Le pouvoir au Burkina-Faso affirme avoir déjoué une nouvelle tentative de coup d’Etat de l’ex RSP

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D’anciens éléments de l’ex-garde prétorienne de Blaise Compaoré, qui avait déjà tenté de s’emparer du pouvoir en septembre 2015, sont dans la ligne de mire des autorités.

Ils ne voulaient pas dévoiler leur identité. Malheureusement pour eux, leur interpellation a mal tourné. Ce samedi 8 octobre, quatre hommes roulent en moto sur le pont Nazinon, dans le Nahouri, une province du sud du Burkina Faso. Interceptés par la gendarmerie, ils sont sans papiers. Direction la brigade de Pô. Mais tous n’atteindront pas le poste. Pendant leur transfert, ils tentent de désarmer les gendarmes qui ripostent et tuent deux d’entre eux.

Lors de leur interrogatoire, les deux survivants tombent le masque. Saïdou Soulama et Khalifa Zerbo sont deux militaires de l’ex-régiment de sécurité présidentielle (ex-RSP). Cette ancienne garde rapprochée du président déchu Blaise Compaoré avait tenté un coup d’Etat le 16 septembre 2015, dont la paternité fut revendiquée le lendemain par le général Gilbert Diendéré, l’ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré chassé du pouvoir un an plus tôt. Comme Soulama et Zerbo, au moins une dizaine d’hommes, parmi les 1 300 membres de l’ex-RSP, avaient pris la fuite après l’échec du putsch. Les autres avaient été intégrés dans les différents corps de l’armée régulière après la dissolution du régiment.

« Pour prendre le pouvoir par la force »

Mais cette dissolution serait restée en travers de la gorge de certains des hommes du général Diendéré, désormais incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA). « Les enquêteurs de la police judiciaire ont découvert la préparation d’un vaste complot qui visait (…) la prise du pouvoir par la force, prétend Simon Compaoré, le ministre de l’intérieur. Les objectifs de ce groupe d’environ trente hommes, composé essentiellement de sous-officiers et de militaires de l’ex-RSP, étaient d’attaquer la caserne de la gendarmerie de Ouagadougou, d’attaquer la MACA pour libérer les détenus, de séquestrer certaines autorités et de s’attaquer à la présidence, à Kosyam, pour prendre le pouvoir par les armes. »

Une trentaine d’hommes pour renverser les institutions ? L’affirmation peut laisser sceptique. Quoi qu’il en soit, Gilbert Diendéré, alias « Golf », est la mémoire des vingt-sept ans de présidence de Blaise Compaoré. À l’extérieur, le général était l’un de ceux qui négociaient avec les groupes djihadistes, entretenant sa réputation d’homme le mieux renseigné du Burkina Faso, voir de la région. Au « pays des hommes intègres », aucun secret d’Etat ne lui était inconnu, lui qui était réputé pour sa fidélité sans faille envers Blaise Compaoré.

Mais à mesure que le procès sur la tentative de coup d’Etat approche – d’ici la fin de l’année selon le parquet militaire -, des inquiétudes jaillissent. Le si discret général serait-il prêt à révéler ses secrets ? « S’il parle, cela va éclabousser beaucoup de monde », avertit l’analyste politique Siaka Coulibaly. Depuis le 10 octobre, les visites à la MACA sont interdites.

Selon le ministre de l’intérieur, l’opération devait avoir lieu le samedi 8 octobre à minuit. Mais la mort des deux ex-RSP sur le pont Nazinon aurait contraint le groupe à mettre en œuvre son plan B visant à créer une mutinerie dans l’armée. « Pour ce faire, ces éléments devaient s’emparer des armes des militaires dans les postes de garde et effectuer des tirs tous azimuts dans toutes les garnisons afin de créer le chaos », poursuit Simon Compaoré. Un projet avorté qui aurait forcé l’équipe à sortir sa dernière cartouche : « créer une rébellion armée en opposant les différentes entités de l’armée nationale par des actions de désinformation via les réseaux sociaux et directement dans les casernes », avance encore le ministre.

Par Morgane Le Cam (contributrice Le Monde Afrique, Ouagadougou)

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