Côte d’Ivoire – Comment les cacaoculteurs peuvent mettre fin au vol opéré par l’Etat ivoirien

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LIDER | Agriculture | 16 avril 2014

Le président de LIDER, le Pr. Mamadou Koulibaly, s’est récemment insurgé contre la fixation, par décret du chef de l’Etat, du prix du cacao et a dénoncé l’iniquité de la clé de répartition dudit prix en Côte d’Ivoire (60% pour les producteurs, 22% pour l’Etat et 18% pour les exportateurs), qui n’est ni plus, ni moins du vol organisé.

Le mauvais traitement imposé aux cacaoculteurs fait qu’ils n’entretiennent plus les plantations qui vieillissent, ce qui aggrave la déforestation. Bien des planteurs se reconvertissent dans l’hévéaculture quand ils le peuvent. Les sols s’appauvrissent et s’acidifient. Certains vont vendre leur production au Ghana dès qu’ils en ont l’opportunité. La production ivoirienne, bien qu’étant la première du monde en quantité, est l’une des moins bonnes en qualité et en rendement : l’on produit au maximum 400 kg par hectare en Côte d’Ivoire, là où des concurrents en Asie comme le Vietnam font 2.000 kg à l’hectare. Les industriels du chocolat se plaignent du manque de savoir-faire des producteurs ivoiriens et des maladies non traitées des plantations de cacao attaquées par des insectes. L’agro-industrie pense investir dans la formation des paysans et non dans la justice des prix et dans la propriété privée des terres agricoles.

Cet état des lieux déprimant n’a pourtant aucune raison de perdurer. LIDER, qui s’engage à procéder à la distribution des titres fonciers aux populations rurales et la libéralisation du secteur agricole à son arrivée au pouvoir, recommande quelques actions aux responsables de groupes de paysans, pour contraindre le gouvernement Ouattara à mettre fin à son entreprise de spoliation.

La première action consiste à informer tous les paysans auxquels ils ont accès qu’ils se font arnaquer depuis toujours par le mécanisme expliqué par LIDER. En effet, alors que le président de la République, dans un élan de prétendue générosité, a fixé le prix de la campagne de cacao à 750 fcfa/kg, celui-ci est vendu à 1.478 fcfa sur le marché international. L’Etat garde donc par devers-lui près de 50% du prix international du cacao qui reviennent de facto aux agriculteurs.

Deuxièmement, ils devraient leur expliquer que l’Etat n’a pas le droit constitutionnel d’orchestrer un tel vol, qui est la source de leur pauvreté relative par rapport aux efforts qu’ils font tous les jours dans leurs champs de cacao.

Par ailleurs, les responsables de groupes de paysans devraient leur expliquer que leur production est à eux et à personne d’autre, et qu’ils peuvent la vendre directement eux-mêmes ou par l’intermédiaire de leurs coopératives, aux exportateurs ou aux chocolatiers, sans avoir à subir l’intervention de l’Etat.

Leur seule obligation sera de payer ensuite l’impôt sur leur revenu, comme les autres citoyens. Il n’y a en effet pas de raison que les fonctionnaires et les autres salariés payent leurs impôts sur leurs salaires et que les producteurs de cacao soient, quant à eux, soumis à un régime plus qu’injuste et infiniment honteux.

Selon la législation fiscale ivoirienne, les exploitants agricoles sont soumis à l’impôt synthétique, comme le montre le régime d’imposition publié sur le site de la direction générale des impôts, qui dit : «Sont soumis au régime de l’impôt synthétique : Les personnes physiques dont le commerce principal est de vendre des marchandises, objets, fournitures et denrées à emporter ou à consommer sur place ou de fournir le logement, les exploitants agricoles, planteurs et éleveurs, lorsque leur chiffre d’affaires annuel, toutes taxes incluses n’excède pas 50 millions de francs.»

Le même site donne les tarifs de l’impôt qui correspond au cas des paysans. Il apparait ainsi clairement que les paysans qui gagnent moins de 5 millions de fcfa pour leur récolte ne doivent rien payer. Le montant de l’impôt synthétique est déterminé selon le tableau ci-après :

Chiffre d’affaires

Impôt exigible
Jusqu’à 5.000.000

Néant
De 5.000.001 à 6.000.000

491.400
De 6.000.001 à 7.000.000

573.300
De 7.000.001 à 8.000.000

655.200
De 8.000.001 à 9.000.000

737.100
De 9.000.001 à 10.000.000

819.000
De 10.000.001 à11.000.000

900.000
De 11.000.001 à12.000.000

982.000
De 12.000.001 à13.000.000

1.064.000
De 13.000.001 à14.000.000

1.146.600
De 14.000.001 à15.000.000

1.228.500
De 15.000.001 à 16.000.000

1.310.000
De 16.000.001 à 17.000.000

1.392.000
De 17.000.001 à 18.000.000

1.474.200
De 18.000.001 à 19.000.000

1.556.100
De 19.000.001 à 20.000.000

1.638.000
De 20.000.001 à 21.000.000

1.719.900
De 21.000.001 à 22.000.000

1.801.800
De 22.000.001 à 23.000.000

1.883.700
De 23.000.001 à 24.000.000

1.965.600
De 24.000.001 à 25.000.000

2.047.500
De 25.000.001 à 26.000.000

2.129.400
De 26.000.001 à 27.000.000

2.211.300
De 27.000.001 à 28.000.000

2.293.200
De 28.000.001 à 29.000.000

2.375.100
De 29.000.001 à 30.000.000

2.457.000
De 30.000.001 à 32.000.000

2.480.000
De 32.000.001 à 34.000.000

2.640.000
De 34.000.001 à 36.000.000

2.800.000
De 36.000.001 à 38.000.000

2.960.000
De 38.000.001 à 40.000.000

3.120.000
De 40.000.001 à 42.000.000

3.280.000
De 42.000.001 à 44.000.000

3.400.000
De 44.000.001 à 46.000.000

3.600.000
De 46.000.001 à 48.000.000

3.760.000
De 48.000.001 à 50.000.000

3.920.000

Or, en détournant à son profit 50% du prix international du cacao revenant aux paysans, l’Etat fait d’eux les plus grands contribuables de notre pays, alors qu’en retour, ils ne reçoivent presque rien des biens publics produits par l’Etat, comme par exemple des centres de santé et des routes de qualité, des écoles, des bourses d’étude pour leurs enfants, la retraite, la sécurité etc.

Ensuite, il faut expliquer aux paysans qu’ils ne peuvent pas être soumis à l’impôt foncier, parce que l’Etat ne leur reconnait pas la propriété des terres sur lesquelles ils travaillent et ne leur a donc jamais donné de titre foncier pour ces terres.

Enfin, il faut leur dire que les agriculteurs ont des droits qui ne se résument pas à élire les présidents de la république, les députés, les maires et les conseils généraux ou régionaux de leur pays. Ils ont droit d’être propriétaires de la terre de leurs ancêtres, qu’ils travaillent au quotidien. Ils ont le droit d’avoir une vie décente et ils ont le droit d’être respectés par les élites de leur pays. Par contre, nul n’a le droit de se moquer d’eux en les confinant dans des conditions modestes ni de leur voler leur argent, en leur faisant croire qu’on est en train de leur rendre service.

Il est temps que les paysans du cacao en Côte d’Ivoire et leurs différentes organisations ouvrent les yeux, prennent conscience de la spoliation dont ils sont l’objet et mettent fin au vol systématique qui les dépouille de leurs biens et leur interdit la prospérité, en déposant des plaintes contre l’Etat criminel devant la justice ivoirienne et celle de la Cedeao.

LIDER. Ensemble, nous réussirons.

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