Dabou: Des « brouteurs » saccagent le domicile de leur marabout et trouvent la mort

Dabou: Des ‘’brouteurs’’ saccagent le domicile de leur marabout et trouvent la mort

Les frères Boti Bi Serge et Boti Bi Franck, âgés respectivement de 18 et 17 ans, sont morts de façon très étrange, le même jour, à Dabou. Soit le jeudi 26 janvier 2012. Au quartier Gédéon où ils vivaient, l’affaire fait grand bruit. Mais pour de nombreuses personnes, parmi lesquelles des amis des défunts, cette double tragédie porte la griffe d’un marabout. Des renseignements glanés auprès de proches voisins et amis du quartier, la version est identique. En effet, il ressort qu’au mois de novembre 2011, les deux frères qui caressent le désir de faire fortune dans le « broutage » (arnaque via Internet), se rendent chez un marabout de la ville. Une fois sur les lieux, ils expriment leur désir d’avoir un coup de pouce occulte aux fins d’atteindre leur objectif. Leur interlocuteur se montre favorable. Puis, il leur demande de fournir un canari, une somme d’argent et, surtout, du sang humain. L’un d’eux, le nommé Boti Franck se rend aussitôt à la boutique non loin de là, pour s’acheter une lame-rasoir avec laquelle il se saigne des phalanges. Il recueille le sang qui gicle dans une bouteille et le remet à l’oracle. Après plusieurs incantations dont lui seul a le secret, l’œuvre du marabout porte aussitôt ses fruits. Toujours selon les sources, le canari est rempli de billets de banque. Mais lorsque les frères subjugués veulent plonger sur le butin, le marabout leur fait signe de patienter quelques jours encore. Une semaine plus tard, lorsque les deux prétendants à la fortune pointent le nez chez le marabout, le constat est amer. Ce dernier est introuvable. Pour eux, il n’y pas de doute. Le mystique s’est taillé dans la nature avec le magot produit par leur sang. Ils décident alors, de saccager le domicile de celui qu’ils accusent d’avoir abusé d’eux. Ainsi, en compagnie de cinq amis, les frangins se déportent nuitamment chez le marabout encore absent. Et là, ils ne font pas de quartiers. Tout est saccagé. Les canaris contenant des mixtures à la nature inconnue sont cassées. Des fétiches et autres gris-gris sont détruits. Puis, les jeunes gens rentrent chez eux. Fiers d’avoir fait payer sa supposée roublardise au marabout. Ce dernier, au constat de ce qui s’est passé chez lui, a-t-il décidé de se venger?

Bizarre

En tout cas, le mercredi 25 janvier 2012, alors que la maisonnée s’apprête à gagner le lit, Serge est frappé par un mal étrange qui lui enfle les membres inférieurs. Puis, il s’ensuit un ballonnement du ventre. Les parents croient bien faire d’attendre le lendemain pour le conduire à l’hôpital. Mais, ce jour-là, à 6h du matin, le jeune Serge rend l’âme. Son corps est transféré à la morgue. Mais à peine les siens sont-il de retour que Franck, son cadet, à son tour, est subitement frappé par le même sort, avec les mêmes symptômes. On le conduit aussitôt à l’hôpital. Mais le diagnostic ne révèle rien. C’est pourquoi le médecin conseille aux parents d’évacuer Boti Franck dans un centre plus approprié. Malheureusement, à 22h, ce même jeudi, il décède à son tour. Les deux frères sont inhumés, le dimanche 29 janvier 2012. On raconte qu’avant son décès, Franck aurait confié à ses parents, que c’est le marabout du quartier qui est en train de décimer tous ceux qui ont saccagé son domicile. Une peur-panique s’est aussitôt emparée des autres qui ont participé à l’expédition punitive. L’inquiétude est totale. Pour l’heure, les amis et parents n’ont de cesse de pleurer les deux frères morts dans des conditions qui semblent fortement relever du mysticisme. Et l’on n’hésite pas, pour ce faire, à accuser le fameux marabout. Mais où trouver ce dernier porté disparu depuis?

Norbert NKAKA
(A Dabou)
Soir Info

………….

Le témoignage pathétique et poignant de M. Boty Bi, père des deux premières victimes

« Mes enfants étaient bien portants et c’est seulement le mercredi dernier que Franck a eu un malaise très mystérieux.
Il me disait qu’il n’avait rien. Il cachait en fait le mal qui s’est empiré le vendredi dernier jusqu’à son décès. Quelqu’un
m’a dit qu’il a marché sur un médicament devant la porte. J’ai dit que ce n’était pas sérieux car si quelqu’un devrait ve-
nir jeter un sort à la maison, ce serait contre moi et non les enfants. C’est finalement l’un de ses camarades qui nous a
mis sur la piste du rituel qu’il a eu à faire chez un féticheur avec son frère Boris et trois autres camarades. Le vendredi,
our de son décès, il me disait qu’il allait mourir, qu’il voyait un serpent qui se jetait sur lui. Depuis son malaise, je faisais
des prières nocturnes mais rien n’y fit. Tout est parti d’une affaire de broutage. Lui et ses camarades sont allés voir le
féticheur pour leur permettre d’avoir de l’argent. Et ils ont mobilisé 20.000 F Cfa et une bouteille de liqueur (Calao).
Mais, le médicament n’a jamais marché. Fâchés, ils sont allés voir le féticheur, l’ont bastonné puis ont emporté plusieurs
de ses affaires qu’ils gardaient dans leurs sacs ici à la maison. Et c’est bien tard que nous avons su tout cela. Ils ont avoué
eur forfait au pasteur avant de rendre l’âme. Boris, lui, a piqué son malaise alors que les gens étaient réunis pour nous
dire ‘’yako’’ pour le décès de son frère Franck. C’est finalement lui que tout le monde secourait avec des prières. Mais
en vain. S’ils avaient dit réellement ce qui s’était passé plus tôt, si on l’avait su un peu tôt, peut-être, qu’on aurait pu les
sauver. Le féticheur en question est en fuite et nous n’avons pas encore porté plainte».

Propos recueillis par M.T.T
L’Intelligent d’Abidjan

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