Dossier Côte-d’Ivoire Sotra: L’agonie d’un géant (première partie)

Par Connectionivoirienne

Symbole du capitalisme d’Etat façon Houphouët-Boigny, le fleuron du transport urbain, la Sotra n’est plus que l’ombre d’elle-même. Usagers et travailleurs ne comprennent pas comment en moins de deux ans, les bus de la Société
abidjanaise des transports soient devenus invisibles dans les gares et dans les stations. Connectionivoirienne fait une incursion au cœur de cette société qui a fait la fierté des abidjanais même durant les périodes de braise. Aujourd’hui, notre simple constat.

Gares vides, arrêts détruits, quais vétustes et cassés…

Alors qu’elles grouillaient de monde aux heures de pointe (6h, midi et 17h) les gares de la Sotra d’Adjamé, du Plateau, du campus de Cocody, des cités U d’Abobo, de Yopougon Terminus 40, de Marcory Injs etc. sont désormais désertes. Un silence de cimetière y règne. Plus de mouvement de va-et-vient, plus de vrombissement de moteurs à part quelques engins résistants. Les bus ont laissé la place à quelques désœuvrés en errance, aux animaux domestiques et aux fous qui y trouvent une demeure convenable.

A Abobodoumé, à la gare lagunaire, même spectacle. Les quais sont même été détruits sous la poussée des eaux et de la corrosion. La navette entre Abobodoumé et le Plateau, puis entre Treichville et Abobodoumé se réduit à un ou deux bateaux bus. Les autres sont immobilisés faute d’entretien. Pendant ce temps, les bus sont sous cale depuis des mois à l’école de la Sotra à Yopougon zone industrielle, dans les dépôts et dans les autres ateliers de réparation. Faute de pièces de rechange, ils sont dans ses endroits. Et avec la pluie et le soleil, la rouille s’empare des carcasses.

La Sotra est à l’agonie et ce n’est pas l’annonce d’un renfort de 500 bus qui changera la donne. Elle a besoin de bien plus.

Depuis cette crise, les principaux usagers (élèves, étudiants et fonctionnaires) se sont tournés vers d’autres moyens de transport mais plus onéreux. La carte de bus est désormais un vieux souvenir et les parents d’élèves sont obligés de faire un effort financier supplémentaire pour envoyer leurs enfants à l’école.

La Sotra en chiffres

La Société de transports abidjanais, la première en Afrique de l’Ouest est créée le 16 décembre 1960 sous la forme d’une société d’économie mixte dont le capital est détenu à 35 % par l’Etat. Son capital social de 50 millions de FCFA à sa création en 1960, est passé à plus de 3 milliards de FCFA en 1983 et est au-delà de ce montant aujourd’hui. En 2009, société anonyme, son capital est détenu à 60,13 % par l’Etat, IRISBUS/IVECO (39,80 %) et le District d’Abidjan (0,07 %). A la fin de la crise postélectorale, son parc était de 90 véhicules. La Sotra avait particulièrement subi cette crise avec des incendies de bus, des vols avec des bus envoyés à l’extérieur du pays, des destructions en tout genre. La Sotra, jusqu’en 2015, transportait en moyenne 800 mille passagers par jour sur 68 lignes urbaines dont 12 lignes express, 3 lignes de bateau-bus, 2 lignes Taxi-bagages et une ligne école. Elle disposait de 540 autobus et 10 bateaux-bus. Jusqu’en 2012, elle employait 1610 travailleurs.

Tout cela, c’était avant. Le tableau de bord de la société dirigée par Méité Bouaké est plus que sombre aujourd’hui. Et dire que cette société avait commencé a exporté son expertise au Gabon et dans la sous-région, dire qu’elle assemblait déjà ses propres bateaux bus et autobus dans ses ateliers de Koumassi. Quel gâchis !

SD à Abidjan

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