que la CIE cesse de bénéficier du parapluie atomique fiscal qui la protège de nous. C’est en tout cas la proposition de LIDER depuis longtemps.

Tant que cette réforme fiscale ne sera pas faite, le président peut continuer d’étudier la possibilité de l’éventualité hypothétique d’une libéralisation du secteur. En 2020, lorsque nous nagerons en pleine émergence d’une croissance à trois chiffres et dans une galère sans noms, la CIE continuera de faire supporter la mauvaise qualité de son service et ses primes fixes frauduleuses.

En sommes, il est possible de sortir des griffes de la CIE sans faire la guerre mais simplement en remettant le pouvoir entre les mains du peuple et non plus de l’Etat. Il ne nous manque que l’audace de le faire. Osons.

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.