Les trois péchés capitaux qui empêchent l’opposition en Côte-d’Ivoire de gagner des combats

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PRAO YAO SERAPHIN

« Les seules limites sont, comme toujours, celles de la vision »
(DE James Broughton)

Depuis la chute du Président Gbagbo, la Côte d’Ivoire est devenue un pays qui s’affaisse de jours en jours. Hier, ce leader charismatique a appris aux Ivoiriens la résistance comme l’unique caractère qu’il fallait posséder pour vaincre les esprits impérialistes et coloniaux. Les Ivoiriens étaient vent debout contre ceux qui voulaient nous spolier nos richesses. Aujourd’hui, nous sommes à genoux, sans âme, ni saveur. La Côte d’Ivoire est redevenue une colonie avec des maîtres étranges. Tous les efforts du Président Gbagbo sont tombés à l’eau : le pays est endetté, divisé et méconnaissable. Face à cette coalition des ennemis de l’indépendance et de la dignité de notre pays, l’opposition se cherche. Non contente de se chercher, elle est en déphasage par rapport aux aspirations du peuple. Les Ivoiriens sont prêts pour reprendre la lutte pour l’indépendance de notre pays. La journée du 28 octobre est le témoignage de leur ferme volonté de reprendre le pays aux mains des adversaires de la souveraineté de la Côte d’Ivoire. Mais les leaders de l’opposition ne dansent pas au même rythme que le peuple. Nous venons de perdre à nouveau une bataille très importante face au Rassemblement des Honteux Du Pays (RHDP) et la faute n’incombe pas au peuple mais à cette opposition inaudible, sourde et indigente en stratégies. Nous énumérons ici quelques points faibles de cette opposition.

Le premier péché de cette opposition, c’est la division. Chacun prêche pour sa chapelle et oublie parfois le bien-être des « fidèles ». D’abord, la division était une stratégie du Président Ouattara. Dès la chute du Président Gbagbo, il envoie en prison une bonne partie des dignitaires du régime Gbagbo pendant que certains sont en liberté. Or, ces derniers avaient les mêmes responsabilités que ceux qui étaient en prison. Ces derniers ont commencé par soupçonner ceux qui étaient en liberté. Ces derniers aussi se sont donnés à des déclarations à l’emporte-pièce allant parfois contre Laurent Gbagbo. C’était la première étape. La seconde étape a consisté pour le Président Ouattara, à libérer une partie de prisonniers en leur promettant de les hisser au firmament de l’opposition, avec un glorieux statut. La division devenait très profonde. La troisième étape a été la cécité des opposants. Ils n’ont pas su décrypter cette stratégie du régime. Un sage disait « qu’on peut vous traiter d’esclave, ce qui est douloureux, mais la pire des choses, c’est que vous-mêmes, vous vous comportiez comme un esclave ». L’opposition post-régime Gbagbo est tombée dans le piège du Président Ouattara. Aujourd’hui, certains regardent à gauche pendant que d’autres se dirigent vers la droite. Or, être ensemble, c’est non seulement aller dans la même direction mais également dans le même sens. Le cas de la journée du 28 octobre est pathétique : pendant que le Front du Refus organise une marche, le camp du Président AFFI est ailleurs.

Le second péché, c’est la question du leadership. Le pouvoir, c’est Dieu qui donne mais les opposants ivoiriens sont obnubilés par le pouvoir. Ce n’est pas le bonheur des Ivoiriens qui intéressent certains opposants. Comme dans un concours de beauté, ils profitent des occasions pour se faire voir. Ils aiment passer sans cesse des messages subliminaux « vous voyez je suis le plus beau, le mieux placer pour représenter cette opposition ». Dans une telle situation, on ne peut rien engranger comme victoire lors d’une lutte. Le cas de la Coalition Nationale du Changement (CNC) en dit long. Cette structure a manqué de vision et d’organisation et le résultat, on le connait, un échec lamentable. La conséquence était la victoire sans appel du Président Ouattara. Dans un navire, le matelot est tout aussi important que le capitaine. Tout le monde ne peut pas devenir capitaine ou matelot.

Le troisième, c’est le manque de stratégie. Pour le Petit Larousse, la stratégie est l’art de coordonner des actions, de manœuvrer habilement pour atteindre un but. Tandis que la tactique est définie comme un ensemble de moyens habiles employés pour obtenir le résultat voulu. En réalité, il est difficile de voir la nuance dans ces définitions. La vraie différence, c’est que la stratégie est pour le long terme alors que la tactique s’applique dans des actions ponctuelles. Le péché le plus vilain de l’opposition ivoirienne est son manque de stratégie. Pour s’en convaincre, on peut compter le nombre de plateformes, coalitions et fronts dont chaque parti de l’opposition est membre. La tactique permet de gagner la bataille et la stratégie la guerre. Ce qui intéresse les Ivoiriens, c’est la VISION et non des plats de lentilles.

Par exemple, comment pouvait-on gagner la bataille de la Constitution à quelques jours du referendum avec un groupe aussi hétérogènes ? Le début d’une chose conditionne sa fin. Comme en Tunisie, les opposants devaient se battre pour imposer une Assemblée constituante et non attendre les conclusions d’un groupe d’Experts, pour ensuite contester. Les Ivoiriens sont fatigués de cette indigence de stratégie de la part des opposants. La pensée précède l’action or depuis longtemps, cette opposition a cessé de penser, elle agit au gré des évènements. Dans une telle situation, elle ne peut rien gagner comme bataille pour espérer gagner la guerre.

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