Côte d’ivoire-Maroc: Leçons à retenir

A l’issue du récent match Côte d’Ivoire-Maroc, tous les regards ont été braqués sur le gardien de but Gbohouo. Lui-même le gardien Gbohouo a même reconnu ses propres erreurs. Beaucoup d’ivoiriens également s’en ont pris à l’entraîneur, d’autres au président de la FIF. En conclusion si ces trois problèmes sont réglés ou étaient réglés, on aurait eu le gain du match. Soit. Je partage entièrement ces critiques. Cependant, je voudrais ajouter une autre remarque qui me semble aussi importante que celles précitées et dont personne ne parle.

Supposons que le gardien Gbohouo avait eu le réflexe d’empêcher ces deux buts et le score en resterait là, un nul, qu’est ce qui se passerait? Le Maroc serait toujours qualifié parce qu’il lui fallait un simple match nul pour se qualifier. Les Ivoiriens donnent l’impression que c’est la Côte d’Ivoire qui devait avoir le nul dans ce match, non. Nous avions le dos au mur et c’était à nous d’attaquer et de marquer des buts. Nous avions déjà compromis nos chances de qualification face à des petits pays comme le Gabon et le Mali. Alors je ne comprends pas pourquoi toute la Côte d’Ivoire s’acharne sur deux buts encaissés et personne ne se demande pas pourquoi n’avons nous pas égalisé et marqué pour avoir le gain du match?

Qu’on ne me parle pas de démobilisation, de casser le moral, etc. Non. Pour l’enjeux du match, devant notre public avec ces professionnels, non, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir de notre équipe nationale. Un match de football se joue sur 90 minutes et non 30 minutes. D’ailleurs les deux buts ont été encaissés pendant les 30 premières minutes de l’ensemble de la partie et non dans les arrêts de jeu. Qu’avons nous fait pendant les 60 autres minutes qui restaient à jouer? Plutôt que de s’acharner sur le gardien uniquement avions-nous un entraîneur capable de changer la physionomie du match? Avions nous un milieu de terrain, une défense, des ailiers de débordement et plus encore une attaque?

Combien de buts l’attaque a marqué et l’arbitre n’a pas validés pour hors jeu, pour faute de main, pour un mauvais geste etc par exemple,? Une équipe de football est comme un corps humain, c’est un tout. OK le gardien a pris deux buts mais et les autres joueurs? Dans cette surface il y avait aussi des défenseurs, pourquoi aucun d’entre eux n’a empêché le ballon de loger dans les filets, pourquoi? Et le milieu, pourquoi le milieu n’a t-il pas empêcher d’envahir notre défense? Et notre attaque dans tout cela? Avions-nous une attaque, juste une seule petite occasion de but à la 17e minute et c’est tout? Avions nous des latéraux? Avions nous un avant-centre capable de faire la différence, de peser sur la défense marocaine? Moi je n’ai rien vue d’équipe complète jouant comme une équipe homogène qui se complète comme le corps , l’esprit et l’âme se complètent.

Il y a peut être eu de petites individualités mais pas vraiment importantes pour inquiéter un adversaire et c’est à juste titre que nous avons perdu face au Gabon et face au Mali, de petits pays de football. A quelque chose malheur est mieux. Si par miracle on gagnait ce match contre le Maroc je parie qu’à cause de nous la FIFA allait réduire le nombre d’équipes africaines à participer à une phase de finale de coupe du monde.

Pour finir je dirais qu’à l’instar de tous les ivoiriens qui réclament les départs du président de la FIF, de l’entraîneur, (déjà parti), Gbohouo sera vraisemblablement remplacé, je propose que les autorités fassent une analyse beaucoup plus en profondeur. Dénicher les talents, former ces jeunes, motiver les pour éviter l’exode vers l’occident, professionnaliser notre championnat national pour le rendre plus compétitif, donner suffisamment du temps à un sélectionneur de connaître et de comprendre notre contexte, nos cultures et nos mentalités, éviter le recrutement d’entraîneurs et de joueurs par complaisance et dans l’improvisation, donnons les moyens et les conditions de succès avec une totale indépendance au sélectionneur.

Enfin que la FIF elle-même soit professionnelle, qu’elle arrête de bricoler encore, qu’elle travaille avec méthode, clarté, gestion prévisionnelle, transparence dans les choix des entraîneurs et encadreurs, qu’elle opte pour des stratégies plutôt transformationnelles et non transitionnelles car on ne sera même pas encore à nos début d’échecs. Il faut également que la FIF comprenne qu’on a pas besoin d’être Européen ou autre étranger pour batir une equipe nationale gagnante. C’est avec Yeo Martial que nous avons gagné notre premier trophée. Il y a des talents au pays, il suffit de les mettre en confiance et on peut aller loin dans l’organisation de notre football.

Arrêtons un peu ce tourisme, cet affairisme, cet amateurisme. Il faut instaurer un mécanisme de licenciement du président de la FIF en cas d’échecs répétitifs consécutifs aux mauvais choix des sélectionneurs, à la mauvaise gestion, etc du président de la FIF et de son staff avant même la fin de son mandant. Après son élection il faut qu’il sache qu’il a une obligation de résultats, qu’il soit inquiété tout au moins et qu’il ne soit plus sous le parapluie du Gouvernement.

Ici aux USA par exemple, personne ni même le président de la République ne peut se permettre n’importe quoi et n’importe comment avec les moyens de l’Etat, l’argent du contribuable. C’est en Afrique et en Côte d’Ivoire qu’on adore le jeu de “ca fait rien” et “il n’y aura rien”. Ces pratiques doivent cesser si on veut aller de l’avant dans le développement du pays, que les mentalités changent en évoluant.

Merci

Dr. Charles Koudou, Administrateur de Santé
Consultant en Santé et Développement
USA.

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3 réflexions au sujet de “Côte d’ivoire-Maroc: Leçons à retenir”

  1. Dr. Charles Koudou, votre analyse est pertinente. Mais vous semblez éluder deux choses principales. La première étant celle-ci: tous ces joueurs dont vous parlez, nous connaissons leurs capacités individuelles respectives. L’avant-centre Doumbia qui, comme vous l’avez fait remarqué, n’a pas marqué de but, est un redoutable buteur et la preuve en est qu’il a un total de 4 buts sur les 5 derniers matchs joués par les Éléphants. Gervinho, Gradel, Kalou sont aussi de très bons attaquants qui ont fait leurs preuves et sont des champions d’Afrique 2015 comme plus de la moitié des joueurs qui ont foulés cette pelouse (Gbohouo, Kanon, Aurier, parmi ces champions). En vérité, seule une partie de la défense et les milieux défensifs n’étaient pas du groupe des champions d’Afrique 2015. Or beaucoup parmi les joueurs que je cite ici comme des ex champions d’Afrique sont des joueurs qui, à cette époque, étaient des novices chez les Éléphants. Mais à l’époque, ces joueurs malgré ce statut, et galvanisés qu’ils étaient par le coach Renard, ont réussi ce que des devanciers deux fois plus talentueux qu’eux n’ont pas pu. L’observation est ainsi très claire, ces joueurs ne sont pas nuls et sont même capable de se transcender. Le problème n’est donc pas la qualité des joueurs ou leur capacité à mouiller le maillot. La deuxième chose est celle-ci: avant l’arrivée du sieur Wilmots à la tête cette sélection, cette équipe était en tête de cette poule avec 2 longueurs d’avance sur le Maroc qu’elle avait même tenu en échec sur son terrain. La mission qui était confiée à Wilmots était donc toute simple: garder cette avance, la consolider ou, dans le pire des cas, la réduire à au moins 1 point pour aborder le dernier match à domicile (faveur inespérable de calendrier) dans la sérénité, étant entendu qu’un seul match nul aurait suffit dans une telle configuration. Je suis convaincu que ce n’était pas la mer à boire avec un effectif de cette qualité. Et d’ailleurs, son premier match dans ces éliminatoires du mondial aurait pu démontré à Wilmots que sa tâche n’était pas si ardue que cela. Il a gagné ce match à l’extérieur( au Gabon) avec un score de 3 à 0. Du coup, cela facilitait encore plus sa tâche. Mais le problème, c’est que ce monsieur n’a jamais pu changer la physionomie d’une rencontre où son équipe est menée. Au match retour CIV/GAB, nous avons perdu le match dans les 25 premières minutes où un adversaire réduit à 10 nous a marqué 2 buts très rapides. Dans le reste du match nous n’avons pas pu prendre le dessus ou alors rétablir au moins la parité. Le retour face au Mali? Oubliez ce match qui est tout le symbole de l’impuissance de Wilmots à produire du jeu avec cette équipe. Pour le retour face au Maroc, nous avons jouer la copie conforme du retour face au Gabon. 2 buts de l’adversaire dans les 25 premières minutes et le match était plié. Alors je suis d’accord qu’il n’est pas seul responsable de ce fiasco, mais il en est responsable dans une large part.

  2. De prime à bord, je respecte les personnes qui font l’effort de produire de la valeur argumentaire de bout en bout et qui l’affichent à l’appréciation de tous !!

    Sans cette effort originel, il n’y aurait pas de substance à débat et la critique ou le commentaire se doit de passer tout d’abord par le remerciement et non la destruction en règle de ce qui nous est proposé !!

    Merci donc au docteur KOUDOU !!

    Au sujet !!

    Dr, vous dites ceci : « Nous avions déjà compromis nos chances de qualification face à des petits pays comme le Gabon et le Mali. »

    Je pense très sincèrement que c’est à ce niveau que la défaite de la Cote d’Ivoire a pris naissance. Non pas à cause du résultat obtenu face à ces équipes, mais à cause de la considération qu’on leur affichait !!

    Vous dites ici deux choses essentielles :

    « chances compromises » : Avions nous des chances au demeurant !! Sur quoi nous basons nous pour affirmer si ouvertement que nous aurions eu des chances quand l’adversaire aurait eu le seul devoir de nous subir ?

    « Petites équipes » : Le football est l’un des sports dans lequel l’échelle des valeurs et plus objectif que subjectif. En effet, quand une équipe est qualifiée de grande, on s’attend effectivement à ce qu’elle battent les autres équipes et affiche donc un meilleur résultat face à l’adversité. L’Allemagne, le Brésil auront la possibilité de se designer a priori comme des grands équipes, même si elle peuvent trébucher ici et là. Mais tout est une question de statistique et donc de moyenne. Sur quoi nous basons nous pour oser croie que la Cote d’Ivoire aurait pu être une grande équipe, quand le Mali et le Gabon seraient de petites équipes ? Quelle genre de puissance avons nous, qui nous permettrait d’envisager a priori une victoire sur ces équipes traitées de petites équipes.

    Non, selon moi, la Cote d’Ivoire a commis l’erreur de sous-estimer l’adversité / l’adversaire et cela s’est vu dans la tactique de jeu, dans la stratégie de baroudeur que nous avons mises sur pied dans le but d’écraser nos adversaires, qui ont subi et mis tout en défense. Nous avons sous estimé le potentiel de ces équipes à se défendre et nous n’avons pas su tirer avantage de notre « grandeur » !!

    L’échec est un échec d’arrogance, de suffisance, d’irrespect, de manque de réalisme !!

    Au plus tard, à ce moment, la Cote d’Ivoire était condamné à sortir par la petite porte, justement parce que des gens avaient qualifié le Gabon et le Mali de « petites équipes » !!

    C’est exactement ici que la Cote d’Ivoire aura grillé son ticket, par arrogance.

    Maintenant, il faut trouver les responsables et vous voyez que si on considère le fait plus haut, des erreurs de placement de gardiens, des erreurs de stratégie lors du match Cote d’Ivoire – Maroc, des incompétences du coach, l’irresponsabilité de la part du président de la FIF qui ne veut pas démissionner, tout ceci devient rapidement subjectif, pour la simple raisons que la très grande majorité des ivoiriens, sinon tous, pensait réellement que le GABON et le MALI aurait été bouffé au pas de course par les Eléphants.

    Nous avons fait une erreur de stratégie globale et non une erreur de stratégie lors d’un match !!

    Nous avons donc tous péchés par orgueil et par arrogance, que ce soient les joueurs, le coach, le staff, la fédération, le gouvernement, les ivoiriens gueulards et peu humbles que nous sommes ….

    Et le plus désolant, c’est que l’on ne réussisse même pas à s’en rendre compte !!

    ET tout le monde deviendra spécialiste et conseil sur la question : il faut vider le coach, il faut vider le président, il faut vider le gardien, il faut vider…., il faut vider ….

    Et on va dans les contresens et les paradoxes : comment peut-on reconstruire une équipe quand on ne laisse pas la chance à ceux qui ont connu ses difficultés, en tirer leçon et les corriger.

    WILMOTS dira ceci avant qu’on ne le limoge : « Mon sort est entre les mains de la FIFI, mais j’aimerait pouvoir continuer pour construire une VRAI équipe de Cote d’Ivoire !! »

    En effet, WILMOTS est celui-là qui est le mieux placé pour savoir ce qui n’a pas marché. A t-il les facultés de corriger les erreurs, on ne le sait pas, mais un nouveau venu n’est pas gage de correction et d’amélioration !!

    On recherchera la perle rare, qui est le nouveau venu, qui aurait toujours été là (KAMARA ??)

    En d’autres termes, on passe le temps à recommencer et non a corriger et améliorer.

    Je ne plaide pas la défense du coach WILMOTS, mais j’interroge les ivoiriens sur la méthode qui serait la meilleure pour construire quelque chose de solide et de définitif, même si évolutif et adaptatif.

    Et dans ce cadre, parfois, ne rien changer permettrait de tout changer !!

    C’est aussi une piste de réflexion !!

    Mon opinion !!

    Pop !!

  3. En allant d’Abidjan vers Grand-Bassam, dans les parages des artisans, à droite, se trouve une Secte où l’on découvre de nombreuses jeunes dames, belles et veuves. Elles étaient toutes mariées sous le régime de la communauté des biens.
    Là-bas, dans cette Secte, il est affecté à chacune d’elles un mâle comme tuteur, qui surveille tous leurs faits et gestes. Et pour toutes décisions ou actions, le principal pasteur est consulté d’avance.

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