Après Joseph Kabila – Tshisekedi se proclame à son tour président de la RDC

Photo par Finbarr O'Reilly / Reuters/Reuters

Tshisekedi se proclame à son tour président de la RDC

Par Jonny Hogg

(Reuters) – L’opposant Etienne Tshisekedi a rejeté vendredi la victoire du président sortant Joseph Kabila à l’élection du 28 novembre en République démocratique du Congo et s’est proclamé chef de l’Etat.
« Je considère ces résultats comme une véritable provocation pour le peuple congolais. En conséquence, je me considère, à partir de ce jour, comme le président élu de la République démocratique du Congo », a-t-il déclaré sur RFI.

Le président de la Commission électorale centrale indépendante (Ceni), Daniel Ngoy Mulunda, avait auparavant annoncé la victoire du président sortant.
« La commission électorale constate que le candidat Joseph Kabila a remporté une majorité avec 8.880.944 voix, soit 48,97% des suffrages exprimés », avait-il dit.
« Ce n’est pas une raison pour dresser la population contre l’ordre établi afin de contester ces résultats ou régler des comptes », avait-il prévenu.
Etienne Tshisekedi a recueilli pour sa part un peu plus de 32% des voix, selon la Ceni.
Dans l’entourage du chef de l’Etat, on se dit « comblé » par la victoire de Joseph Kabila et fier du processus électoral.
« Nous avons montré au monde que nous étions capables de financer et d’organiser des élections », a déclaré à Reuters Kikaya Bin Karubi, ambassadeur de la RDC à Londres. « Nous sommes très heureux et prêts à poursuivre la reconstruction du pays ».

KINSHASA SOUS TENSION

Avant même l’annonce des résultats définitifs, Kabila et Tshisekedi avaient tous deux revendiqué la victoire.
L’opposition avait annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas une victoire de Kabila et jugé que les chiffres provisoires annoncés étaient frauduleux.
Les observateurs internationaux ont jugé que le scrutin avait été entaché d’irrégularités et mal organisé, mais n’ont pas appelé à son annulation.
A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a souligné que le scrutin avait été « marqué par de nombreuses et sérieuses défaillances et irrégularités ».
« La France appelle tous les acteurs politiques congolais à faire preuve de retenue et d’esprit de responsabilité. Elle invite les candidats qui souhaiteraient contester les résultats provisoires à le faire en utilisant les voies de recours légales. Elle condamnera toute incitation à la violence. »
Selon l’ONG Human Rights Watch, au moins 18 personnes ont été tuées dans les violences électorales. Le camp Kabila a prévenu que le gouvernement serait obligé de mobiliser l’armée si jamais les manifestations devenaient « trop chaotiques ».

Vendredi, Kinshasa était quadrillée par des convois de camions de police. Aux coins de rue se tenaient des policiers équipés de lanceurs de gaz lacrymogène.
Dans la République du Congo voisine, le gouvernement a annoncé cette semaine qu’il installait un camp de réfugiés au nord de la capitale, Brazzaville, en face de Kinshasa sur l’autre rive du fleuve Congo, au cas où les violences en RDC entraîneraient un exode.
Le scrutin, premier organisé par Kinshasa depuis la guerre civile qui a fait cinq millions de morts, était initialement destiné à ramener la stabilité dans le pays.
Des diplomates avaient proposé une médiation dans le cas où les résultats seraient contestés, mais l’entourage du candidat sortant l’a refusée, arguant qu’il n’y avait aucun conflit.

Gregory Schwartz et Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Gilles Trequesser

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