Le poker-menteur de Boikary Fofana en Côte-d’Ivoire: Il accepte aujourd’hui ce qu’il refusait de faire hier (autorité bafouée)

Par Connectionivoirienne

Mission de bons offices à Bouaké –

Entre janvier et février 2017, l’Etat de Côte d’Ivoire, en toute responsabilité prenait des engagements avec les soldats mutins qui réclamaient des primes et autres avantages pour services rendus au pouvoir actuel.

12 millions de FCFA à chaque soldat dont 5 millions payés cash et les 7 autres échelonnés sur 7 mois.

En avril, cela va faire trois mois que le million de FCFA censé être versé à chaque soldat par mois n’est pas viré au grand dam des anciens rebelles reversés dans l’armée nationale.

Cette situation crispe à nouveau la relation de bonne entente entre le pouvoir et ses chouchous qui n’en peuvent plus d’attendre plus longtemps. C’est dans cette atmosphère lourde et dans un contexte de tension de trésorerie qu’une délégation d’imams ivoiriens est arrivée à Bouaké pour une mission de bons offices. Celle-ci n’a pas atteint les objectifs escomptés et les imams sont rentrés sans convaincre les militaires à redoubler de patience, le temps que le pays qui organise les jeux de la francophonie finisse avec cet événement. Si l’on en croit les différents articles de presse sur cette mission de Bouaké, l’imam Boikary Fofana, autorité religieuse qui a fini par s’imposer comme seul leader de la communauté musulmane de Côte d’Ivoire, et les ex-mutins se sont quittés en queue de poisson sans accord minimum. Hormis la seule volonté des soldats de ne rien faire pour l’instant qui perturbe les activités du gouvernement.

Selon un correspondant de presse sur place à Bouaké que Connectionivoirienne a pu joindre, la délégation de l’imam qui est arrivée à Bouaké dimanche 23 avril 2017 à Bouaké avec gyrophares et sirène a pu s’entretenir lundi avec les soldats à la mosquée de Dougouba à Bouaké. Cette réunion qui a achoppé sur le délai du paiement des primes, devait avoir un deuxième round mardi. En vain, l’imam et sa délégation ont attendu les soldats qui n’ont pas daigné honorer le rendez-vous, toujours selon ce correspondant local.

Boikary Fofana décide donc de regagner Abidjan mercredi, son autorité bafouée et son honneur entaché.

La question qui se pose n’est pas tellement cet échec de l’imam dans sa volonté de prévenir une autre déflagration après ce que les populations de Bouaké ont connu en tout début d’année.

La question c’est, pourquoi l’Etat de Côte d’Ivoire tente-t-il de se cacher derrière un religieux fut-il un leader bien écouté au sein de la communauté musulmane de Côte d’Ivoire ? Il y a là un amalgame entre les affaires de la République et les affaires religieuses. Depuis quand ce pouvoir est-il devenu attentif à la démarche des leaders religieux qui, à plusieurs occasions, ont demandé à Alassane Ouattara de normaliser la situation sociale en Côte d’Ivoire en accédant à certaines de leurs doléances, notamment la libération des prisonniers politiques, des actes forts en faveur de la réconciliation nationale et bien d’autres ? Que ce soit les guides religieux musulmans, que ce soit les guides chrétiens, tous n’ont de cesse d’appeler à une décrispation. Le pouvoir y a toujours répondu par le mépris ou par une fin de non-recevoir.

Voici aujourd’hui l’Etat de Côte d’Ivoire qui instrumentalise les guides religieux musulmans dans une affaire où, de prime abord, ils ne sont partie prenante et dans un rôle qui n’est pas le leur. Que peut leur autorité morale et spirituelle dans une affaire où il faut décaisser des milliards de FCFA ?

Hier, en pleine division du pays coupé en deux par une rébellion, ces mêmes guides avaient pourtant décidé d’opter pour l’indifférence s’ils n’épousaient, pour certains, la cause de la rébellion. En ce moment-là, ils ignoraient peut-être de bonne foi, que leur autorité pouvait jouer en faveur d’un apaisement et d’un rapprochement des Ivoiriens. Les voici dans un rôle qu’ils n’avaient pas voulu jouer en dépit d’une situation dans laquelle leur voix pouvait compter. Sans le deviner d’avance, Boikary Fofana et les siens se sont embourbés dans un pétrin en acceptant de se prêter à ce jeu du pouvoir qui tente de gagner du temps dans un dossier qu’il aurait dû négocier autrement que de vite céder au chantage de ses enfants gâtés.

SD à Abidjan

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