Soul to Soul arrêté en Côte-d’Ivoire: Début de la fin du règne des armes ou vrai risque de leur retour ?

Charles Kouassi

Face à la presse à Abidjan, Adou Richard Christophe, Procureur de la République, a annoncé lundi 9 octobre 2017, la mise aux arrêts de Kamaraté Souleymane, alias Soul To Soul, dans l’affaire de la cache d’armes découverte à Bouaké. Il a également informé de l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre du chef de protocole de Guillaume Soro, et de toutes autres personnes.

« Des experts ont conclu que la cache d’armes contenait 6 tonnes d’armes de guerre. Dans le cadre du DDR il avait été demandé à toute personne en possession d’armes de les déposer. Les enquêtes ont également révélé que des personnes avaient été informées de la présence d’armes chez Soul to Soul avec des chargeurs déjà garnis, prêts à l’usage », a expliqué le Procureur de la République.

D’autres arrestations sont annoncées, et des noms circulent sous le manteau, alors que Guillaume Soro, le supérieur hiérarchique de Kamaraté Souleymane, est absent de la Côte d’Ivoire depuis deux mois environ. Cette arrestation de l’un des bras droits du Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, est un « tournant décisif » pour la paix et la stabilité en Côte d’Ivoire : au delà de la dégradation des rapports entre alliés au pouvoir, entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro, elle pose la question de l’alternative possible entre la résurgence du retour au passé et aux armes , ou la volonté de tourner totalement la page de la violence politique, dans un pays qui depuis le coup d’État de 1999, a connu une série de violences armées politiques, et de crises militaires.

Réussir définitivement une alternance pacifique et démocratique en 2020, ou aller encore sur le terrain de la violence, tel est l’enjeu de cette décision « lourde et capitale », que le Président ivoirien a laissé la justice ivoirienne prendre, en pesant à la fois le pour et le contre, au cours des derniers mois.

Alors que pendant longtemps, il a été accusé d’accorder l’impunité aux hommes de son camp , et de ne traquer que les pro-Gbagbo, Alassane Ouattara pourrait bien redorer un peu son blason, avec ce « risque calculé », malgré les alertes et les menaces brandies par des partisans de Guillaume Soro, sur les conséquences éventuelles pour son régime et la stabilité dans le pays, d’une arrestation de Soul to Soul.

Si dans les jours, les semaines, ou mois à venir, la violence n’est pas au rendez-vous, si les casernes et des militaires ne se font pas l’écho d’une quelconque manifestation de soutien à Guillaume Soro, et à Soul To Soul, le pouvoir ivoirien aura-t-il pour autant réussi dans sa volonté de faire sortir définitivement la tentation des armes, et de la violence du vocabulaire politique en Côte d’Ivoire?

La première réaction à chaud du camp Soro, celle Touré Moussa, conseiller en communication du Président de l’Assembleé nationale , appelant à calme et à la sérénité ( même s’il sorte un soutien ferme à l’homme digne Soul to Soul) , et à une justice libre et impartiale, laissent entendre que c’est le choix de la démocratie et du débat des idées qui sera fait. Ce qui est de bons augures, malgré les alertes à la destabilisation et quelques inquiétudes perceptibles.

Charles Kouassi

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