Quand Kandia Camara botte en touche en Côte-d’Ivoire: Pourquoi la FESCI a raison

Par Connectionivoirienne

« En politique, on ne résout pas les problèmes, on les déplace ». Cette vieille maxime, notre ministre en charge de l’Education nationale Kandia Camara l’affectionne bien. Selon une information relayée en début de soirée, jeudi, des poursuites judiciaires sont annoncées contre le secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) pour fait de casse dans des établissements scolaires.

Depuis lundi, premier jour de rentrée, le syndicat des élèves et étudiants a déclenché un mouvement de grève contre les frais d’inscription jugés anarchiques et élevés. Mercredi, une répression sauvage s’est abattue sur les meneurs de la grève qui a fait trois blessés, selon la Fesci elle-même. Dans son communiqué, l’organisation syndicale fait cas de tirs à balles réelles sur les manifestants au cours de l’intervention de la police.
Le gouvernement est resté muet non seulement sur les revendications mais également sur l’usage de balles réelles dans une opération de dispersion de marcheurs. Pis, comme pour narguer les grévistes, la Rti au cours de son JT de 20 heures lundi, a jugé bon de donner la parole à un parent d’élève ami pour justifier les frais dénoncés.

En décidant de lancer des poursuites contre la Fesci et ses dirigeants, la ministre Kandia botte en touche la revendication première des élèves pour susciter une revendication secondaire : la levée des poursuites contre le SG si elles venaient à être mises à exécution. C’est une constance chez Kandia Camara. En 2016, elle avait choisi la répression face aux instituteurs qui grognaient contre les cours de mercredi. Plusieurs directeurs d’école avaient perdu leurs postes.

La grève lancée par la Fesci lundi n’est pas une surprise pour autant. Le mouvement dirigé par Assi Fulgence avait donné l’alerte en marge de la réunion de rentrée présidée par la ministre quelques jours avant. La Fesci rejetait les frais d’inscription élevés et invitait le gouvernement à les supprimer au risque d’une rentrée scolaire perturbée. Cet appel n’a pas été entendu et aucun appel à la discussion n’a été initié par le gouvernement. Et ce qui devait arriver arriva.

La situation sur le terrain

La Fesci est-elle en droit de lancer cette énième revendication ? A la vérité, depuis les premiers mouvements lundi, les parents d’élève, du moins ceux qui interviennent sur les réseaux sociaux, sont opposés dans leur grande majorité aux frais d’inscription anarchiques. Tous dénoncent mais se résignent et ce, depuis 2012. Depuis cette année, le gouvernement a initié les inscriptions en ligne confiées cette année-là à l’opérateur privé (proche du pouvoir) Celpaid. Initialement, il s’agissait de maîtriser le flux d’élèves et établir un fichier clair de la population scolaire. Cela fait cinq ans que l’inscription en ligne dure et le gouvernement n’ose plus communiquer là-dessus pour justifier la poursuite de cette affaire, devenue un gros business pour les opérateurs de téléphonie mobile.

Pour s’inscrire en ligne, l’élève du privé débourse 3000 FCFA quand celui du secondaire public paie 6000 FCFA. Ici, les établissements privés qui ne veulent pas être perdants dans le business ajoutent eux aussi 500 F quand l’élève choisit de faire cette inscription dans l’établissement qu’il veut fréquenter. C’est la première dépense à laquelle doit faire face le parent avant d’honorer les autres dépenses de la liste. En tête de celles-ci, une inscription physique qui varie selon les établissements (public ou privé). Au privé cette inscription est généralement au-dessus de 20 000 F et varie selon le standing de l’établissement et selon que l’élève est affecté ou non par l’Etat.

A titre d’exemple, une fiche de renseignement d’un établissement consultée par connectionivoirienne dans le cadre de cette affaire fait apparaître les rubriques suivantes :

– Inscription en ligne : 3 500
– Inscription (affecté de l’état : 25 000) ; non affecté : 30 000
– Frais annexes : 20 000
– Prévoir papier rame ou 3 000 pour les 3e et Tle ; boîte de craie Robercolor ou 3000 pour les autres
– 8 photos d’identité (à faire à l’école) : 2000
– Premier versement à l’inscription : 25 000 (6e à la 3e) et 30 000 (2nd à la Tle)

Tout compte fait, le parent doit miser au moins 78 500 FCFA pour que son enfant débute les cours. Ce n’est là qu’un exemple parmi tant d’autres et les établissements publics participent à cette escroquerie qui ne dit pas son nom. L’Etat a laissé faire depuis des années ce commerce inégal. Fondateurs et autres chefs d’établissement s’en donnent à cœur joie. Voici ce que rejette la Fesci. Une pratique qui chaque année exclut d’office des milliers d’écoliers du système éducatif faute de moyens.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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9 réflexions au sujet de “Quand Kandia Camara botte en touche en Côte-d’Ivoire: Pourquoi la FESCI a raison”

  1. Voici une dame qui était noire comme un tableau et qui est devenue blanche comme un Whiteboard.

    Une référence à citer en ce qui concerne le changement de race, à coté de Michael Jackson !!

    Pop.

  2. L’école est devenue aujourd’hui à défaut de donner du boulot à nos enfants, une entreprise à moindre coût de production où ceux pour qui l’argent justifie tout excellent..

    Les parents d’élèves pris en otage par le souci de faire réussir leurs enfants, sont pressés de tous les côtés! Comme des zombies, ils acceptent tout, quand tu les vois réagir c’est pour…justifier l’état.

    L’état qui leur impose des taxes qui ne disent pas leurs noms en enrichissant au passage quelques dignitaires. Vu le nombre d’élèves, même 100 franc ou 1000 fcfa par élève ça nous ramène à 1 milliards dans les poches de quelqu’un.

    les fondateurs qui imposent des sommes selon leur besoin

    Les enseignants qui dès la rentrée imposent des cours de renforcement. Alors que ce sont ces cours qu’ils sont sensés enseigner aux enfants. Supposons que sur 30 élèves d’une classe 3à acceptent de payer les cours de renforcement, qu’est ce qui empêche l’enseignant de faire ce qu’il fait dans ses heures normales de cours? la formation à l’ens n’est pas sensée leur fourniture la pédagogie dans la plage horaire de l’emploi du temps?

    Le seul point positif, c’est que en confiant ce département au rdr, on assiste à une augmentation artificielle du niveau d’alphabétisation des populations: ce qui donne encore une fois l’illusion de filer vers l’émergence. mais en réalité, ces personnes admises aux concours et examens, ces personnes avançant mécaniquement, ont elles le niveau correspondant?

    Quand j’étais à l’université on détestait la fesci sauf…quand on payait pas les bourses.

  3. Humm !!! Ceux-là !!! Humm !!! Dieu fasse qu’il y ait élections.
    On connaît désormais la différence nette entre le socialisme et le capitalisme.
    On n’aura plus droit à l’erreur.

  4. Chers amis rôdôrôs, votre faction ne peut avoir TOUJOURS raison et sur TOUS les sujets. Ne choisissez pas le mutisme quand vous pouvez apporter votre caution a la vérité et à la justice. La Fesci a raison comme je le soulignais dès le début, et refuser de l’admettre c’est se comporter exactement comme un gnou au milieu du troupeau. Pourquoi le l’écris ? Parce que ça manque cruellement de points de vue émanant de la faction OOR (Ouattara Ou Rien) sur le sujet. Bon on a compris : qui ne dit mot consent. Du Gnou, on passe à l’Autruche ?

  5. Quelle est donc la différence entre celui qui est assis dans son salon feutré entouré de ses descendants que d’être sur le terrain avec un bandeau rouge au Front en compagnie de ces jeunes affrontant les gaz lacrymogènes que de pianoter ses doigts sur un clavier avec une connexion de haut débit?
    Vu le mode de fonctionnement de la Fesci elle vous traitera de lâcheur.

    À chacun sa lorgnette !!!

  6. @quoi

    Tu vois pourquoi votre faction n’a aucune notoriété? C’est justement à cause de ce genre d’attitude qui consiste chez vous, à défendre tout et n’importe quoi parce que c’est ouattara.

    Tu ferais donc mieux de fermer, pour une fois, la balafre qui te sert de bouche.

  7. L’EDUCATION CET ETRANGE REFUGE DE TOUTES NOS AMNÉSIES

    Que de critiques quand il s’agit d’éducation nationale !

    Déjà à la fin de la décennie 60 nos parents pleuraient !

    J’ai sous les yeux mon bulletin de CP1. Près de 50 ans qu’il est gardé précieusement…

    En dehors du classement annuel, il était précisé le coût de la scolarité prochaine du CP2 : 3 500 F CFA.

    Il etait exigé aussi dans le meme document les 2 tenues obligatoires et les fournitures à présenter à la rentrée.

    Nos parents se saignaient car à cette date beaucoup étaient des paysans. Un illustre medecin SG d’un parti respectable, brillant devancier, a dû quitter la ville et cette école privée protestante, pour terminer sa scolarité au gros village de Tipatipa oû les conditions étaient plus clémentes pour lui…

    3 500 F c’était DEJA cher à cette époque !

    Pour vous en donner une petite idée, dans un domaine accessible à tous, le football roi, je cite le recrutement de Santos Maria Brown en 1973 par L’ASEC. Les liberiens réclamaient 800 000 F CFA. Pour cette perle rare qui devait remplacer Laurent Ndri Pokou parti à Rennes. Ah Le Duc de Bretagne…RIP.

    Aujourd’hui d’aucuns diront 800 000 F pour L’ASEC c’est quoi çà ??? Or les mimos ont négocié dur. DelDélégationsr délégations ! Avant que Santos ce Dieu des buts n’intègre l’effectif Jaune et Noir et tuer dans l’oeuf la joie des Oyés pour qui le départ d’Asmara signifiait la fin d’un long calvaire….

    Les temps changent mais les plaintes demeurent. L’école coûte toujours cher. De 1960 à 2017 !

    La terrible transition démographique devenue une donne qui echappe à nos Etats, rend cette préoccupation sempiternelle.

    Le business des écoles privées est connu. Faites le tour de l’Afrique !!! Dans l’enseignement supérieur c’est le business le plus lucratif dans nos Etats !!!

    La moralité des enseignants et les gombos du milieu, n’en parlons pas ! La faute ce sera toujours Kandia !!!

    La démission de certains parents dans la prise en cgarge des enfants face à tous les périls environnants, n’en parlons pas ! La faute ce sera toujours Kandia !!!

    Les partis politiques et les organisations civiles incapables de proposer des universités citoyennes consacrées à des offres alternatives et privilégiant que les réponses au coup par coup, à la veille de la rentrée, n’en parlons pas ! La faute ce sera toujours Kandia !!!

    Madame KANDIA dans sa posture de Ministre de l’éducation nationale a le dos large ! Comme hier Akoto Paul Yao ou Dr Balla Keita sous HOUPHOUËT lui même.

    Bravo Madame le Ministre. Vous pouvez avoir tous les défauts du monde mais ils savent que vous êtes une dame de fer. Qui tient son monde d’une poigne d’acier.

    N’en déplaise aux esprits chagrins …oublieux qu’ils sont de tous les sortilèges dont ils furent coupables une fois aux commandes de notre Éducation Nationale. Mais de ce passé recent et très frais dans les mémoires, n’en parlons pas aussi ! La faute ce sera toujours Kandia !!!

    DE LA RESPONSABILITÉ COLLECTIVE ET INDIVIDUELLE depend l’avenir du monde. Y compris celui du petit monde de l’école !

  8. ASSUMER LA TRANSITION DEMOGRAPHIQUE QUI FRAPPE DEJA A NOS PORTES

    Selon L’ONU en 2050, la CI aura 42 millions d’habitants. Le Faso 40. Le Ghana et le Mali 45 millions chacun. Le Niger qui croule sous la crue du fleuve dont il porte le nom, 69 millions de concitoyens.

    2050 c’est demain. Nos états ont-ils les moyens du tout gratuit qui fait recette politique mais qui nous rattrape toujours en chemin ?

    Se preparent-ils pouvoir et opposition responsable à négocier ce tournant démographique INÉLUCTABLE par le haut ? 

    C’est au travers des préoccupations de demain que se mesurent les justesses des questions d’aujourd’hui.

    Je ne viens pas que vous ennuyez avec des souvenirs de 1970 !

    Les levées de boucliers populistes voire opportunistes à souhait, ne sont qu’une fuite en avant.

    Quand les autres viennent nous rappeller que nous refusons le développement ou que nous refusons d’entrer dans l’histoire, on s’en offusque ! Et pourtant la mer méditerranée est le cimetière le plus vaste en periode de paix mondiale qui soit.

    En temps normal le contenu des formations est inadapté à l’emploi dans nos Etats. Ce n’est pas une perturbation des calendriers scolaires dès la rentrée qui semble être un coup de pouce idéal à ces lacunes.

    C’est bien de proposer une marche à contre courant de l’évolution du monde un retour à un état communiste oû tout serait gratuit : l’école, la santé etc.

    Un tel choix qui ne peut etre que manifestement irresponsable est intenable.

    Il faut assumer le monde et integrer le temps dans nos futuribles et nos légitimités. C’est à ce juste prix que nous sortirons des faciles projections populistes dont l’horizon temporel se limite à un mandat.

    Cela est valable pour toi et pour moi !

  9. En effet, cela est valable pour toi et pour moi !!

    Mais pour le moment, il ne s’agit que de frais d’inscriptions jugés trop élevés et fixés à la roulette russe, quand le régent, avec son train de vie effréné, s’adjuge un budget qui ferait pâlir d’envie tout président de puissance occidentale. Je rappelle qu’il s’agit d’un budget non soumis à justificatif, selon l’humeur du régent.

    Alors oui mon cher Wara, on valide tout ce que vous avez dit plus haut, mais comment vous l’expliquerez aux étudiants et élèves de ce beau pays, sans froisser leur sensibilité, tout en restant convaincants comme vous l’êtes plus haut !!

    Pop !!

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