Quelles institutions républicaines en Côte-d’Ivoire ?

Dr. Charles Koudou, Administrateur des Programmes de Santé Consultant en santé et développement communautaire USA

La Côte d’Ivoire depuis son indépendance jusqu’à ce jour a connu diverses institutions d’encadrement pour son fonctionnement. La question que je me pose ici dans cet article est de savoir si ces fameuses institutions apportent réellement une valeur ajoutée au développement du pays. Mon propos ici vise non pas forcément le régime actuel mais le système politique ivoirien de gouvernance depuis l’indépendance du pays. Tel président vient au pouvoir, il crée ou ferme les départements ministériels au gré de son humeur et les gens applaudissent parce que cela fait leur affaire personnelle. Pour ce petit pays nous tournons généralement autour d’une trentaine de départements ministériels en moyenne. Personne ne sait d’ailleurs combien gagne un ministre par mois encore moins le Président de la République.

J’ai l’impression qu’on ouvre des départements ministériels pour caser les personnes qui ont rendu services au président en poste. Si cette assomption est vérifiée alors nous devons arrêter cette façon de faire la politique. On ne devrait pas forcément se sentir obligé de trouver un poste de travail à quelqu’un sous le fallacieux prétexte qu’il ou qu’elle nous a aidé. Que ces fameuses aides aussi comprennent que supporter les idées de quelqu’un ne veut en aucun cas pas dire qu’il nous doit absolument des postes de travail. Il a été supporté à cause de ses idées qu’on épouse et que l’on pense pouvoir faire avancer la cause publique. Tant mieux si vous avez supporté un Président et qu’il a un poste dont le profil vous convient et rien à dire si et seulement si vous avez le profil du poste.

Je viens de suivre malgré moi les débats très pauvres sur la nouvelle constitution en Côte d’Ivoire. Pour introduire le Sénat dans cette constitution, le pouvoir actuel a soutenu que des gens ont rendu service à la nation et on ne devrait pas les laisser pour contre. Voilà un excellent exemple des postes qu’on crée pour faire plaisir et non pour viser le développement du pays. Le sénat, voilà le mot tout fait pour trouver un poste de travail à un militant chômeur ou à la retraite. Et pour être sûr de les caser on s’octroie de nommer au moins le tiers des membres de ce sénat pendant que les autres membres devront compétir.

Pourquoi certains membres seront nommés et d’autres membres devront compétir? La logique aurait voulu que tous ces sénateurs, sont soit tous nommés soit tous élus sur un même pied d’égalité. Face aux critiques, le pouvoir a rétorqué qu’au Canada par exemple certains sénateurs sont nommés et donc pourquoi pas ici en Côte d’Ivoire. A ceux-là, je réponds que dans la vie il faut apprendre à copier de bons exemples. On oublie aussi qu’au même Canada, on utilise pas les armes le jour du vote pour se faire élire ou pour se maintenir au pouvoir. On n’utilise pas toute autre forme de violence pour organiser des élections truquées. On utilise pas la corruption pour intimider les gens, on ne démet pas les gens de leurs postes parce qu’ils sont candidats, on intimide pas la presse, etc. Comparaison n’est pas raison, dit l’adage.

Moi je préfère prendre l’exemple des USA où je vis (j’ai aussi vécu au Canada avant d’immigrer aux USA). Ici aux USA, on ne nomme pas les sénateurs. La constitution définit le nombre des sénateurs ainsi que leurs fonctions qui sont par exemple de démettre le Président de la République en cas de manquement grave. Autres exemples du rôle du sénat, le sénat approuve le budget, le sénat approuve les nominations aux plus hautes fonctions de l’Etat comme c’est le cas actuellement où les probables collaborateurs du Président Donald John Trump passent à tour de rôle devant les différentes commissions du sénat. Ils sont tous soumis aux interrogatoires après avoir effectué des enquêtes sur eux. Ces enquêtes portent généralement sur leurs records en ce qui concerne la moralité, la criminalité, les taxes, les compétences, l’expérience professionnelle, etc.

En Côte d’ivoire, le fameux sénat fera quoi? On ne le sait pas. Les députés qui sont déjà en nombre pléthorique pour ce petit pays ne font rien de sérieux et sont payés. De plus, ils sont sous la dominance de la présidence de la république qui les manipule à souhait alors que eux au moins ont eu un semblant d’élection donc ont un minimum de légitimité. Quel sort sera réservé aux sénateurs nommés dont on ne sait d’ailleurs pas à quoi ils serviront?

Le Conseil Economique et Social est là depuis le temps de Mamadou Coulibaly jusqu’à nos jours. Quel est son véritable rôle? Comment sont aussi nommés ses membres et combien perçoivent-ils par mois? Les ministères d’Etat, la primature, la vice-présidence, les mairies, les conseils régionaux, les conseils de districts, les préfectures, les sous-préfectures, les secretaires de préfectures, la médiation, la régulation pour bonne gouvernance, le conseil constitutionnel, la cour suprême, le contrôleur, les décorateurs des militants, etc. On ne fait que créer pour satisfaire les désirs des militants. Pendant ce temps le développement du pays peut attendre. Et cette mentalité se perpétue de régime à régime, de président à président.

Dites-moi entre-nous un petit pays comme la Côte d’ivoire a-il besoin à la fois de premier ministre, de vice-président, de ministres d’état, de président et tout ce monde en même temps? Que fera le Président élu au suffrage universel? Il va certainement passer les vacances paisibles à ne rien faire et continuera de percevoir ses différents budgets (souveraineté, présidence, paye personnelle, etc). Pendant ce temps, le Premier Ministre et le Vice-Président vont se marcher là-dessus puisque les rôles des uns et des autres sont mal définis ou pas du tout définis. Il ya comme un poste de trop quelque part. Après avoir casé tout ce monde qui revient d’ailleurs cher au contribuable, on va se tourner vers l’extérieur pour des prêts. Les militaires qui ont manifesté viennent d’avoir gain de cause parce qu’ils ont des armes tandis que les fonctionnaires qui ne demandent que l’amélioration de leurs conditions de travail et de retraite ne sont pas écoutés.

En Côte d’ivoire, les ministres, les députés, les magistrats, etc n’ont pas de champ libre et ce n’est pas seulement sous le régime actuel qu’on le constate. Le pays a de tout temps fonctionné ainsi. Je ne blâme pas le régime actuel. Le régime actuel ne fait que faire ce que les régimes précédents ont fait. C’est tout le système instauré depuis l’indépendance que je dénonce. Un jeune homme nommé ministre, tout fougueux, pétri de talent sera freiné par le président soit directement soit par l’intermédiaire d’un plus proche du Président. Tous les ivoiriens qui le veulent peuvent encore se souvenir du cas du ministre Professeur Jean Lorougnon Guédé qui faisait la fierté du Président Houphouët mais qui avait pour directeur de cabinet un certain Paul Akoto Yao. Je ne voudrais pas m’attarder sur cette histoire qui n’est d’ailleurs pas un cas isolé en Côte d’Ivoire. Je pourrais en citer plusieurs cas semblables mais là n’est pas l’objet de mon propos d’aujourd’hui.

Je ne suis pas contre les nominations ou la création des institutions de la république en tant que telles mais que ces nominations et ces institutions reposent sur des besoins réels en fonction des projets de développement du pays. De plus, le peuple que nous sommes avons le droit d’avoir des informations sur la moralité, l’éthique, les casiers judiciaires, le passé criminel, les impôts, etc de ces personnes qu’on nomme comme on veut sans critère rationnel défini au préalable. Que les nominations ne soient pas faites selon les humeurs du Président mais que tout soit consigné au préalable dans la constitution et que cette constitution soit le reflet des sensibilités des composantes du pays. La constitution doit être plus ou consensuelle et non partielle au risque d’être remplacée ou d’être modifiée constamment par les futures régimes.

Revenons aux nominations de complaisance ou aux créations de nouvelles institutions. Bien sûr qu’il peut y avoir des exceptions comme cela a été le cas en 1970 quand le Président Houphouët, suite à l’affaire du Guébié à Gagnoa a créé le ministère de la sécurité intérieure pour le confier à Ouassenan Koné. C’est aussi le cas ici aux USA où, suite à l’attaque de Septembre 2001, le Président Bush a créé le ministère de la sécurité intérieure. Mais dans le cas des USA, le président ne s’est pas levé pour créer ce poste; il a soumis la création du poste à l’approbation du congrès. En Côte d’Ivoire, non, les postes se créent au gré du Président qu’il s’appelle Houphouët, Bédié, Guéi, Gbagbo, ou Ouattara c’est la même méthode et c’est bien dommage.

Nous avions cru naïvement en 1990, que, avec l’avènement du multipartisme, cette méthode de travail serait métamorphosée mais non. Le mouvement du multipartisme a échoué à cause des précipitations de nos soi-disant intellectuels ou universitaires en qui nous avions placé notre espoir en Afrique. La plupart de ces intellectuels ou universitaires une fois parvenus au pouvoir, ont fait pire que leurs prédécesseurs de partis uniques. J’évoque ce point pour dire que c’était une belle occasion pour réfléchir sur la forme de gouvernement ou de régime dont nous avons besoin en Côte d’Ivoire ou ailleurs en Afrique. Faute de n’avoir pas réfléchi sérieusement sur ce sujet, aujourd’hui nous constatons un retour en force de la pensée unique plus ou moins déguisée dans nos pays africains. On devrait mener des études approfondies sur la nature du système de gouvernement qui nous conviendrait le mieux et élaborer des projets de constitution dans ce sens. Mais non, tout a été précipité parce que ces intellectuels/universitaires voulaient eux aussi vite s’enrichir. Leur égoïsme a pris le pas sur la vision pour l’intérêt général des pays respectifs.

Le régime présidentiel n’est pas mauvais en soi mais c’est l’usage excessivement abusif que nos présidents en font qui pose problème. Ces présidents gèrent nos pays avec le réflexe de parti unique dans leur subconscient comme si c’était leur affaire privée et il leur est difficile de s’en défaire. Le président devient tout puissant, il nomme tout le monde, tout se ramène à lui et c’est pourquoi tout le monde veut être président en Afrique puisqu’être président est synonyme de demi-Dieu comme pour paraphraser l’autre. Le président n’a pas de compte à rendre à qui que ce soit. Aucune structure n’est prévue pour le contrôler et ce n’est pas bien dans une démocratie. Au pouvoir il faut un véritable contrôle pouvoir pour équilibrer les débats d’idées sur le développement du pays. Tout est mis en place pour empêcher toutes tentatives de débats contradictoires. La Côte d’Ivoire et l’Afrique en général ont raté une deuxième fois leur décollage véritable en 1990 parce que l’égoïsme de leurs intellectuels a tué la lutte du peuple après la période ratée des accords dits accords d’indépendance des débuts des années 1960.

Soit on opte pour un régime présidentiel avec un président aux pouvoirs réduits et véritablement équilibrés avec les autres institutions de l’Etat; soit on introduit le régime parlementaire. Mais comment y arriver? D’un, ceux qui sont au pouvoir ne se laisseront pas faire à cause des nombreux avantages que le pouvoir leur procure en ce moment. De deux, l’opposition qui devrait réveiller la conscience du peuple n’existe pratiquement plus dans le pays. L’opposition est mise sous les ordres du pouvoir et comme je l’ai toujours soutenu, la vie est un jeu d’intelligence. Les plus intelligents trouveront toujours des stratégies pour se défaire des problèmes et avoir le dessus. L’opposition doit avoir l’intelligence nécessaire pour résoudre l’équation que le pouvoir lui a posée si réellement elle a des ambitions.politiques sérieuses.

L’opposition a accepté d’être corrompue et elle n’a d’ailleurs pas de leader charismatique pour diriger les débats et réveiller le peuple. Les gens se contentent de dire restons les bras croisés et attendons le temps faire le reste car le temps est l’autre nom de Dieu comme l’a dit quelqu’un. Mais ce que nous oublions c’est que le temps peut jouer contre qui il veut ou pour qui il veut. Je le dis aussi souvent que Dieu est pour tout le monde, que tu le pries ou pas, que tu sois beau ou pas, grand ou petit, tant que tu es sa créature, tu pourras bénéficier de son soutien. Dieu n’a pas de compte à rendre à qui que ce soit. Il bénit qui il veut, comment, et quand bon lui semble. Les prières que nous faisons sont plus pour sauver notre âme après la mort autrement dit Dieu nous laisse exercer sur terre ici l’intelligence qu’il nous a donnée pour nous épanouir.

Allez poser cette question toute simple à tous ceux et celles qui veulent être président de la république: Pourquoi voulez-vous être président ou présidente? Leur réponse sera vague et incongrue. C’est en fait l’honneur, le prestige, l’argent, le pouvoir pour dominer les autres, et rien d’autre qui les motivent, faire comme les présidents actuels ou passés, c’est tout. Avec eux, les programmes de développement peuvent attendre, les “Blancs” viendront le faire à leur place. Je cite l’exemple du palais de la culture à Treichville construit par les Chinois et vingt ans après rénové par les mêmes chinois à la demande du gouvernement ivoirien, quelle honte. Nous avons été incapables d’assurer la simple maintenance du bâtiment qu’on nous a offert.

A mon humble avis, un petit pays comme la Côte d’Ivoire aurait seulement besoin de pas plus de 5 ministères centraux, cinq régions de développement du Sud, au Nord, Est, à l’Ouest, et au Centre. Chaque région ou mini province aurait un gouverneur et des départements ministériels décentralisés. Le gouvernement central jouerait un rôle fédérateur par rapport à ces gouvernements décentralisés. Une saine compétition entre ces gouvernements décentralisés serait instaurée. Chaque gouvernement décentralisé serait doté de structures avec des ministres (pas plus de 5 par région) très techniques et orientés uniquement sur le développement socio- économique local (la santé, les routes, l’agriculture, l’éducation, la technologie, l’énergie, etc). En un mot, réorganiser les conseils régionaux en les redynamisant, supprimer les postes de préfets et sous-préfets, et secrétaires généraux de préfectures, postes qui sont trop coloniaux, bureaucratiques, politiques, et même inutiles pour le développement. Il faut véritablement mettre le pays au travail.

Si l’on préfère rester plutôt dans le schéma actuel, alors, il faut réduire les pouvoirs du président de la république afin que les yeux soient moins cristallisés sur ce poste de travail tant convoité; cela éviterait aussi les guerres et autres tensions inutiles. Instaurer l’esprit d’entreprenariat au sein des jeunes et non les utiliser pour tuer et prendre ou conserver un pouvoir. Il faut instaurer le business mindset spirit afin que les jeunes ne voient pas uniquement les concours administratifs (enseignement, fonction publique, police, douanes, gendarmerie, armée, eaux et forêts, ou émigrer en Occident). Les enseigner et les motiver pour qu’ils ou qu’elles gagnent leur vie et même mieux en s’orientant vers la création de leurs propres affaires.

Cependant les gouvernements décentralisés doivent les encadrer en finances et en logistiques dans la transparence et non dans le favoritisme. Les ivoiriens doivent être des hommes et femmes d’affaires qui prennent en main l’économie du pays. Récemment Aliko Dangote, le billionnaire nigerian disait et je cite: “Les économies africaines surtout francophones sont mal parties parce qu’elles reposent sur le bon vouloir de l’extérieur.” La Côte d’Ivoire a un potentiel économique considérable mais ses richesses sont mal exploitées et mal utilisées. Les différents pouvoirs qui se succèdent en Côte d’ivoire nous distraient et reportent à plus tard le développement du pays. Par exemple pour poser la première pierre d’un simple petit tronçon de route à bitumer ou pour offrir cinq cartons de seringues à a un dispensaire, tout le gouvernement se déplace et on en fait la une de l’actualité justement parce que cela n’arrive pas souvent.

A l’exception du régime du Président Houphouët qui a amorcé le processus du développement du pays, je pourrais dire sans risque de me tromper dire que ce processus de développement s’est arrêté à son décès. Depuis qu’il est mort, nous sommes tous préoccupés à nous bagarrer pour le pouvoir. En un mot, nos pays sont trop portés sur la politique et l’administration et on manipule à volonté ceux qui détiennent les armes à ces fins.Travaillons d’abord à récupérer et à améliorer nos économies avant de crier aux créations de nos propres monnaies ou avant de revendiquer nos souverainetés politiques. Tout ca sera la conséquence logique de nos efforts en matière de progrès économique. La plupart des pays émergents (Brésil, Inde, Chine) n’ont pas eu besoin de marcher ni de crier sur les toits pour engager leur processus de développement.

La Chine par exemple s’est plutôt accrochée à sa culture et elle a travaillé son économie et le résultat est là. La Chine est devenue incontournable aujourd’hui. En Afrique, rien de construit ne nous appartient économiquement et on veut revendiquer quoique ce soit. Mettons nous au travail d’abord pour notre économie et progressivement nous allons mieux nous organiser pour revendiquer que que ce soit. Évidemment des gens trouveront la grosse excuse classique qui est que les Blancs ou les français ne laisseront pas faire et j’en conviens. Mais ici encore c’est une équation d’intelligence qui est posée dans ce jeu d’intérêts multiples. Nous devons réfléchir à des stratégies porteuses pour résoudre cette équation au lieu de nous lamenter ou de nous résigner.

Africains, africaines, ivoiriennes et ivoiriens, réfléchissons ensemble sur ce genre de propositions pour nous tourner véritablement vers le développement de nos pays. Particulièrement en Côte d’Ivoire, nous devons quitter dans les sensations et les émotions orientées sur les personnes selon l’ethnie, la région, ou la religion, facteurs négatifs pour le développement. Si nous ne réfléchissons pas sérieusement au développement du pays, de quoi hériteront nos enfants et arrières petits enfants, de nos palabres autour de pro ceci, pro cela?, de pro que sais-je encore? Nous devons mettre en place des institutions de la république soucieuses du bien être des populations dans un système ou le citoyen ne soit pas refoulé parce qu’il ne connaît personne dans un bureau ou il sollicite un papier administratif par exemple, un système qui encadre et protège le citoyen.

Évidemment cette initiative ne viendra pas du pouvoir. C’est plutôt l’opposition et ce qu’on appelle au pays la société civile qui doivent se mettre ensemble et réfléchir sérieusement et dans les détails sur ce genre d’initiatives et aller vers le pouvoir pour plus de lisibilité dans l’intérêt supérieur du pays. Mais ce genre de propositions seront mal appréciées par beaucoup de personnes qui les qualifieraient de propositions de rêveur, de surréaliste simplement parce que les habitudes sont tenaces et tout changement social se heurte toujours à des résistances, une des caractéristiques des lois de la nature humaine.

Merci à tous et à toutes,
Dr. Charles Koudou, Administrateur des Programmes de Santé
Consultant en santé et développement communautaire
USA

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