Pour plaire à Macron, les parlementaires africains étalent leur ignorance et leur nuisance

Nathalie Yamb | LIDER | 23 juillet 2017

Les dirigeants africains sont forts ! Un coup de gueule d’Emmanuel Macron et ils s’exécutent pour faire baisser le taux de fécondité de la femme africaine qui, selon Macron, est de 7 à 8 enfants en moyenne par femme, à 3. Extraordinaire !

Pourtant, quand le même président français les a nargués et infantilisés à propos du franc cfa, ils n’ont produit aucune résolution concernant leur fantomatique projet de monnaie unique ouest africaine.

Le point commun des deux attitudes, c’est l’appât de l’aide publique au développement. Vous baissez le taux de fécondité et vous aurez de l’aide. Vous sortez du franc cfa et vous n’aurez pas d’aide.

Si l’indécent et aplaventriste comportement des parlementaires africains face à la carotte du chantage agitée par les Européens et la France en particulier, est sidérant, il existe quand même des points de soulagement :

1) Les parlements n’ont aucun pouvoir dans les pays de la Cedeao en général.

2) Si les résolutions de la Cedeao pouvaient changer des choses en Afrique de l’Ouest, on l’aurait depuis longtemps expérimenté avec la libre circulation des hommes et des marchandises. On l’aurait vu avec la monnaie unique ; on l’aurait vu avec l’Ecomog (l’armée commune) ; on l’aurait vu avec l’intégration régionale ; on l’aurait vu avec les résolutions de conflits et la gestion des crises politiques ; on l’aurait vu avec les grands succès contre le terrorisme de Boko Haram, Aqmi et autres ; on l’aurait vu avec les transitions démocratiques ; on l’aurait vu avec l’application du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance… on l’aurait vu sans aucun doute.

Ces parlementaires ne se posent même pas la question de la pertinence des chiffres avancés par Macron, qui sont archi-faux.

Le taux de fécondité moyen en Afrique est de 4,7 enfant par femme. Seul le Niger a une moyenne de 7,6 enfants par femme.

Que représentent 80 millions de Congolais sur un territoire de 2,345 millions km², là où 82 millions d’Allemands vivent sur 357.377 km² ?

Le Gabon compte 2 millions d’habitants pour une superficie de 267.667 km², là où la Belgique en compte 11 millions pour 30.510 km².

Que dire de la Namibie et ses 2,5 millions d’habitants pour 825.615 km², là où la France totalise 67 millions d’habitants pour 547.030 km² ?

186 millions de Nigérians vivent sur un territoire de 923.768 km², alors que 168 millions coexistent au Bangladesh sur 147.570 km².

Un seul pays asiatique, l’Inde, avec ses 1,325 milliard de personnes pour 3,287 millions km², supplante l’Afrique toute entière, pourtant dix fois plus grande avec ses 30,370 millions km² pour 54 pays, mais qui ne totalise que 1,216 milliard d’habitants.

Cela dit, les profondes lacunes de culture générale d’Emmanuel Macron sont connues. Pouvait-on dès lors vraiment attendre autre chose de la part du très mal élu nouveau président français qui ignore que la Guadeloupe fait partie de la France et qui considère la Guyane comme une île?

Le problème de l’Afrique n’est pas démographique, ou en tout cas pas dans le sens où Macron l’a évoqué. Car au regard des chiffres précités, l’Afrique est sous-peuplée.

Le problème de l’Afrique réside principalement dans la mauvaise gouvernance et dans les inepties et la nuisance de ses dirigeants, aux rangs desquels les parlementaires du Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo, Cap-Vert, Mauritanie et Tchad, qui se sont réunis pour exprimer leur volonté de légiférer sur le ventre des femmes du continent.

Ils ne se posent pas la question de comment émanciper leurs concitoyens de la pauvreté sans l’aide publique internationale invalidante. Ils ne se demandent pas comment sécuriser la famille et la petite enfance. Ils préfèrent maintenant dicter aux populations combien d’enfants par famille elles doivent avoir. Incapables de faire le travail qui est le leur, à savoir contrôler l’action du gouvernement, ils se mettent du côté du gouvernement pour contrôler leurs électeurs.

À quand la fin des principes démocratiques penchés et inversés en Afrique ? À quand le réveil des populations, si promptes à se laisser endormir par des futilités et à se désintéresser de la politique? Comme le disait Platon : «Le prix que les hommes bons payent pour leur indifférence à l’égard des affaires publiques est d’être dirigés par les hommes mauvais.»

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