Le parti de Gbagbo à la reconquête de ses bastions perdus en Côte-d’Ivoire (PAPIER D’ANGLE)

arton19154-7ff9a

Par Serge Alain Koffi

En décidant de participer aux élections législatives du 18 décembre, le Front populaire ivoirien (FPI), le parti de l’ancien président Laurent Gbagbo, va tenter d’engranger le maximum de postes mais surtout de reconquérir les circonscriptions électorales, considérées comme ses bastions traditionnels, qu’il avait perdues en boycottant le précédent scrutin de 2011.

Pour se faire, l’ex-parti présidentiel a décidé de présenter 188 candidats pour les 255 postes à pourvoir à l’Assemblée nationale. Dans presque toutes les circonscriptions du pays, le FPI a aligné des représentants parmi lesquels de nombreux barons de cette formation politique.

Dans le district d’Abidjan : Marcel Gossio à Port-bouet, Atteby et Sam l’Africain à Yopougon, Issiaka Sangaré à Cocody, Christine Konan à Koumassi…

L’ancien patron du port autonome d’Abidjan, Marcel Gossio, sera candidat dans la commune de Port-Bouët (sud) dans l’espoir de faire basculer de nouveau cette commune de la capitale économique ivoirienne dans le giron du FPI.

L’ancienne conseillère de Laurent Gbagbo, Chrsitine Konan a décidé, quant à elle, de partir à la reconquête de Koumassi (sud).

A Cocody, à l’est d’Abidjan, le FPI sera représenté par Issiaka Sangaré, adjoint au maire de la commune de 2001 à 2010 et frère cadet d’Aboudramane Sangaré, leader de l’autre tendance du parti.

A Yopougon (ouest), commune pro-Gbagbo par excellence, Mohamed Sam Jichi, dit « Sam l’Africain » de même que Williams Atteby et Félicien Gbamnan Djidan, respectivement ancien député et ex-maire de cette commune, vont défendre les couleurs bleu et rose du FPI.

A l’intérieur du pays : Affi N’guessan à Bongouanou, Agnes Monnet à Agou, Abouo N’dori à Agboville…

Le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, lui-même, se présentera dans son fief natal de Bongouanou, dans le centre-est du pays où il avait déjà battu le chef de l’Etat Alassane Ouattara lors de la présidentielle d’octobre 2015.

Son numéro deux, Agnès Monnet, secrétaire générale du FPI et l’ancien ministre de l’Enseignement technique Benjamin Yapo Atse tenteront de faire triompher leur parti dans la région du peuple attié (ethnie du sud-est du pays) où Laurent Gbagbo a toujours bénéficié d’un capital sympathie.

Dans la région du peuple abbey, précisément à Agboville (sud-est), l’ancien ministre Raymond Abouo N’dori sera le porte-étendard du FPI.

A Gagnoa (centre-ouest), dans la région natale de l’ex-chef de l’Etat, la même tâche a été confiée à son ancien ministre des Affaires étrangères, Alcide Djédjé, à l’ex-patron de l’Agence nationale de la stratégie et de l’Intelligence (ANSI) Firmin Krékré et à l’avocat Pierre Dagbo Godé, ancien Directeur général du centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI).

L’ancien ministre de la Culture, puis des Mines, Augustin Kouadio Komoé, vice-président du parti, se présentera à Tankessé, dans l’est du pays.

Dans l’extrême ouest, l’universitaire Alphonse Voho Sahi, ex-conseiller de Gbagbo, va tenter de reconquérir Touleupleu. L’ancienne ministre de la Santé, Christine Adjobi en fera de même à Bonoua, dans le sud-est.

Une reconquête qui s’annonce difficile…

Si le FPI veut se donner des chances d’avoir le maximum de sièges en présentant autant de candidats, il faut cependant reconnaitre que son opération reconquête s’annonce difficile en raison des nombreuses candidatures indépendantes (676) enregistrées par la Commission électorale indépendante (CEI) et surtout de la situation de crise au sein du parti.

Les membres du FPI sont toujours divisés sur la conduite à tenir vis-à-vis de ce scrutin. L’autre frange dirigée par Aboudramane Sangaré a déjà annoncé qu’elle boycottera le scrutin. Selon elle, “les dés sont pipés’’ en faveur du pouvoir.

Pour le journaliste Cyrille Djedjed, du quotidien indépendant L’Inter, il sera “très difficile’’ pour le FPI de Pascal Affi N’guessan d’obtenir beaucoup de postes “à cause de la fronde’’.

“Le FPI n’est pas mort. Il existe toujours. Ce parti est toujours puissant dans des localités et certaines régions’’, analyse pour sa part, Eric Diomandé, journaliste au quotidien Nord-sud, proche du pouvoir.

Et de poursuivre : “Pour Yopougon c’est le fief mais ce n’est pas évident car le candidat présenté n’est pas un cadre puissant du parti. A Port-bouet, le FPI peut créer la surprise. A Cocody, je ne pense pas. Mais dans les pays bété, guéré et attié, il peut faire fort’’.

S’il estime que “le retour du FPI au Parlement sera effectif à partir du 18 décembre’’, Eric Diomandé ne lui accorde “pas plus de 10 postes’’ après le vote.

Serge Alain KOFFI

Alerte info/Connectionivoirienne.net

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.