En Côte-d’Ivoire une armée hétéroclite qui suscite la défiance dans le pays

Des soldats ivoiriens mutinés à l’entrée de Bouaké le 14 mai 2017.
© ISSOUF SANOGO / AFP

Par RFI

En Côte d’Ivoire, l’armée actuelle résulte de l’agrégation il y a six ans des militaires loyalistes et de milliers de combattants rebelles, souvent dirigés par d’ex-comzones devenus riches et puissants. Une armée hétéroclite qui, si elle ne faisait pas forcément la fierté des Ivoiriens ces dernières années, suscite même, après deux mutineries, la défiance, voire la peur au sein de la population.

Cette deuxième mutinerie en quatre mois a achevé de jeter le discrédit sur l’armée ivoirienne. Une armée hétéroclite constituée d’ex-rebelles incontrôlables et trop enclins à donner de la voix selon Hilaire Mazou, docteur en sociologie à l’université de Bouaké.

« On n’a pas d’armée véritable en Côte d’ivoire. Nous sommes aujourd’hui assis sur une véritable poudrière, explique l’universitaire. Avec les comzones aujourd’hui, nous sommes dans une situation de reconnaissance où des individus ont travaillé pour d’autres individus. Aujourd’hui, il faut les recaser, les mettre quelque part pour les récompenser. On ne peut rien faire avec cette armée, l’armée, c’est la discipline et le respect de la hiérarchie. Mais cette armée est devenue pour nous un danger. Il y a même un conflit latent entre l’armée et la population. On a même parfois honte de dire qu’un de nos proches est dans l’armée ».

Indiscipline, incompétence, dangerosité… Ce militaire, mutin il y a une semaine, qui souhaite garder l’anonymat, rejette ces accusations : « Au-delà, de cette mutinerie, c’est nous qui faisons encore la sécurité partout en Côte d’Ivoire sur les frontières et qui surveillons ce pays contre toute attaque extérieure, affirme-t-il. Nous sommes très disciplinés, nous adorons notre travail, mais en même temps, nous voulons avoir toutes les conditions réunies pour bien mener ce boulot ».

Un sentiment loin d’être partagé par les civils en Côte d’Ivoire.

C’est suite aux frustrations et aux indignations, qui, moi, personnellement et comme d’autres personnes, que j’ai été poussé à intégrer les Forces Nouvelles pour se faire respecter

Cliquez pour écouter le [Reportage] de RFI Portrait type d’un soldat ivoirien mutin
Par Pierre Pinto

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