Côte d’Ivoire: A trois ans de la fin de son dernier mandat, le parti de Ouattara se fissure (Papier d’angle)

Serge Alain Koffi

A trois ans de la fin constitutionnelle du deuxième et dernier mandat de cinq ans d’Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire, son parti, le Rassemblement des républicains (RDR), semble déjà s’empêtrer dans une sournoise « guerre de positionnement » entre certains de ses cadres pour la succession du président ivoirien en 2020.

Si le RDR a jusque là connu une relative cohésion, comparativement aux deux autres grandes formations du paysage politique à savoir le Front populaire ivoirien (FPI, ex-parti au pouvoir) et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-parti unique), l’après-Ouattara risque d’être au vu de dissensions actuelles le détonateur qui va faire voler en éclats la Case des Républicains.

Régulièrement, une partie de la presse et de l’opinion ivoirienne évoquent une guerre de positionnement entre deux clans pour la succession de Ouattara.

Un premier clan dirigé par le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro et un second conduit par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly et le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko.

Le journaliste Bamba Alex Souleymane, l’une des plumes les plus thuriféraires du chef de l’Etat ivoirien, a tenté de minimiser cette crise larvée au RDR en qualifiant d’“incantateurs’’, de “charlatans du dimanche’’ ou encore de “faux prophètes’’ les tenants de la thèse de la guerre des clans.

En novembre 2014, Guillaume Soro lui-même qualifiait de « rumeurs » et de « fantasmes » ses conflits présumés avec Hamed Bakayoko, mais les échanges de piques entre des cadres de premier plan du parti par journaux interposés ces dernières semaines ont accrédité davantage la thèse de la guerre des héritiers.

Le premier à avoir publiquement allumé la mèche est l’ancien ministre des Sports, Alain Lobognon, un soutien reconnu de M. Soro. Dans un message au vitriol posté le 28 février sur sa page facebook, il a pointé “l’amateurisme dans lequel baigne’’ le RDR et décliné clairement son ambition de diriger ce parti.

Quelques jours après, l’ancien ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Fonction publique, Cissé Bacongo, lui emboite le pas en critiquant la composition du bureau politique, l’instance suprême du parti.

“Moi je boycotte les réunions du bureau politique parce que je le dis haut et fort, je ne reconnais pas cette instance dans sa composition qui intègre les prestations d’artistes, les vendeurs d’arachides, de pois sucrés et les vendeurs de cigarettes’’, avait-t-il déclaré récemment, dans une interview publiée dans la presse nationale.

Une sortie qui a eu le mérite de faire bondir le porte-parole du parti, Joël N’guessan, selon qui, “traiter’’ les militants de “vendeurs d’arachides et de cigarettes est un mépris’’.

Depuis, c’est la passe d’armes entre eux, à coups d’interviews et de déclarations dans la presse. Dans une réponse musclée, Cissé Bacongo, sans porter de gants, a qualifié Joël N’guessan “ de trapéziste de haut vol’’ qui “porte plus sa propre parole que celle du RDR’’.

Plus incisif, l’actuel conseiller en charge des questions juridiques de du chef de l’Etat le traite de “prototype de cadres et de responsables politiques sans engagement, ni ferveur, sans foi, ni loi, livrés à tous les vents, dont le parti souffre des comportements empruntés et des discours à mille entrées et mille sorties’’.

Des invectives qui traduisent le malaise au sein du RDR, à quelques semaines d’un congrès qui devrait être consacré au renouvellement des instances dirigeantes. “Ce congrès aiguise les appétits et les ambitions se font jour’’, confie un militant du parti.

Selon une source interne, les anciens ministres de l’Intégration Adama Bictogo, de la Solidarité Gilbert Kafana et Cissé Bacongo sont dans les starting blocks pour le poste de Secrétaire général.

Les deux premiers cités bénéficieraient du soutien d’Amadou Gon Coulibaly, d’Hamed Bakayoko et de Joel N’guessan, tandis Cissé Bacongo, quant à lui, aurait l’appui, en coulisses, de Guillaume Soro.

“La convergence des positions entre Lobognon et Bacongo d’une part et les échanges de piques entre ce dernier et Joël N’guessan d’autre part en sont la parfaite illustration’’, analyse la même source.

Le clan qui aurait le contrôle du parti, serait en pole position pour succéder à Ouattara en 2020 à la tête du pays.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.