Immigration en Côte-d’Ivoire: Pourquoi la carte de séjour revient, les explications d’un agent de l’ONI

Par Connectionivoirienne

La carte de séjour ou par euphémisme « carte de résident » est de nouveau mise au goût du jour suivant un décret présidentiel. Sans bruit ni communication excessive, l’Office national d’identification (Oni) s’attèle à mettre en application un projet qui devrait soulager les caisses de l’Etat. Le 14 août était la date indiquée à partir de laquelle les étrangers établis sur le sol ivoirien devraient se munir de ce papier pour avoir le droit de résider chez nous.

A quoi répond cette décision du gouvernement ivoirien après la réforme du code de la nationalité dont l’un des points forts était la naturalisation par déclaration ?
Selon un agent de l’Oni qui a requis l’anonymat, ce titre d’identité s’imposait pour une simple question de réciprocité. Des Ivoiriens résidant dans des pays d’accueil, relève-t-il, sont soumis à des sommes exorbitantes pour acquérir des titres de séjour dans lesdits pays. « Pourquoi on n’équilibrerait pas les choses chez nous ? La gesticulation des uns et des autres est infondée. Ils veulent saper les efforts de l’Oni à doter le pays d’un état civil fiable, débarrassé des faussaires», s’acharne-t-il contre les détracteurs.

300 mille FCFA contre 6 mille francs seulement !

La carte de résident dans sa forme actuelle concerne les non-nationaux hors Cedeao. Elle vient remplacer le « Titre provisoire de séjour (Tps) » qui jusque-là était le seul document délivré aux non-nationaux hors Cedeao et sa validité était d’un an renouvelable. La nouvelle carte de résident selon les mêmes explications, aura une validité de 5 ans. Elle coûtera 300 mille FCFA au lieu de 6 mille francs pour le Tps. « On veut maintenant appliquer à la lettre ce que le décret dit », précise notre source.

Toutefois, des ressortissants de certains pays comme la France en seront exemptés. Et notre interlocuteur de préciser : « En raison des accords de coopération qui lient notre pays à la France, le politique a décidé de réduire le coût pour les français et les religieux ». Quels sont ces accords ? A cette question l’agent que nous avons interrogé s’est gardé d’apporter une réponse précise, arguant que cela relève du gouvernement. On le sait, la Côte d’Ivoire reste liée à l’ancienne puissance colonisatrice par la signature de plusieurs accords publics ou secrets. Mais la France ne s’est pas empêchée d’imposer le visa et la carte de séjour aux Ivoiriens résidant sur le sol français. La non-possession de cette fameuse carte de séjour vaut expulsion du territoire français. La Côte d’Ivoire a choisi ici de ne pas appliquer la règle de la réciprocité.
Pour la petite histoire, c’est sous Houphouët-Boigny entre 1990 et 1993 que la carte de séjour a été imposée aux ressortissants étrangers vivant en Côte d’Ivoire. Le premier ministre d’alors, Alassane Ouattara en avait fait un de ses chantiers majeurs dans le cadre de sa politique de redressement économique. Elle a été supprimée par Laurent Gbagbo pour les ressortissants de la Cedeao pour, selon lui, limiter la fraude sur la nationalité ivoirienne. Elle aura néanmoins constitué une intrigue politicienne.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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