Lu dans le Patriote du jeudi 20 Novembre 2008: Mahan Gahé ou l’indignité

mahan

Décédé le lundi 16 Septembre 2013 à la Pisam, Mahan Gahé, SG de la centrale Dignité a fait couler beaucoup d’encre. Nous vous proposons un portrait du syndicaliste le plus controversé de son temps. Mahan Gahé, ou l’indigité. (Ivoire Actualite )

De la Dignité à l’in-di-gni-té. Une simple pirouette pour Basile. Cheveux hirsutes et grisonnants, derrière une paire de lunettes dont la monture tient à peine, la moustache mal coiffée, Mahan Gahé, tient le crachoir devant les militants de Dignité à Adjamé. Le visage dégoulinant de sueur. Cette image trompeuse, beaucoup d’Ivoiriens l’ont encore à l’esprit.

On ne lui connaît pas un autre métier que le syndicalisme. Cet humaniste fin, comme le Seigneur, a décidé de faire don de soi. Erreur ! Les escrocs ont ceci de chatouillant de glisser d’une rive à une autre avec une facilité déconcertante. Cet homme, son histoire se conte comme une épopée. Sous le régime Henri Konan Bédié, Mahan Gahé Basile est sur tous les fronts. Il hurle, insulte et même menace. Il prend les devants de la contestation sociale sans faire mouche. Les syndicats émergents déposent leurs valises à la Confédération ??Dignité ». Il ambitionnait de redonner aux travailleurs la Dignité perdue. La musique est bonne à entendre.

En décembre 1996, les agents de la CARENA, à l’issue d’une grève, obtiennent un protocole d’accord aux termes desquels, cette entreprise devrait les classer dans leur vrai secteur d’activités, c’est-à-dire la construction et la réparation navale. Malheureusement, la convention collective ivoirienne ne prévoyait pas ce secteur d’activités. La guerre des tranchées entre les employés et l’entreprise entraîne l’employeur a apposé le 20 mars 1997, une note de service dans laquelle il licencie 300 travailleurs. Dignité fait de l’affaire CARENA, son chou gras. Sur la misère de ces travailleurs, le syndicaliste à la femme blanche va écrire son histoire.

Au gouvernement de Daniel Kablan Duncan, il a fait des misères. Des Ivoiriens l’avaient très tôt baptisé José Bové . Abonné au gain facile, il a souri aux billets de banque du régime. Sous la couverture d’assistance aux nouvelles centrales syndicales, la coquette somme de plusieurs centaines de millions fcfa lui a été octroyée. Un flou artistique a entouré la gestion de ce pactole. L’homme pouvait maintenant s’offrir des vêtements avec un peu d’éclat.

Quand survint le coup d’Etat de 1999, le dénonciateur de la précarité de l’emploi a porté le manteau politique. Sous le régime de la Refondation, il a avalé sa langue et même devenu aphone. Les conditions des travailleurs qu’il dénonçait sous les régimes précédents ne sont pas améliorées mais plutôt se sont aggravées. Le bouillant syndicaliste s’est ramolli. Empêtré entre les jambes du régime, de temps en temps, il donne de la voix pour se donner une certaine conscience. La refondation dont il s’est révélé être un allié a financé à grand renfort de publicité l’organisation des assises sur le travail. Les grands escrocs de ce monde savent qu’il faut d’abord se faire un nom. La popularité, Mahan en a eu. Il pouvait maintenant s’inviter dans les affaires. Malheureusement, le père fondateur de Dignité atterrit dans un secteur (les finances) où le bruit est proscrit. La banque est un métier, les victimes de la Coopérative d’épargne et de crédit Dôni Dôni viennent de l’apprendre à leurs dépens. Un chômeur reconverti dans le syndicalisme ne s’improvise pas dans les finances. Après avoir vendu des chimères, anarquer des milliers de familles, ruiner des espoirs, il nargue sans gêne ses victimes. Il est connu partout, surtout au palais. Il n’a rien à craindre. Il est de notoriété que le syndicalisme et les affaires ne font pas bon ménage. La preuve : Mahan Gahé Basile a accroché une autre médaille à sa réputation pour le malheur des milliers d’Ivoiriens.

Source : le Patriote

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