Alassane Ouattara, l’armée et la Cocotte-Minute en Côte-d’Ivoire

Wakat Séra – Ouagadougou Source: Courrierinternational.com

Abidjan un jour, Abidjan toujours. C’est la philosophie de la belle capitale ivoirienne qui s’apprête à offrir cette hospitalité dont elle a le secret à plus de 4 000 participants, à l’occasion des 8es Jeux de la Francophonie qu’elle accueille du 21 au 30 juillet.

Tout est fin prêt, et en attendant de démarrer cette rencontre d’échanges sportifs et culturels par le canal de la langue de Molière, Alassane Ouattara s’offre un saut de puce chez son voisin du Burkina Faso, ce lundi 17 juillet. À Ouagadougou, le chef de l’État ivoirien, en compagnie de son hôte burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, et de leurs gouvernements respectifs travailleront sur les grands chantiers communs à leurs deux pays, unis par l’histoire, la géographie et la politique.

Mais le chef de l’État ivoirien, pris dans la tourmente des mutineries qui n’en finissent pas et la guerre de positionnement pour la présidentielle de 2020 qui fait rage dans son pays, aura-t-il véritablement le cœur à l’ouvrage ? Rien n’est moins sûr.

Entre tension sécuritaire et pression politique, le mélange explosif qui se met en place en Côte d’Ivoire n’a rien de rassurant pour Alassane Ouattara. Depuis qu’il a annoncé qu’il ne briguera pas un troisième mandat [une promesse faite avant sa réélection en 2015 et réaffimée en janvier dernier], celui qui a remis l’économie de son pays à flot et réalisé de grands chantiers infrastructurels qui font la fierté d’une Côte d’Ivoire dévastée par une guerre civile et une violente et sanglante crise électorale [2010-2011] ne connaît plus la paix.

“ADO le problème”

La température a davantage grimpé avec les modifications constitutionnelles opérées sous la houlette de celui qui est passé de “ADO la solution”, slogan de sa campagne électorale, à “ADO le problème” [en référence aux initiales d’Alassane Dramane Ouattara]. Le train de la réconciliation nationale n’a jamais quitté la gare. Pis, les réformes institutionnelles [adoptées par référendum le 30 octobre 2016] – qui ont créé un poste de vice-président et par ricochet dépouillé le président de l’Assemblée nationale [Guillaume Soro] de l’attribut de dauphin constitutionnel – sont passées par là. Tout comme les dernières fatwas contre les proches de Guillaume Soro, ou du PDCI [parti allié au Rassemblement des républicains, RDR, au pouvoir], limogés à tour de bras…

La guerre désormais ouverte entre Ouattara et Soro, les anciens amis pour la conquête du pouvoir qui était entre les mains de l’ex-président Laurent Gbagbo [2000-2011], et surtout les suspicions de trahison entre anciens alliés du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix [le RHDP, le PDCI et le RDR ont formé, en 2005, cette alliance se réclamant du fondateur du pays, Félix Houphouët-Boigny] sont autant d’ingrédients qui donnent des nuits blanches au président ivoirien.

Cela ne fait plus l’ombre d’un doute, Alassane Ouattara connaîtra une fin de mandat très mouvementée et, au lieu de sortir triomphalement de l’arène où sont en train de l’abandonner ses soutiens d’hier, il pourrait bien quitter les affaires par la plus petite des portes. Comble de tout, il pourrait bien passer dans cet anonymat qui constitue la hantise de ces hommes qui ont toujours occupé les devants de la scène et sont persuadés d’avoir réalisé de grandes choses pour leur pays.

Cailloux dans les chaussures

Et la détention sans fondement de Laurent Gbagbo [jugé pour crimes contre l’humanité], qui pourrait connaître un autre tournant, soit par la liberté conditionnelle, soit la résidence surveillée pour le célèbre prisonnier de la Cour pénale internationale (CPI), risque d’en ajouter au calvaire de Alassane Ouattara. Les cailloux, le RDR et son champion en ont désormais trop dans leurs chaussures. Car le jeu des rapprochements entre amis d’avant devenus ennemis hier, en train de redevenir amis de demain, sera fatal à Alassane Ouattara, si le statu quo fait de mutineries et de grèves demeure.

Pourtant, l’homme avait toutes les cartes en main, avec, à ses côtés, le président du Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), Henri Konan Bédié et le chef de l’ex-rébellion [qui porta Alassane Ouatarra au pouvoir en 2011], Guillaume Soro, qui lui ont offert le pouvoir pratiquement sur un plateau d’or.

L’émancipation de Ouattara au détriment de la survie de ces anciens amis passera difficilement. La lagune Ebrié [à Abidjan] sera bien agitée dans les jours prochains. Pourvu que tout se passe dans les règles de l’art pour éviter à la Côte d’Ivoire de replonger dans la violence.

Morin Yamongbe

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13 réflexions au sujet de “Alassane Ouattara, l’armée et la Cocotte-Minute en Côte-d’Ivoire”

  1. « Pourtant, l’homme avait toutes les cartes en main, avec, à ses côtés, le président du Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), Henri Konan Bédié et le chef de l’ex-rébellion [qui porta Alassane Ouatarra au pouvoir en 2011], Guillaume Soro, qui lui ont offert le pouvoir pratiquement sur un plateau d’or. »

    Cet extrait résume à lui seul tout le drame d’un homme qui s’est cru omniscient, a tenu à être omniprésent, s’est persuadé d’être omnipotent et a cochonné toutes ses chances d’entrer dans l’Histoire par la grande porte en laissant après lui un pays réconcilié. Hélas, 3 fois hélas. Les mômes en Côte d’Ivoire disent « si je savais n’a pas de QUE » (ou de QUEUE, c’est selon).

  2. « Il faut que Ouattara reflechisse bien avant d’abandonner ce pays à des troubles en 2020. Il a le droit d’etre candidat en 2020 pour son premier mandat de la troisième république. »

    Le mot est jeté !!

    Le fléau Burundais guette ce pays !!

    Et connaissant mon ami @pisse, il est évident que l’on se retrouvera dans la partie grise de la constitution, des lois que l’on interprète comme chacun le voudra !!

    Premier mandat de la république de KONG !!

    Hummm…

    Epilogue !!

  3. T’ai-je traumatisé autant ? Il t’est impossible de passer un jour ou faire un post sans en référer à @Peace101/011. Ton obsession est flatteuse. Si tu consacrais ne serait-ce que 1% de cette obsession à ta vieille, elle s’en porterait mieux. Crois-moi !

    Oui, tu commences à comprendre le concept de « zone crise » qui existe partout même dans les démocraties multiséculaires. Voilà pourquoi dans tout pays il y’a des cours suprême et/ou constitutionnelle. Par ailleurs, j’ai bien stigmatisé, voire déploré, en son temps le manque de mesure transitoire précise quant à l’éligibilité du président actuel. Je ne mixe jamais mes vœux si pieux soient-ils à la réalité, aux faits. Dans cette Constitution RIEN absolument RIEN n’empêche l’actuel président de se présenter encore. Personnellement, je ne souhaiterai pas il faut d’autres générations de leaders à mon sens.

    Allez, ma chiotte qui me suit, son maitre, partout, allons-y… La polémique comme ton diner de ce soir te sera servi.

    Clown !

  4. Du Front des pisseurs ivoiriens (FPI)…Pisse encore, plus fort…Allez…

    S.AU.V.A.G.E.

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