Côte-d’Ivoire 14 ans du journal “Le Temps”: Instant de vérités crues entre Honorat De Yédagne et des barons du Fpi

Par Connectionivoirienne

« Gbagbo est-il au-dessus de la Côte d’Ivoire ? », questionne l’ancien Dg de Fratmat

L’aventure du quotidien d’informations générales « Le Temps » a commencé un 16 avril 2003, un an après le coup d’état mué en rébellion. En ce temps-là, sa mission était d’appuyer « Notre Voie » dans la bataille de l’opinion. Le 16 avril 2017, ce journal réputé pro-Gbagbo et bien coté dans le lectorat ivoirien aura 14 ans.

Les responsables ont décidé de célébrer ces 14 ans. Le lancement des festivités a eu lieu ce lundi 10 avril avec à la clé une conférence inaugurale donnée par l’ancien directeur général de Fraternité Matin, Honorat De Yédagne. « Après 14 ans de combat pour les libertés, quel journal Le Temps face aux nouveaux défis de la démocratie en Côte d’Ivoire ». C’est le thème soumis à son analyse à la suite de Sangaré Abou Drahamane qui venait d’exposer sa perception du sujet à travers son discours.

Honorat De Yedagne est parti de sa propre expérience à la tête de Fratmat, relatant au passage les circonstances de sa nomination alors que « je n’étais pas militant du Fpi » pour inviter « Le Temps » à opérer des choix stratégiques après 14 ans. Dans le décor qu’il plante, il conseille au quotidien bleu de sortir du « consensus ivoirien », selon lequel on soutient des causes pour « remplacer ceux qui sont au pouvoir et manger comme eux ». De Yedagne s’est dit sceptique quant à la capacité des Ivoiriens de sortir de ce consensus car « nous sommes alignés sur des causes qui ne sont pas des valeurs universelles ». Au passage, il a invité le Fpi à un devoir d’inventaire dans sa volonté de reconquête du pouvoir afin d’éviter les erreurs du passé. Le conférencier va plus loin pour inviter Le Temps à se transcender pour être un journal acceptable par tous. Un journal qui respecte la sacralité des faits en sortant de « la culture de l’information partielle et partisane ». Ceci, dit-il, permet d’aller vers une option éditoriale : « être un journal de référence ou un journal de préférence ».
Audacieux, Honorat invite le journal fondé par Nady Bamba à se poser les bonnes questions : «Entre le sacré et la zone de réconfort que choisir ? Est-ce que Gbagbo est au-dessus de la Côte d’Ivoire ? Est-ce que vous faites un combat qui transcende Gbagbo ? »

Ce développement a fait tressaillir plus d’un dans l’auditoire composé de journalistes et de militants pro-Gbagbo. Que ce soit Samuel Harding représentant BB Dadié, Marie Odette Lorougnon, Franck Anderson Kouassi, Sokouri Bohui. Les uns ont reproché au conférencier d’avoir fait une analyse biaisée ne tenant pas compte du contexte sociopolitique de la Côte d’Ivoire quand les autres ont estimé qu’on peut bâtir en Côte d’Ivoire un journal à la fois de référence et de préférence. Et ils se demandent ce qu’aurait été la Côte d’Ivoire si les journaux bleus n’avaient pas refait surface après le 11 avril 2011, temps des brimades, des tortures et des exactions en tout genre. Franck Anderson Kouassi président du Conseil national de la communication audiovisuelle (Cnca) a dit à Honorat De Yédagne qu’il avait été mis mal à l’aise par l’ancien DG alors qu’il était l’un de ceux qui ont fait le lobbying pour sa nomination. Il a dit que, Honorat, par sa trop grande liberté avait oublié que Fratmat avait pour mission de défendre la ligne gouvernementale (c’est lui qui avait enrôlé Venance Konan alors que celui-ci était indésirable à l’Assemblée nationale sous Mamadou Koulibaly qui le traitait de tribaliste invétéré). Pour sa part, Sangaré profitera de la distinction de certains employés pour placer quelques réponses. «Le slogan Gbagbo kafissa (Gbagbo vaut mieux) est déjà un devoir d’inventaire. Nous ferons notre devoir d’inventaire », a-t-il asséné.
« Nous sommes dans le même bateau pour le même combat »

Reprenant la parole, De Yédagne a reprécisé sa pensée en disant qu’il était venu pour exposer sa vision des choses en homme libre et qu’il ne voulait pas de confusion au sortir de cette conférence. Il a reconnu les valeurs de l’homme politique Gbagbo, un homme d’ouverture qui ne lui donnait jamais d’ordre sur l’orientation de Fraternité Matin durant les 5 ans qu’il y a passé même s’il dénonce la manière peu élégante de son éviction à la tête du journal. A ceux qui ont mal compris son message, il répondra : « Nous sommes dans le même bateau pour le même combat. Je soutiens ce combat et je le soutiendrai jusqu’à ce que dans ce pays on n’accède plus au pouvoir par les armes. C’est mon combat, c’est celui de Gbagbo. (…) J’ai d’ailleurs décidé de sortir de mon exil de l’intérieur et nous allons nous rejoindre. Nous allons vous aider à faire le devoir d’inventaire ».

SD à Abidjan

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