Côte-d’Ivoire Confidentiel tuerie des 7 casques bleus la piste Burkinabè se confirme

Albert Gérard Koenders avec Alassane Dramane Ouattara photo DR.

EXCLUSIF par Gbansé, Douadé Alexis* | Connectionivoirienne.net

Le 18 juillet prochain, le Conseil de sécurité de l’Onu durant les débats sur la prolongation de sa mission en Côte-d’Ivoire, rendra probablement public ses résultats d’enquêtes sur l’embuscade meurtrière du 8 juin 2012, causant la mort de 7 soldats du bataillon nigérien de l’Onuci, d’une demi-douzaine d’éléments des Forces Républicaines de Côte-d’Ivoire (Frci) et de plusieurs civils, dans le village ivoirien de Saho en zone frontalière avec le Liberia.

En attendant de connaitre ces résultats d’enquête, les populations ivoiriennes restent sans réelles informations sur l’identité des éléments armées, ayant tendu cette première embuscade meurtrière de l’histoire [en Côte-d’Ivoire], aux « soldats de la paix » depuis leur déploiement dans cette « malheureuse » ex-colonie française d’Afrique de l’ouest, il y a bientôt 10 ans de cela.

L’actuel gouvernement ivoirien a, comme à ses habitudes par précipitation ou pour des macabres calculs politiques, accuser les miliciens anti-Ouattara, pro-Gbagbo. Des accusations que de nombreux observateurs qualifient volontiers d’accusations dans le vide, d’accusations pas trop crédibles, d’accusations sans grandes preuves, d’accusations politico-politiciennes.

L’hypothèse la plus crédible sur l’identité des assaillants du 8 juin, selon nos informations demeure la piste des miliciens Burkinabé qui écument les forêts de l’ouest ivoirien. Des miliciens dont certains, posséderaient plusieurs bases « secrètes » dans la jungle de l’autre coté du fleuve Cavally, en territoire libérien.

L’attaque du 8 juin 2012

Ce vendredi, connectionivoirienne.net fut le premier medium à évoquer l’embuscade tendue contre les 7 casques bleus. Sur le coup de 14H GMT, nous recevons une alerte de nos contacts laissés dans la zone, depuis notre reportage intitulé « Le Drame du quartier carrefour », effectué avec l’une des chaînes publiques des Pays-Bas [KRO], entre les 22 et 27 avril 2011. Une trentaine de minutes plus tard l’alerte devient insistante. S’en suit l’exclusivité mondiale de la tuerie des casques bleus [Lire ici]. Quelques jours plus tard, ce site sera encore le premier medium à évoquer la piste des miliciens Burkinabé [Lire ici]. Nos sources traditionnelles, que confirmera une source diplomatique américaine présente au Liberia, évoquaient la forte présence de miliciens originaires de l’ex Haute-Volta sur les lieux du drame. Toute chose rendant les opérations de ratissage et d’enquêtes compliquées. Selon ces sources, ces milices mi dozos, mi-soldats ou ex soldats ne seraient pas innocentes. Un de nos informateurs nous tiendra les propos suivants: « Faites dans vos analyses et enquêtes de journalistes attention à l’identité des soldats de l’Onu tués. Pourquoi des Nigériens sachant les relations qualifiées d’étroites entre le nouveau président français Francois Hollande et celui du Niger, Mahamadou Issoufou ? Pourquoi maintenant et pas durant tout le règne de Laurent Gbagbo, malgré la forte animosité qui existait entre les FDS et les contingents de l’Onuci, sachant bien que cette zone [Taï-Tabou] a toujours fortement été peuplée par les Burkinabé et Ivoiriens d’autres régions [Baoulé, Abron] pour des raisons essentiellement agricoles. Le village de Para auquel est rattaché le campement de Saho est à 80% peuplé de Mossis et Maliens. Quand nous sommes allés en patrouille avec les Frci, un Burkinabé qui nous a accompagnés au bord du Cavally a indiqué qu’il a des « frères » du côté du Liberia. Information confirmée également par un couple de Baoulé croisé dans le dernier campement côté ivoirien. J’avais pensé à des gens qui font des champs dans la forêt libérienne. Certains s’avèrent désormais être des miliciens ou Dozos »

Connectionivoirienne.net a depuis lors, pu obtenir copies d’une série de documents classés « Confidentiel Défense », en rapport avec la situation militaire réelle en Côte-d’Ivoire. Certains documents, jugés par notre rédaction comme de vrai-faux, ont rapidement été mis à la poubelle. D’autres, présentant des hypothèses vraisemblables, recoupant nos propres informations, ont été patiemment mais courageusement investigués. Conformément à notre mission d’information, nous rendons ici partiellement public, les dernières conclusions de nos investigations sur les identités des auteurs de l’attaque menée contre les casques bleus Nigériens.

« Confidentiel Défense »

Cérémonie d'hommage aux 7 casques bleus, Abidjan Onuci

La piste la plus citée par toutes nos sources y compris celles proches de la force française Licorne, de l’Onuci, désignent les miliciens Burkinabé, dissidents d’Amadé Ouérémi, comme les auteurs de l’embuscade ayant coûté la vie aux 7 casques bleus Nigériens. Nos conclusions s’appuient sur les aveux obtenus lors des auditions des ressortissants Burkinabé Z. Sibiri, F. Bationo et de M. Ilboudo interpellés dans la zone de conflit. Selon leurs aveux cette attaque était depuis un mois en préparation et Amandé Ouérémi en était parfaitement informé, sans pour autant s’y opposer.

L’attaque a été planifiée durant un mois. Elle fut conduite par un groupe de miliciens avec à leur tête, l’ex officier Burkinabé radié en 2008 des effectifs des commandos parachutistes de Pô, connu sous le nom de Kafondo I. Il serait l’éminence grise d’Amandé Ouérémi de qui, il a avec près d’une centaine d’éléments décidé de se séparer, pour mener une autre guerre dans le sud-ouest ivoirien. Le champ opératoire de ces milices dépasse les limites territoriales d’une guerre conventionnelle. Les spécialistes militaires interrogés, évoquent une tactique d’affrontements dissymétriques, fondés sur le renseignement, l’embuscade, la tromperie, la complicité ou la manipulation des populations civiles. Les attaques visent essentiellement la déstabilisation par de longues confrontations de faibles intensités. Une technique de Guerre à basse intensité, enseignée dans les forces spéciales Burkinabé, corps d’origine de quelques chefs de ces milices qui sévissent dans l’ouest ivoirien.

Les dessous de « ces attaques à intervalles réguliers »

Cinq raisons [hors menaces pro-Gbagbo] pourraient à ce stade de nos informations, expliquer l’instabilité chronique constatée dans l’ouest ivoirien depuis le 11 avril 2011.

1- Deux clans opposés se partagent depuis quelques mois le contrôle de l’ensemble du littoral ouest forestier ivoirien. A l’origine de cette scission, se trouve le mécontentement d’une centaine d’éléments qui réclament le paiement de leur pécule (une centaine de millions de Fcfa reçue de la présidence ivoirienne) qui n’a pas été versé à tout ce beau monde par Amandé Ouérémi.

2- Amadé Ouérémi n’a plus aucune emprise sur ces éléments rebelles devenus incontrôlables.

3- Un environnement politique non encore maîtrisé en rapport aux contradictions internes de la coalition politique au pouvoir en Côte d’Ivoire depuis avril 2011.

4- La création de conditions d’une psychose générale au sein des Frci et des bataillons étrangers de l’Onuci.

5- La déstabilisation de l’autorité établie par de longues confrontations de faibles intensités.

Encadré:
Le nommé Timptoé Kouanda Lassane a été relevé de ses fonctions depuis l’attaque, par la hiérarchie des FRCI basée à Tai. Il est depuis, remplacé par Sawadogo Idrissa pour le contrôle de la zone de la forêt classée du Cavally. Il est reproché à Timptoé Kouanda Lassane entre autres le manque de compte rendu, le non-reversement de l’argent des rakets, de la vente des forêts et d’autres sortes de trafics. Mais plus principalement, la hiérarchie FRCI lui reproche sa tiédeur face aux grabuges sans fin dans la zone ainsi que les zones d’ombre sur son témoignage, surtout son lieu de  présence lors des tueries des casques bleus le 8 juin dernier.

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*Directeur de publication de Connectionivoirienne.net, membre de l’Association des Journalistes Néerlandais (NVJ), membre de la Fédération Internationale de Journalistes (IFJ)

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