A l’heure du bilan en Côte-d’Ivoire, ces ex-députés qui paient cash leur « ingratitude »

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Législatives du 18 décembre – A l’heure du bilan
Ces ex-députés qui paient cash leur ingratitude

On connaît le verdict des urnes après les législatives du 18 décembre dernier. Comme toute élection, celle de la mi-décembre a eu son lot de surprises. Le cas des députés sortants non reconduits appelle quelques commentaires tant leur défaite paraissait inattendue, du moins dans leur entendement. Sinon, les populations qui ne sont plus dupes, les attendaient au tournant pour les sanctionner pour comportement indécent et ingratitude à leur égard.
Gueye Boniface : Le manteau Rhdp plus lourd à porter
Élu député indépendant à la surprise générale dans la circonscription de Kouibly, Nidrou, Totodrou, communes et sous-préfectures en 2011, Gueye Boniface s’était payé le luxe de se rapprocher du camp au pouvoir. Il était pourtant connu pour être un proche du régime Gbagbo qui venait de tomber. Le Fpi absent à ces législatives, Gueye Boniface était comme le candidat du moindre mal. Il l’emporta sans coup férir face au candidat du nouveau pouvoir. En 2016, Gueye qui a, entre temps, complètement viré au Rhdp, est investi candidat de la coalition au pouvoir. C’était sans l’avis de ses anciens électeurs desquels il s’est d’ailleurs détourné préférant la politique politicienne. Le nouveau chantre du ouattarisme dans la circonscription est bouté hors le 18 décembre. Les électeurs lui ont préféré un autre indépendant en la personne de Youté Wonsébo Innocent. Comme quoi il faut connaître la psychologie de ses parents avant de se lancer dans une aventure.

Kloawa Sy Aimé : le prix de l’avarice

Cet ancien prof de sciences physiques et animateur des agoras et parlements (espace de libre expression) s’était fait une réputation de patriote et d’homme de poigne dans la ville de Tabou sous la présidence Gbagbo. Proche de Charles Blé Goudé, il a passé un bref moment en exil au Liberia en 2011. Revenu dans son Tabou avec l’aide d’un baron du Pdci de la région, il se présente aux législatives de 2011 contre ce même bienfaiteur du Pdci. Tabou qui a la particularité d’être anti-Rhdp l’élit comme son député sans coup férir. Tout s’est arrêté là. Kloawa a oublié que lorsqu’on est élu, on pense aussitôt à sa réélection. De bonnes sources racontent dans la région que le député est devenu invisible depuis que les populations lui ont confié leur destin. A ses visites rares dans la circonscription, on reproche au député d’être pire qu’Harpagon, ce personnage que décrivait l’écrivain français Molière pour son avarice. Et tout le monde l’attendait à la prochaine élection pour mettre fin à son mandat, lui qui s’était rapproché, en plus, du parti de Gervais Coulibaly, le Capp-Udd. Le 18 décembre il a recueilli seulement 184 voix sur les 7.524 suffrages exprimés, soit 2,45 %. Son rival, Julien Klaibé, un autre indépendant (maire de Tabou) a récolté 53,54 % des suffrages. Kloawa a désormais le temps de s’occuper de son mouvement, le Pupci dont il défendait les couleurs à ces législatives.

Logbo André : Le député d’Abidjan

Logbo André était jusqu’au 18 décembre 2016 le député de Guibéroua, Dignago et Galébré, communes et sous-préfectures. Élu sous la bannière Pdci en 2011, c’est à lui que revenait la lourde tâche de défendre le poste pour le compte du Rhdp en 2016. Il n’a pas doublé la mise, évincé par une candidate de l’Upci, un parti peu connu dans cette circonscription, autrefois fief du Fpi. Logbo paie pour son absentéisme. On dit de lui qu’il est un député d’Abidjan. Même pendant les vacances parlementaires, rares ont été ses présences sur le terrain. Logbo est arrivé 2e au soir du 18 décembre.

Gnangbo Kacou : il voulait pourtant être président de la République

Si la défaite de Gnangbo Kacou, le désormais ex-député d’Adiaké a surpris plus d’un, les ressortissants de sa circonscription affirment que son succès était peu probable tant le morceau en face était gros. Le candidat à la présidentielle 2015 qui a fait son trou avait en face de lui, le Dg du port autonome d’Abidjan, un baron du Rdr, Hien Sié. Autre argument en sa défaveur, Gnangbo Kacou était fertile en idées mais il n’a pas réussi à consolider son assise chez lui à Etuéboué. Il gardait les distances, préférait passer ses vacances au bord de la Seine, en France où il a une résidence que d’aller plus souvent à la rencontre de ses électeurs. Ils sont nombreux également à reprocher à l’ex-député son comportement un peu hautain en plus de sa main lourde. C’est de toute évidence qu’il perd dans le match à trois face à Hien Sié du Rhdp et N’guetta N’guetta du Fpi qui a même fait plus fort que lui avec plus de 4 mille voix. Gnangbo Kacou s’est contenté d’une portion congrue, 467 voix sur les 9.730 suffrages exprimés. Et dire qu’il voulait être président de la République.
Konaté Zié : L’image du rebelle qui ne passe pas en pays bété

Élu en 2011, par défaut, dans la circonscription Gboguhé, Zaïbo communes et sous-préfectures, Konaté Zié aurait dû se dédoubler pour atteindre sa performance de 2011. Proche de Guillaume Soro, c’est au bout de plusieurs tractations que le Rhdp lui a renouvelé sa confiance dans cette zone pourtant hostile. Zié est un fils de ce terroir, parle bien sa langue mais cela n’a pas suffi à renverser la vapeur face à un certain Jean Likane Yagui, ancien Pca de la Sodemi de Bédié à Gbagbo et cadre incontesté de la région, candidat indépendant qui l’emporte avec 52,28 % des suffrages.

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Sara Sako Fadiga : être le candidat de Ouattara ne suffit plus

La première vice-présidente de l’Assemblée nationale ne digérera pas de sitôt la sanction qu’elle a subie ce 18 décembre. Elle n’a pas été reconduite alors qu’elle défendait les couleurs du Rhdp et qu’elle se présentait partout comme la candidate d’Alassane Ouattara. Désormais c’est l’indépendant (tendance Rdr) Mamadou Koné qui représente la circonscription de Touba sous-préfecture à l’Assemblée nationale. Pour les populations, être vice-présidente de l’Assemblée nationale était un poste assez important dans l’appareil Ouattara. Cependant, elles estiment que Touba n’a rien reçu du régime Ouattara alors qu’elle était en droit d’attendre mieux avec sa fille au sommet. Autre critique en sa défaveur, Sara Sako ne partage pas. A ce sujet, les confrères de la presse de la région du Bafing ne sont pas ses défenseurs. Elle avait mauvais presse car peu généreuse selon nos informations.
Et ils sont légion, ces sortants qui n’ont pu rempiler soit pour égoïsme, abandon des électeurs ou arrogance. Pourtant ces électeurs souvent ne demandent pas plus. Ils ont juste besoin d’un peu de considération et de respect.

SD à Abidjan

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