Côte-d’Ivoire: Mangou, entre révélations et contradictions au procès de Gbagbo/Blé Goudé (Papier d’angle)

Manuella YAPI

L’ex-chef d’état-major de l’armée ivoirienne, le général Philippe Mangou, témoin du bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) dans le procès de l’ancien président Laurent Gbagbo, a fait les choux gras de la presse et captivé l’attention des Ivoiriens pendant deux semaines, tant par ses révélations sur la crise postélectorale que par des contradictions dans son audition.

L’actuel ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Gabon, de loin le plus important des 64 témoins présentés à la barre, a apporté sa « part.de vérité » en dévoilant des informations jusque-là ignorées de la majorité des Ivoiriens, sept ans après la fin de la crise.

Serein, le général a annoncé les couleurs dès le premier jour de son audition, sur fond de règlement de comptes avec ses anciens collaborateurs: de l’ex-commandant de la garde républicaine, le général Dogbo Blé qui « ne respectait plus personne », jusqu’aux anciens chefs de la gendarmerie et de la police, les généraux Kassaraté et Bredou, accusés de n’avoir « pas joué franc-jeu » en refusant de fournir les effectifs nécessaires, tous y sont passés.

L’Opération des nations-unies en Côte d’ivoire et les Forces françaises, accusées d’avoir « laissé mourir » des soldats ivoiriens, n’ont pas non plus été épargnées, de même que des soldats du camp Gbagbo suspectés d’avoir attaqué le domicile du témoin.

Soutenant avoir demandé à M. Gbagbo de démissionner, M. Mangou a évoqué la dotation de « matériels de guerre achetés par des civils », ainsi que la présence de « mercenaires superbement armés », conduits par le commandant Anselme Séka, l’ex-aide de camp de Simone Gbagbo, alors que les forces de défense n’étaient pas suffisamment armées et étaient à court de munitions.

Si la première semaine a été pour le moins éprouvante pour les sympathisants du camp Gbagbo, le premier jour du contre-interrogatoire s’est achevé sur des sueurs froides, quand l’ex-chef d’état-major a déclaré que l’ex-président a « accidentellement » financé le commando invisible, auquel on attribue des exactions commises à Abobo (nord d’Abidjan), en soudoyant un soldat du camp ennemi à hauteur de 500 millions de FCFA.

Chargé de « désorganiser le dispositif des Forces nouvelles » (ex-rébellion armée) en proie à des dissensions internes dans la commune d’Abobo, Koné Zakaria, le soldat en question, a plutôt « usé de ruse et de perfidie » pour renforcer le commando invisible, selon Philippe Mangou. De quoi pousser la défense à demander une pause pour s’offrir un moment de répit.

Les propos de M. Mangou, de moins en moins précis, se sont nuancés au fil du contre-interrogatoire, comme lorsqu’il a affirmé, au grand étonnement des Ivoiriens, avoir « entendu parler » du secrétaire général des ex-Forces nouvelles, l’actuel président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, alors que quelques jours auparavant il disait avoir rencontré cet acteur majeur de la vie politique et militaire du pays pour aplanir leurs différends.

Autre incohérence, le général a déploré le manque d’armes et de munitions pour défendre les populations et les « institutions de la République » incarnés par l’ex-pouvoir pendant la crise, avant de soutenir plus loin qu’il ne se serait pas battu même s’il avait des armes, estimant que le rôle de l’armée n’était pas de « maintenir » Laurent Gbagbo au pouvoir car il avait « perdu les élections ».

Très attendu pour avoir été un des acteurs de la crise postélectorale, il s’est dépeint comme un ex-chef d’état-major courageux, loyal et plein de bon sens, expliquant son soutien à Laurent Gbagbo par le fait d’avoir été « trompé » par le Conseil constitutionnel concernant les résultats des élections, lui qui disait pourtant avoir eu connaissance de la défaite de l’ex-président.

Il a par ailleurs été moqué sur les réseaux sociaux pour avoir plusieurs fois répété la même phrase: « je ne saurais le dire, j’étais à l’ambassade » d’Afrique du sud en Côte d’Ivoire, comme pour dire qu’il était coupé du monde après s’y être réfugié avec sa famille le 30 mars 2011.

Ce témoignage s’avère être une pièce non négligeable d’un puzzle qui se reconstitue lentement à La Haye, beaucoup plus accablant pour Laurent Gbagbo que son dernier ministre de la Jeunesse, le leader des jeunes patriotes, Charles Blé Goudé.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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10 réflexions au sujet de “Côte-d’Ivoire: Mangou, entre révélations et contradictions au procès de Gbagbo/Blé Goudé (Papier d’angle)”

  1. …Sans oublier « les frères de la deuxième armée de Côte d’Ivoire », ex-rébelion devenue FRCI depuis les accords de Ouaga, selon Mangou. On se demande bien pourquoi le chef du kyste du Golf a jugé utile de se fendre d’un « décret » instituant les FRCI. Entre-temps, le même Mangou, sachant pertinemment qu’il y avait une « seconde armée sœur », ne se privait pas de pondre des communiqués où il les appelait « les rebelles des forces nouvelles », sans avoir le moindre fusil sur la tempe. Envoyant ainsi ses « frères de l’armée #1 » combattre ses autres « frères de l’armée #2 ».

    Si ce tribunal était une affaire sérieuse, il enverrait Mangou rejoindre LG et Blé, comme co-auteur des faits qui leur sont reprochés. Mais on le sait tous, comme pour l’Assemblée du Rire du Gondwana, c’est un autre acteur qui est venu à son tour de rôle sur la scène de la Comédie Pénale Internationale. Pas sûr que Mahamane ait créé ce concept à partir de rien ; il aura été bien inspiré.

  2. « Parlement du rire » plutôt, me semble t-il. Bref, Parlement du rire et CPI, c’est kif-kif !

  3. @Coigny…. Gbagbo avait été averti avant la guerre par la CPI…
    Il n’y a jamais eu de generaux du camp des alliées qui ont rejoint sur le banc des accusés , au proces de Nuremberg leurs homologues Nazi de Adolf Hitler…. alors pourquoi Mangou ira rejoindre Gbagbo et Goudé et á la CPI ??…

    @Coigny…. Et si Gbagbo avait gagné cette guerre ?

    Il n’y a jamais eu une justice des vainqueurs dans ce monde. C’est une conduite naturelle.
    Le monde en conflit, en guerre a été ainsi depuis l’antiquité..

  4. Ce n’est pas parce que Mangou et Detho Letoh sont passés dans le « camp énnemi » que des gens vont les traiter de TRAITRES.
    Les mouvement des personnes d’un camp á un autre, en politique et en temps de guerre civile, se fait tout temps partout dans ce monde.
    Chez nous Dona Fologo(Cube-magie) est la preuve ainsi que bien d’autres personnes du pdci qui ont rejoint Gbagbo quand il etait au pouvoir.

    Gbagbo mérite une belle correction !

  5. Srikah Blah,
    Va relire la définition du mot traitre avant de disserter sue ce que c’ est qu’etre un traître.
    Sinon, c’est l’acte de passer au camp ennemi qui est la traîtrise. Pensez vous que celui qui rejoint le camp opposé ne montre pas de gage de bonne foi avant d’etre accepté ?
    Il doit payer sa nouvelle place avec des informations qu’ il a du camp qu’ il vient de quitter. En français, cela s’ appele la traîtrise. Vous pouvez ne pas aimer le mot, mais c’ est celui qui qualifie le mieux à l’attitude des FDS qui sont passés au camp adverse. Non seulement il est traître, mais il était une taupe lorsqu’il était encore avec les FDS.

  6. Entre celui à qui on ne donne aucune minution et dont on demande d’ aller combattre l’ennemi sans cartouches d’une part … et celui qui rencontre l’ennemi dans un hôtel pour lui remettre 500 millions de MIR d’autre part … lequel se rapproche le plus de la définition du mot TRAITRE ???

    Violente question de N’guess Bon Sens qui n’est pas adressée aux mi-cancres !!!

    Popcorns à celui qui répondra juste…

    té ande

  7. « celui à qui on ne donne aucune minution »

    Tout doucement, on change de paradigme. Exit celui où les guerriers de la lumière, le caleçon plein de 2 montgolfière et d’un zeppelin ont botté le Q aux femmelettes frayalistes. Or donc, on avait d’un côté une bande soutenue par la France qui l’armait activement (la photo de l’embarquement des FN avant l’assaut sur le verrou de Guiglo/Duekoué, munis TOUS de fusils d’assaut FAMAS flambants neufs a curieusement disparu du net) en dépit de l’embargo, et de l’autre de pauvres hères sans munitions qui devaient quand même se battre avec les moyens du bord, mais que la propagande a convaincu qu’ils disposaient d’achats de 850 milliards d’armes.

    Pour l’instant, ce n’est que sur la question des munitions que le mensonge s’écroule. C’est progressif, et vous finirez @Lakota et sa bande, par comprendre beaucoup de choses dont la spirale manipulatrice dans laquelle vous êtes pris depuis 1999.

  8. J’ai dit et je le répète… cette violente question de N’guess Bon Sens n’est pas adressée aux mi-cancres, encore moins aux popcorns girls !!!

    Popcorns à celui qui répondra juste…

    té ande

  9. Loool

    Or donc ….famas ? Aujourd’hui disparus non seulement du net mais des râteliers des forces armées de RCI
    Pardonnez respectez un peu les gaulois…Seul pays au monde où on fabrique les Famas ? France aucun pays n’en fabrique sous licence comme pour les kalach par exemple..
    Avec un calibre bien particulier parmi les moins communs 5.56mm…
    Alors Si la France avait voulu combattre à visage découvert il n’y avait pas meilleur moyen…bref
    Ah bon ? Rebelles à l’assaut du blocus de Doukoue? Ah bon ? Or donc ce n’est plus les soldats francais qui se battaient ? AHH la secte tropico-nazi…en effet les mensonges tombent…General Mangou merci….
    Au fait ce fameux carrefour de Duekoue par qui il était défendu ?
    En plus des BMP21 il y avait une force qu’on appelait force Lima Lima pour L et le L pour libériens ( des enfoires Mais très bons combattants surtout pour les combats d’infanterie) Ah Non c’était un montage …ce n’était pas des krahns du Liberia Mais des gueres de Côte d’Ivoire qui s’exerceaient à l’anglais just for fun…
    On s’arrête juste à Duekoue on ne parlera pas des autres mercenaires mais Si les nazillons en veulent on leur en donnera….Le frayaliste en chef lui même les a vus Avec Anselme…lol non un montage..
    au fait la question demeure ..Pourquoi ce surnom de frayaliste ?
    N’y a t’il pas un mi-cancre pour me répondre….?
    Ko mensonge …lol

    Té ande ….pardon….Saabe

  10. « France aucun pays n’en fabrique sous licence comme pour les kalach par exemple.. »

    Les kalachs, fabriqués sous licence ??

    Non, il y a plein de pays qui les fabriquent sans licence !!

    Sinon, quelque soient les balivernes déblatérées par JOE MNATAPE, il y a un sujet sur lequel il botte TOUJORUS en touche : les tueries de DUEKOUE !!

    Près de 1200 morts en tout, 566 au quartier Carrefour seulement, des personnes prises et exécutées, sélectionnées selon leur ethnies, et selon un mode opératoire quasi scientifique (ligotées, incinérées vivantes, tout ceci archivé par le HCR et l’ONUCI, sans jamais comprendre pourquoi ce dossier est resté dans les placards).

    Mais pour sa défense, je comprends que l’on ne veuille pas parler des grossières erreurs commises par son camp, surtout de celle là, qui constitue une épée de Damoclès au dessus de leur tête (GBAGBO à la Haye, oui, on s’en délecte, mais qui sera convoqué au titre du charnier qui tranche avec les 6 femmes et un homme d’Abobo ??).

    L’histoire ne peut s’écrire dans ce pays, sans considérer le plus grand génocide jamais enregistré en Afrique de l’ouest, depuis les indépendances.

    Mais bon, popcorn à JOE pour ses déjections militaires habituelles.

    Pop !!

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