Arrestations politiques en Côte-d’Ivoire: Au moins « 75 familles toujours sans nouvelles de leurs proches »

Par Connectionivoirienne

Des révélations sur la mort du prisonnier Tondé Bonfils à la Maca

Commencées depuis l’avènement d’Alassane Ouattara au pouvoir, les arrestations sur fond de délit d’opinion se poursuivent jusqu’à ce jour, selon l’Association des Familles et femmes des détenus d’opinion de Côte d’Ivoire (Affdo-Ci) qui était face à la presse samedi.

Dans son propos liminaire, Désirée Douati présidente de ladite association a dénoncé la précarité dans laquelle vivent les détenus d’opinion dont certains n’ont toujours pas rencontré un juge depuis plus de cinq ans. « C’est avec le cœur serré et meurtri que j’annonce que tous nos parents détenus dans près de dix prisons sont devenus de grands malades et donc des mourants ambulants. Pire et plus inhumain est que rien n’est fait pour leur permettre de retrouver la santé. Nous avons le net sentiment qu’il y a une volonté sourde de les conduire au pire », a dénoncé la conférencière.

Elle a donné des chiffres sur des enlèvements opérés par des personnes non identifiées. « A ce jour, 75 familles sont à la recherche de leurs parents. Enlevés nuitamment à leurs domiciles ou sur leurs lieux de travail, ces personnes sont introuvables depuis plus d’une semaine. Nous demandons au pouvoir de nous rendre nos parents », a-t-elle indiqué avant d’inviter des parents ou proches de détenus ou de prisonniers décédés à s’adresser aux journalistes pour des témoignages.

« Nous sommes fatigués ! Qu’on libère nos parents »

Il ressort des propos recueillis qu’une jeune fille du nom de Bossé Sylvie Mélaine a été arrêtée le 24 février 2017 alors qu’elle était employée de maison d’une famille libanaise. Selon la version des faits livrée, son numéro de téléphone aurait été identifié après traçage d’un téléphone volé lors d’une attaque d’une brigade de gendarmerie. Pourtant le voleur du téléphone lui-même, Ange Dakpa a été retrouvé et arrêté. Sylvie a été innocentée par les enquêteurs eux-mêmes mais reste toujours détenue à la Maca après un passage à la Direction de la surveillance du territoire (DST), toujours aux dires du témoin. Quant à une proche d’un autre prisonnier du nom de Daléba, elle raconte comment celui-ci fut bastonné, maltraité et laissé sans soin jusqu’à perdre pratiquement la vue.

Un autre témoignage a été fait au sujet du prisonnier Tondé Bonfils, ancien cuisinier marin, décédé le 29 juin 2017 à la Maca. Il avait été condamné à 10 ans de prison en assises en 2015. Selon son proche, sur l’acte de décès qu’il a reçu des responsables de l’hôpital de la Maca, le décès de M. Tondé serait le fait d’une intoxication alimentaire le 28 juin. Or, selon son parent, la famille n’a pas envoyé de la nourriture au prisonnier ce 28 juin. Il attend toujours des explications.
Entre pleurs et lamentations, tous ceux qui ont pris la parole n’avaient qu’une expression de dépit à la bouche : « Nous sommes fatigués ! Qu’on libère maintenant nos parents ». « Aujourd’hui, nos familles sont disloquées, nos enfants ne vont plus à l’école. Nous sommes pour une loi d’amnistie », ont fait savoir d’autres proches de prisonniers.
Les organisateurs de cette conférence à la veille de la fête de l’indépendance croyaient parler à la sensibilité des dirigeants du pays. Alassane Ouattara dans le traditionnel message à la nation, le 6 août 2017, n’en a soufflé aucun mot, il n’a non plus prononcé aucune grâce présidentielle.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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