Alternance en Côte-d’Ivoire: « Les Ivoiriens ne seront pas patients jusqu’en 2020 » (Boubacar Koné)

Les Ivoiriens ne seront « pas patients » jusqu’aux élections de « 2020 », selon Boubacar Koné, le porte-parole de la frange du Front populaire ivoirien (FPI, opposition) conduite par conduite par Abou Drahamane Sangaré, ajoutant que son camp est « prêt à gérer » la Côte d’Ivoire, « quel que soit le moment où l’alternance doit s’imposer », dans une interview dimanche à ALERTE INFO.

Après la disparition de la CNC (Coalition nationale pour le changement), du front du refus, dont vous étiez membres, qu’est-ce qui vous fait croire que cette nouvelle alliance que vous avez créée jeudi, sera viable ?
Ce sont des coalitions qui sont nées dans des périodes électorales, leur vie est toujours éphémère, une fois l’élection terminée il n’y a plus d’objet. Quand il n’y a plus d’objet, la structure meurt de sa propre mort. C’est pour cela que la CNC et le Front du refus ont disparu. Notre particularité dans ces deux coalitions, c’est que nous n’étions pas candidats, nous y étions pour nous battre, pour rassembler les meilleures conditions possibles pour des élections transparentes.
Cette fois-ci il n’y a aucune élection en vue, le contexte politique a été clarifié. Nous y allons avec tous ceux qui reconnaissent que c’est Gbagbo qui est le référent idéologique, tous ceux qui adhèrent aux valeurs pour lesquelles Laurent Gbagbo s’est battu. Pour cette alliance-ci, ne sont parties prenantes que ceux qui sont convaincus de sa philosophie politique, qui ont mené le combat ensemble pour sa libération, la libération de tous les prisonniers politiques et le retour de tous les exilés.

Cette coalition vise aussi la reconquête du pouvoir en 2020….
C’est une évidence, que vaut un parti qui ne se bat pas pour gérer l’Etat ? Nous parlons de reconquête du pouvoir d’Etat, parce que nous y étions déjà et nous en avons l’expérience. Nous voudrions revivre avec les Ivoiriens ce qu’ils ont tant aimé et ce qu’ils regrettent, c’est un contrat nouveau que nous voulons lier avec la Côte d’Ivoire, pour que la Côte d’Ivoire redevienne elle-même, pour que le pays ne reste pas en lambeaux.

Jusque-là, vous avez refusé de participer à toutes les élections en Côte d’Ivoire, pourquoi avez-vous décidé de participer au jeu électoral ? Les conditions ont-elles changé ?
Ce n’était pas des scrutins, or nous nous voulons participer à des scrutins. Il est évident que des gens qui viennent par des voies de la violence, ne croient pas en la démocratie, en la voie des urnes. C’est pourquoi, ils prennent des raccourcis, nous n’avons pas voulu nous prêter à ce jeu macabre.
C’est pourquoi, nous avons toujours réclamé d’abord des conditions justes, démocratiques. C’est ça notre premier combat, il demeure. En deuxième lieu, en tant que force politique, il y a la majorité affective et peut-être sociologique dans ce pays, nous ne pouvons pas demeurer en dehors de notre capacité à gérer le pays.
En d’autres termes, il nous faut aller à la rencontre des attentes des Ivoiriens, ils veulent que la démocratie revienne, que le FPI redéploie son programme auquel ils ont adhéré si facilement. Comment coïncider la nécessité de répondre à cette attente et le combat pour des élections justes et transparentes ? C’est ce défi que nous nous lançons à nous-mêmes.
C’est pourquoi nous visons la reconquête du pouvoir d’Etat au plus tard en 2020. Notre président par intérim, le professeur Sangaré, dit bien que 2020 c’est l’échéance que la Constitution fixe, avec tous les maux qui minent la Côte d’Ivoire et l’incapacité (du pouvoir) à diriger le pays, à partir de cet instant, nul ne connait ni le jour ni l’heure. A tout moment, nous pouvons être appelés à gérer ce pays, et donc nous nous apprêtons.

Pourquoi 2020 au plus tard ?
Ça veut dire que 2020, c’est ce que la Constitution a fixé, or le pays est tellement en difficulté et les Ivoiriens sont tellement révoltés qu’il se pourrait qu’ils ne soient pas patients jusqu’en 2020, or nous disons que quel que soit le moment où l’alternance doit s’imposer à la Côte d’Ivoire, nous, nous sommes prêts.

Pourquoi une alliance pour la reconquête du pouvoir ? Est-ce à dire que le FPI ne peut pas gagner seul des élections ?
Dans notre histoire nous nous sommes toujours alliés à d’autres, parce que c’est la philosophie de gauche qui le veut. En 2000, nous avons gagné tout seul, là où nous avons échoué en alliance. L’alliance n’est pas une fatalité, c’est une nécessité historique et philosophique. Nous y sommes parce notre identité nous y oblige, sinon nous connaissons nos forces, et nous savons très bien de quoi nous sommes capables.

Cette force peut-elle vaincre celle du RHDP ?
Absolument puisque nous les avons déjà vaincu, à deux reprises. C’est pourquoi la charte de EDS dit dans son préambule que se sont réunis, ceux qui reconnaissent qu’en 2010, c’est le président Gbagbo qui a gagné l’élection. Ceux qui sont encore dans d’autres débats, ne peuvent pas faire partie de cette plateforme. Nous partons du fait que ceux qui sont là, y sont par coup d’Etat, et des circonstances violentes. C’est une parenthèse que nous avons le devoir de refermer le plus rapidement possible, c’est de cela qu’il s’agit.

La plateforme est un mouvement qui rassemble les partisans du président Laurent Gbagbo, avez-vous approchez M. Affi ?
Affi N’Guessan a été exclu du FPI, donc nous ne pouvons pas l’approcher. Si nous l’approchons, nous sommes en faute et nous sommes dans un cas d’indiscipline, par rapport aux décisions du congrès. Nous considérons que M. Affi appartient à autre chose, et c’est lui-même qui va dire l’identité de ceux à quoi il appartient, tôt ou tard il va le faire.

Et si c’est lui qui vient vers vous ?
Nous n’allons pas le recevoir, parce que nous n’allons pas nous mettre en porte-à-faux avec la décision du congrès, qui est l’instance suprême, la décision du congrès est revisitée tous les trois ans, nous ne sommes qu’à un an et demi, nous la respectons jusqu’au prochain congrès, si le prochain congrès décide autre chose nous allons respecter.

Nous avons appris par voie de presse que Amani N’Guessan aurait été empêché d’être reçu par Laurent Gbagbo à La Haye, quel est votre commentaire ?
Empêché par qui, je n’en sais rien, mais je ne sais pas s’il mérite de le voir, parce qu’il n’est pas des nôtres. Aujourd’hui, il fait partie de ceux qui se sont exclus d’eux-mêmes, ils viendront d’eux-mêmes. Moi je trouve incongru d’aller bavarder à la périphérie, alors que personne ne les a exclus.

EFI
Alerte info/Connectionivoirienne.net

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