BAE attaquée – Des fantômes de la crise postélectorale toujours présents à Yopougon

rci_nvelles_attaques

Le drame d’une crise armée, c’est qu’elle ne prend presque jamais véritablement fin. Les séquelles demeurent pour longtemps et se manifestent par intermittence.

La panique que les habitants de la commune abidjanaise de Yopougon ont vécue dans la matinée de mardi dernier, relève justement d’un de ces signes. Ce sont les fantômes de la sanglante crise post-électorale de 2010-2011 qui viennent hanter la Côte d’Ivoire, comme pour rappeler que les stigmates laissés par cette phase sombre de l’histoire du pays sont encore présents. Ce, en dépit du semblant retour au calme que l’on vante tant. Ce qui s’est passé mardi dans le camp de Yopougon est une marque de défis non encore relevés sur le chantier de la réforme des forces de défense et de sécurité.

Que des soldats se mutinent pour une banale histoire d’armes disparues et qu’on apprenne par la suite que lesdits mutins ne sont pas matriculés, ou que les armes dont ils se sont servis ne proviennent pas de l’armurerie officielle, voilà autant d’informations que le grand public était loin de soupçonner. Mais qui, néanmoins, atteste d’une certaine pagaille et un laisser-aller qui seraient encore en vigueur au sein de la grande muette…

Pour qui se rappelle la crise qui avait précédé l’installation effective d’Alassane Ouattara au pouvoir en 2011, le bilan du président ivoirien relèverait tout naturellement d’une prouesse. Progressivement, le pays est en train de reprendre sa place de leader économique de l’espace francophone de cette partie ouest du continent africain. Un tel résultat est bien entendu consécutif à la victoire remportée sur le désordre et l’anarchie qui y avaient été érigés en règles.

L’insécurité a été largement vaincue, pourrait-on dire. En témoigne d’ailleurs le dernier déplacement que le chef de l’Etat a effectué au Libéria, pour inviter ses compatriotes réfugiés dans ce pays voisin à revenir au bercail.

Mais avec ce qui s’est ce début de semaine dans le camp BAE de Yopougon, on est bien obligé de revoir ce bilan à la baisse. Parce qu’en réalité, on se rend compte que des problèmes de fond demeurent, pour ce qui est du climat sécuritaire. Des problèmes qui, s’ils ne sont pas tout de suite circonscrits et résolus, risquent de précipiter de nouveau le pays dans la pagaille.

Ces problèmes sont relatifs aux forces armées qui ne semblent pas avoir encore tout a fait ré-intériorisées les règles de discipline et d’ordre qui doivent régir leur institution. Visiblement, en Côte d’Ivoire, il y a toujours des hommes en uniformes qui ne relèvent pas pourtant de l’effectif officiel de l’armée. Ceux qui se sont mutinés  cette semaine relèveraient de cette catégorie qui n’aura manifestement pas pu entrer dans le moule du programme DDR (Démobilisation, désarmement, réinscription).

En effet, selon des informations recueillies auprès des responsables de l’armée ivoirienne, les armes dont les mutins se sont servis pour bloquer la circulation pendant une bonne partie de la matinée, ne viendraient pas non plus du stock officiel. C’est dire qu’il y a dans la nature des hommes en possession d’armes de guerre et entraînés à s’en servir. Et ayant des motifs plus ou moins avoués (la frustration consécutive à leur exclusion de l’effectif de l’armée) de s’en servir.

Dans la mesure où une telle menace ne pèse pas que sur les populations qui, il est vrai, ont été les plus « embêtées » pour le cas d’hier, les autorités ivoiriennes devraient s’atteler à la résolution définitive de ce problème. Au risque d’en être les victimes, elles-mêmes.

Avec Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]

Commentaires Facebook

Les commentaires sont fermés.