Côte d’Ivoire, le cacao et la décadence agricole

Par Dr Serge-Nicolas NZI

C’est bizarre que la chute de la production cacaoyère soit une nouvelle que les ivoiriens apprennent par des journaux étrangers ? Cette baisse de la production cacaoyère n’est-elle pas une bonne chose pour les paysans ivoiriens ?

Ce n’est un secret pour personne, la production agricole ivoirienne est en baisse, aussi bien dans les produits de rente comme le cacao et le café, mais aussi l’agriculture ivoirienne n’arrive plus à produire suffisamment pour couvrir la demande locale en nourriture. L’autosuffisance alimentaire, est depuis longtemps une chimère au pays des éléphants.

Il n’y qu’à observer les quantités énormes de riz importées pour se rendre compte qu’on s’achemine inéluctablement vers une décadence agricole certaine de la Côte d’Ivoire. Les chiffres avancés sont alarmants. Une baisse de 13 à 15% pour le cacao et de 8 à 10% pour le café dans parler de la production cotonnière en chute libre depuis le début de la crise parce que liée à des trafics frauduleux juteux avec les pays voisins du nord de la Côte d’Ivoire qu’on laisse faire pour des raisons qui nous échappent complètement.

En ce qui concerne le vivrier il n’est pas difficile de constater que la flambée des prix sur le marché ivoirien n’est rien d’autre que la situation d’instabilité du pays empêche les zones de production d’ignames et de bananes de couvrir les besoins du pays. La production des denrées alimentaires est en chute libre depuis dix ans.

Ne parlons même pas de l’état lamentables et pitoyables des routes et pistes villageoises qui par manque d’entretien sont dans l’incapacité de contribuer à l’évacuation vers les grands centres urbains les récoltes et certains produits qui abandonnés par les paysans en période d’abondance, pourrissent sur place. On dirait qu’on a oublié dans ce pays que la route est le premier facteur de communication et d’intégration entre les centres urbains et l’arrière pays ?

Malheureusement comme au temps des idéologies on trouvera facilement des gens pour vous insulter parce que pour eux c’est parce que vous êtes contre le gouvernement que vous faites ce constat. Il n’en est rien, ils oublient tous que la liberté de penser existe sur la terre. Quelle est aujourd’hui la valeur d’un gouvernement quand il a du mal à payer les fonctionnaires qu’il a lui-même engagés ? Quelle est la valeur d’un pays dont le chef d’Etat se promène partout pour quémander de l’argent ?

Bien sûr, la Côte d’ivoire n’est pas encore au stade de l’urgence alimentaire comme le Soudan ou le Zimbabwe, mais si rien n’est fait sur place pour rehausser le niveau de vie des paysans et surtout pour garantir la sécurité des personnes et leurs biens dans les différentes régions agricoles du pays, nous craignons un risque grave de pénuries dans les trois prochaines années.

Avec une population de près de 22 millions d’habitants et une croissance démographique avoisinant les 3%, Il est pratiquement impossible de nourrir tout ce monde et de relever ce défi de survie sans une politique agricole volontariste et un paysannat engagé dans un solide partenariat de production pour répondre aux besoins de nourritures du pays. Abidjan la plus grande ville du pays frôle les 5 millions d’habitants.

C’est pourquoi Il faut dès à présent réorienter l’agriculture ivoirienne en lui donnant cette fois-ci comme objectif une croissance de la production pour satisfaire d’abord nos besoins alimentaires, manioc, banane, igname, riz, maïs, tarot, mil, sorgho, développer des méthodes nouvelles de conservation permettant à la production de s’inscrire dans la durée.

L’exemplarité des paysans ivoiriens

Nous voulons saluer ici le courage de nos parents paysans du milieu rural ivoirien, nous sommes pour la plupart issus de familles paysannes. Au-delà de l’indignation que nous éprouvons pour le sort qui leur a été réservé par nos gouvernants, leur dignité ne s’est pas émoussée. Après l’indépendance, notre pays a fait le choix de privilégier les cultures d’exportation, café, cacao, coton, hévéa, banane, arachide, tabac, palmier à huile etc.. Tout cela pour satisfaire les besoins des autres à des prix fixés par eux. Ce choix est certainement la plus grande stupidité de notre histoire récente en faisant le constat du résultat final.

L’histoire du développement partout où il a été possible, nous montre que les gens produisent d’abord pour se nourrir et satisfaire leurs propres besoins et vendent le surplus de leur production aux autres dans le cadre de la réalité marchande qui régit les échanges entre les pays, les hommes et les peuples.

Consacrer nos meilleures terres pour cultiver afin de satisfaire les besoins des autres à des prix fixés par eux est une immense erreur de la part de nos différents gouvernements ivoiriens. Si les français, les norvégiens, les canadiens ou les allemands en hivers n’ont pas du café à boire, cela ne doit pas être notre problème, car la vie nous enseigne que chacun doit chercher d’abord à satisfaire ses propres besoins avant de se préoccuper des autres, c’est ainsi que le monde fonctionne.

C’est donc les choix stupides de nos gouvernements corrompus et médiocres qui ont contribué à l’appauvrissement de nos parents paysans, ruinant nos meilleures terres pour finalement nous retrouver au bord de la route à quémander pour vivre sous les regards méprisant des autres.

Notre manque de courage et notre incapacité à faire des choix clairs ont plongé nos paysans dans un complexe d’infériorité épouvantable. Alors qu’ils étaient notre avenir, nous avons fait d’eux les victimes de notre lâcheté, de notre manque de courage et de notre incapacité à voir loin.

Nos parents paysans ivoiriens sont aujourd’hui déboussolés, du ministre, au préfet au sous-préfet en passant par l’encadreur agricole, tout ce beau monde est allé dans nos villages pour les encourager à plus d’efforts pour produire des cultures de rentes dans lesquelles il n’y a plus d’avenir.

Ils sont aujourd’hui perplexes et résignés devant un Etat, qui a démissionné et qui est fondamentalement prédateur avec ses instruments de castration que furent les banques agricoles qui ont failli à leur mission ainsi que les honteuses caisses de stabilisation et autres filières café cacao, dont l’opacité dans la gestion, reste pour nous, toute une aberration nationale.

Finalement les paysans ivoiriens sont en face d’un Etat éloigné de leurs préoccupations, un Etat qu’ils trouvent méprisant, hautain, lointain, rapace et médiocre. Si rien n’est fait pour corriger cette situation, le risque est réel de les voir s’organiser à moyen terme pour se passer de l’Etat prédateur qui est la source de leurs malheurs.

C’est au nom de leurs souffrances, que nous devons prendre le peu de courage et de dignité qui nous reste pour contester les politiques agricoles actuelles de notre pays Côte d’Ivoire, en exigeant la nécessité de rompre avec les pratiques de monocultures de rentes et de privilégier au contraire l’agriculture vivrière qui s’impose à nous pour survivre dans la jungle du monde actuelle.

Il faut penser à un modèle alternatif, parce que l’économie ivoirienne repose pour le moment sur l’agriculture. Sans oublier un nouveau mode de gestion des terres agricoles qui posent problème aujourd’hui dans la recomposition de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Il faut replacer les exploitations familiales au cœur des politiques agricoles. C’est une simple question de bon sens.

Pour permettre l’invention d’une société rurale où les paysans vivront dignement de leur travail et participeront au niveau local à une vie démocratique qui les rapprochera des centres de décisions pour ne pas faire d’eux les oubliés du progrès. Nous avons voulu ici exprimer ces choses simples pour nous rapprocher de leurs combats quotidiens.

Nous ne sommes pas ici en donneur de leçons, mais, pour une fois ce ne sont pas les européens, les chinois et les indiens qui doivent relever nos propres erreurs et étaler nos incohérences sur la place publique de ce village planétaire qu’est le monde d’aujourd’hui, pour faire de nous la risée de la planète, si ce n’est déjà fait.

Voilà ce qui nous attend si nous restons dans nos certitudes et refusons la psychanalyse collective nécessaire à notre aggiornamento. Ils sont sans doute prêts à nous aider à nous raccorder au train de l’histoire pour retrouver notre chemin dans un monde en mouvement perpétuel, à condition que nous sachons vers quelle direction nous voulons nous orienter, car finalement, il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va

L’avenir des cultures de rente

Avant d’aller plus loin, il est utile et nécessaire ici de lever une équivoque, nous ne sommes nullement pas contre les cultures de rente que sont le palmier à huile, l’hévéa, l’anacarde, le café, le cacao et le coton.
La difficulté et le problème est que ces cultures demandent beaucoup d’efforts pour être rentable.

Ces cultures ont absorbé nos meilleures terres poussant le monde rural à une pression plus grande sur les régions de forêts aggravant ainsi le déséquilibre entre les régions, de notre pays. On a l’impression que nous avons oublié que c’est en produisant moins que les prix grimperont. Nous sommes même allés plus loin dans la stupidité en laissant des multinationales venir s’installer chez nous pour y faire des grandes plantations d’ananas, de cacao, de café et de banane en oubliant que le but de ces plantations de types latifundistes est d’accroître la production sur le marché international pour faire chuter les prix.

Le secret pour réhabilité le monde paysan en Afrique, c’est de limiter simplement l’agriculture de rente pour que les multinationales qui ont bâti des fortunes colossales sur le travail, la sueur et la souffrance de nos parents paysans se retrouvent la queue entre les jambes au milieu de la route. Et puissent se rendre compte à leur tour qu’elles ont tué par voracité et par égoïsme bestial la poule aux œufs d’or. Pour cela nous devons alphabétiser et aider nos parents paysans à affronter le monde moderne.

L’armées nationales FRCI, qui se dit républicaine et le service civique qui dit-on verra le jour en Côte d’Ivoire, peuvent valablement nous aider à le faire dans le cadre d’une éducation populaire orientée vers l’émergence du paysannat et du monde rural ivoirien. À condition que le service civique et l’armée ne soient détournés à des fins ethno-tribales de conservation du pouvoir. Suivez notre regard.

Catalogue de mesures urgentes pour l’agriculture ivoirienne

Chers frères et sœurs et chers amis, c’est en esprit libre que nous sommes très critiques sur les aberrations et les choix stupides qui ont conduits notre pays aux bords de la faillite alimentaire et de la décadence de notre agriculture. Il fut un temps ou l’intellectuel critique de sa propre société, était considéré comme un ennemi de la nation. Il était attaqué, traqué et frappé sans pitié pour avoir exprimé une opinion contraire à celle du gouvernement. Ce genre de comportement a poussé beaucoup d’Africains à choisir le chemin douloureux de l’exil à l’étranger.

Sur place sachant que les animaux évoluent par instinct et que les communautés humaines évoluent par contradiction depuis la nuit des temps, nos gouvernants sont allés jusqu’à interdire les conférences et les débats contradictoires sur le campus de l’université. Au final ils se sont retrouvés devant des clubs de suiveurs et d’applaudisseurs qui pour survivre ont approuvé les plans de développement les plus aberrants, qui encourageaient l’extension des parcelles agricoles des cultures de rente.

On est même allé jusqu’à verser des primes à l’hectare aux paysans qui agrandissaient leurs plantations de café et de cacao. On a même fourni de l’engrais à des prix subventionnés aux paysans pour accroître la production de café et de cacao. Aucuns des ministres ivoiriens de l’agriculture ne peut nous contredire sur ces points précis.

La question que tous les ivoiriens se posent aujourd’hui est de savoir pourquoi aucun d’eux avec leurs conseillers français et les experts qu’ils avaient à dispositions et surtout comment avec tous les outils de la prospectives n’ont-ils pas vu venir la catastrophe vers laquelle la Côte d’Ivoire se dirigeait inéluctablement ?

Si nous étions dans un pays normal tous ceux qui ont assumés des responsabilités dans le domaine agricole devaient être devant nous pour nous situer sur le comment et le pourquoi de l’impasse dans laquelle nous sommes aujourd’hui ? Pourquoi aucune alerte d’anticipation n’a été émise par nos techniciens ? Pourquoi la chute de la production cacaoyère est-elle annoncée par des journaux étrangers alors que le ministère de l’agriculture est muet comme une carpe sur des questions aussi sérieuses?

C’est donc en leur absence que nous allons ici formuler les mesures urgentes qui si elles sont prises à temps peuvent permettre à la Côte d’Ivoire d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, mais mieux d’être le grenier de la sous région ouest africaine.

A- La première mesure est de convoquer après cette guerre sanglante qui n’en fini plus, les Etats généraux de l’agriculture ivoirienne pour faire un inventaire précis du déficit alimentaire et des besoins de l’après guerre en vu de réorienter l’agriculture ivoirienne sur les besoins du pays.

– Créer un institut de recherche spécifique à la croissance et à la maîtrise de la conservation du vivrier. Dans le seul but de viabiliser des produits comme l’igname, la banane et surtout le manioc, qui se mange en gari, en Tapioca, en bouillie, en Foutou, en couscous, en Atoukou, en Placali en Kabato en gâteau et en Attiéké. A cela il faut ajouter au niveau national la mise en place d’une banque céréalière et semencière capable d’aider le pays à faire face aux situations d’urgence occasionnées par les catastrophes climatiques.

Le manioc est un véritable don du ciel, comme le baobab. Il faut avec l’aide de la science, de la biologie végétale et de la biotechnologie notamment, il est possible de croiser et de favoriser des variétés adaptables aux régions de savane, dans l’objectif précis de répondre à la forte demande d’Attiéké et de Gari, qui sont des produits exportables dans la sous région, en Europe et en Amérique du nord.

L’alliance naturelle de la science et du savoir faire de nos mères, de nos femmes et de nos sœurs. Trouvera une complémentarité prodigieuse qui contribuera à l’indépendance sociale et à la libération de la femme ivoirienne, qui s’affirmera, comme une actrice prospère de la vie nationale. Ne pas comprendre ses choses aussi simples et ne pas saisir ces belles opportunités seraient indigne de notre génération.

B) – Ressuscité et faire de l’ancienne Motoragri, (société nationale de motorisation de l’agriculture) dont la disparition à été préjudiciable au pays, un outil de soutien à l’effort de production du milieu rural ivoirien, et non une entreprise publique privatisée par le président de la République et ses collaborateurs pour mécaniser leur production personnel. D’ananas, d’avocats, de riz, de café et de cacao.

Cela c’était produit sous le long et interminable règne de Mr Félix Houphouët-Boigny, qui a avoué lui-même que ses plantations ananas lui rapportaient 4 milliards de francs CFA par an. Que ses avocats lui rapportaient également 4 milliards de francs CFA. Un chef d’Etat ne doit pas faire du commerce sous le couvert de la fonction présidentielle. La Côte d’Ivoire de l’après guerre doit définitivement tourner le dos et renoncer à l’immédiateté de quelques uns pour prendre à bras le corps le sort du plus grand nombre.

C) – l’identification urgente des zones propices et appropriées à la culture du riz, du manioc, de l’igname, du la banane plantain, du maïs, du mil, du sorgho et du tarot. Une fois cela fait, l’état ivoirien doit mettre en place des mesures excitatives de production

D) – Nos parents malinké, du nord, les Gouro au centre les Yacouba, les Guéré, les wê et les bété de l’ouest ont un savoir faire naturel pour la culture du riz, il n’y a qu’à observer l’engouement des ivoiriens pour le nouveau riz sur les marchés pour comprendre qu’il est parfaitement faisable de demander à la l’ancienne Motoragri, ressuscité, de préparer les sols pour faciliter le travail des paysans dans le cadre d’un partenariat soutenu par l’Etat comme animateur du développement rural.

E) – C’est cela les grands travaux de viabilisation des terres pour soutenir le monde rural en lieu et place des discours pompeux sur les braves et valeureux paysans de la Côte d’Ivoire profonde qu’on méprise dans la réalité quotidienne. Cette démarche a pour but à terme de favoriser la culture sur de grandes exploitations capables de nous aider à affronter le défi de l’autosuffisance alimentaire.

Cette démarche permettra l’extension des superficies cultivables et avec l’apport technique des encadreurs agricoles et des engrais, à doubler la production de riz dans un premier temps pour que à moyen terme le riz local très prisé par les ivoiriens puisse couvrir les besoins du pays. Il faut pour cela limiter progressivement l’attribution des licences d’importations de riz de l’Inde, de Thaïlande, de Chine, du Viêt-Nam, du Cambodge, du Laos ou de Malaisie. Aujourd’hui certaines personnes proches de la coalition RHDP, détiennent des licences d’importations de riz, pour se sucrer sur le dos de leur propre peuple en souffrance. Est-ce vraiment cela l’indépendance pour laquelle nos pères y ont laissé leur vie ?

D) – Dans cette voie l’Etat ne doit plus être castrateur et prédateur, c’est pourquoi il doit briser progressivement la situation de monopole des importateurs de riz, qui sont devenus puissants et constituent aujourd’hui un cartel qui est un véritable Etat dans l’Etat.

C’est donc une bourgeoisie castratrice qui veut stériliser le monde agricole et les paysans, car son intérêt est d’avoir moins de riz local sur le marché pour que son affaire prospère. Il suffit de bien observer ces cartels constitués les anciens comptoirs coloniaux genre CFAO, CFCI, SCOA, Massey et Feras ainsi que les gros commerçants égyptiens, marocains, Libano syriens ainsi que leurs complices ivoiriens qui sont devenus aujourd’hui des lobbys de pressions pour s’en rendre compte de leur rôle néfaste sur l’économie ivoirienne.

Un peu partout en Afrique, ils ont pris en otage les ministères du commerce et celui de l’économie et des finances. Il faut briser ces monopoles qui piétinent l’indépendance nationale, affaiblissent de l’Etat, qui corrompu devient un Etat prédateur et anti-développement, car incapable de conduire le bonheur et le bien être de tous.

E) – cette démarche de viabilisation des sols, citée plus haut est aussi valable dans les régions productrices de maïs, c’est-à-dire Odienné, Ferké, Korhogo, Man, Touba, Séguéla, Dabakala, et Katiola. Pour l’igname, les régions géographiques de Bouaké, Bouna, Bondoukou, Agnibiliékrou et Abengourou répondent parfaitement à cet objectif national.

F) pour le manioc, la banane et le tarot, les régions d’Agboville, Bongouanou, Adzopé, Tiassalé, Divo, Gagnoa, Daloa, Dabou, Bonoua, Adiaké, Grand-Lahou, Alépé etc. peuvent valablement par leur savoir faire local, relever ce défi sans attendre les indiens et les chinois.

G) – Dans le cadre du service civique envisager par l’actuel gouvernement, il faut soutenir la création de ferme pilote comme l’expérience des Kibboutz israéliens, qui sont des fermes communautaires entièrement orientées vers la production agricole et pastorale.
Cela aidera la Côte d’Ivoire à réduire son importation massive de viande, de volailles et de bétail des pays voisins. Il ne faut pas oublier que la croissance démographique va créer une pression et une rareté des pâturages qui vont devenir de plus en plus des terres agricoles pour accentuer l’éternel conflit entre éleveurs et planteurs. Un soutient similaire à la production agropastorale est une nécessité pour les régions d’élevage du nord de la Côte d’Ivoire.

H) – Il faut aussi transporter l’expérience du mouvement coopératif que sont les GVC de café cacao vers les producteurs de vivriers comme le Maïs, le riz, le manioc, l’igname, le mil et le sorgho, qui sont aujourd’hui des produits très demandés dans la sous région ouest africaine.

– Crée et soutenir efficacement en Côte d’Ivoire un institut d’études pour promouvoir l’agriculture en milieu aride et semi désertique. Compte tenu de la désertification et du recule grandissant des zones de forêt. Odienné, Tengrela Korhogo et Ouangolodougou son parfaitement indiqués pour l’implantation un tel établissement scientifique accouplé avec une ferme expérimentale.

Développer dans ce cadre la coopération scientifique avec des instituts similaires existants déjà en Israël dans le désert du Néguev, en Arizona dans le désert du Nevada aux USA. Il n’y a aucune honte à solliciter l’expérience des autres pour s’améliorer soit même, la honte et le ridicule serait de se faire suffisant, alors qu’on est nécessiteux des pieds à la tête.

I) Et enfin l’Etat ivoirien, en tant qu’animateur du développement local doit encourager et favoriser la démocratisation du crédit agricole pour soutenir le monde rural dans son effort de production. Car tous les pays grands producteurs de céréales comme l’Australie, les USA, l’Argentine, la France, le Canada etc. sont des pays qui ont démocratisé le crédit bancaire agricole pour donner des facilités d’investissement aux paysans.

L’Etat n’étant plus le propriétaire de la Banque, l’exigence de rentabilité nous épargnera l’expérience douloureuse de la BNDA, la Banque nationale du développement agricole, la seule banque du monde agricole en Côte d’Ivoire.

Qui est tombée en faillite parce que des gens qui n’avaient rien à avoir avec l’agriculture y ont pris des crédits sans rembourser, il n’y a jamais eu de poursuites contre eux et les paysans ivoiriens ont perdu un outil indispensable de soutien à la relance de l’économie agricole. L’impunité et la délinquance financière institutionnalisées au sommet de l’Etat, ont été très néfastes aux paysans ivoiriens, nous le relevons ici avec beaucoup d’amertumes.

Faut-il rappeler ici qu’il n’y a pas d’agriculture sans le monde paysan. Oublier cela est une cécité et une aberration de type stalinienne. Il ne faut donc pas s’étonner de la situation politique, économique et sociale de la Côte d’Ivoire actuelle.

Tel est le contenu du catalogue de mesures urgentes que nous proposons pour affronter l’avenir et le défi agricole et alimentaire qui se dessinent devant la Côte d’Ivoire. Nous rappelons que le premier président ivoirien fut le fondateur du syndicat agricole africain et pourtant il n’y a pas eu une vison à long terme pour définir une orientation agricole capable de faire le bien être de chaque ivoirien. Nous trouvons cela dommage.

Postulat de conclusion générale

Nous avons toujours dit que nous sommes un esprit libre des assujettissements clanique qui empoisonnent depuis des décennies la vie politique ivoirienne. Nous nous sommes tenus très loin des politicards ivoiriens pour pouvoir nous exprimer librement. Ceux qui pensent du mal de nous savent au moins qu’ils ne nous on jamais vu devant leur porte.

Ceux qui pensent du bien de nous savent aussi que nous ne sommes pas dans une logique de soumission envers eux. Nous sommes libres de penser ce que nous voulons dans des pays où les dozos n’existent pas, ou l’armée la police et la gendarmerie protègent les citoyens et vous pouvez si cela vous chante d’assigner l’Eta en justice et gagner le procès. Nous rêvons tous que la Côte d’Ivoire soit ainsi.

La vie nous enseigne Il faut oser changer de chemin si on se rend compte qu’on s’est trompé, persister dans l’erreur est une aberration. Nous ne sommes pas ici en donneur de leçons, mais nous avons tous eu une éducation qui nous pousse à nous inspirer de ce que les autres font mieux que nous.

Et puis pour une fois ce n’est pas les européens, les chinois et les indiens qui viendront relever nos propres erreurs et étaler nos incohérences sur la place publique de ce village planétaire qu’est le monde d’aujourd’hui pour faire de nous la risée de la planète. Voilà ce qui nous attend si nous restons dans nos certitudes et refusons le regard critique et la psychanalyse collective nécessaire pour nous relever de la pauvreté, de la crasse, de la faim et des maladies.

Nous observons que depuis belle lurette, le ministère du développement rural qui devait être un ministère de proximité avec le monde paysan a disparu. On est passé à un ministère de l’Agriculture et à ministère de la production animale et des ressources halieutiques. En lieu et place d’un super ministère de l’agriculture, de l’élevage et du développement rural.

On dirait que nous sommes plus doués pour disperser les efforts et mieux nous compliquer la vie. Et comme si tout cela ne suffisait pas, on court à travers le monde pour rechercher des investisseurs en oubliant que c’est nos propres incohérences qui ont poussé les autres à s’éloigner et à se méfier de nous.

Le cacao ivoiriens a aujourd’hui une réputation de mauvaise qualité parce que beaucoup de ceux qui ont le savoir faire ont été chassés durablement de leurs plantations et aucune police et surtout aucune justice n’existe pour les aider à retrouver leurs biens. C’est ainsi qu’on sèche le cacao sans fermentation sur le goudron en oubliant qu’il faut l’isoler pendant le séchage dans des espaces surélevés pour éviter qu’il soit en contact avec un produit tiers.

Pour reprendre en main cette situation, les ivoiriens et leurs dirigeants politiques doivent reconnaître leurs propres erreurs au lieu d’invoquer comme le faisait Félix Houphouët-Boigny, les dysfonctionnements de l’économie mondiale. Une nouvelle approche de rigueur et de réalisme vis-à-vis des questions agricoles est plus que nécessaire pour la Côte d’ivoire.

La Côte d’ivoire doit s’engager à mettre sur pied un plan intérimaire de cinq ans pour relever son agriculture vivrière dans le cadre de l’aménagement du territoire liée à la décentralisation. Priorité à l’agriculture et à l’alimentation, à la capacité d’entreprendre, à la mise en valeur des ressources humaines et leur meilleure gestion.

Car c’est à partir du développement du secteur agricole et du monde rural que naîtra un nouveau raisonnement qui enclenche tout un système d’organisation de l’effort social qui sera édifié autour de la production alimentaire, qui sera désormais considéré comme un secteur structurant et entraînant dans sa dynamique un scénario de développement global.

En centrant ses activités sur ses besoins, en exploitant et en renouvelant ses propres richesses, en intégrant réformes incitations, investissements, aide extérieur et la cohérence d’une politique clairement définie, la Côte d’Ivoire se donnera les moyens de desserrer l’étau des misères quotidiennes et fera comme nous le souhaitons le pari de ne plus sacrifier l’avenir à l’urgence.

Mesdames et Messieurs, chers compatriotes, le temps qui est passé est passé, seul l’avenir compte pour nous tous. C’est parce que nous voulons compter dans l’avènement des temps nouveaux que nous nous devons de faire aujourd’hui des choix d’avenir qui débuteront par un repas en commun avec les produits de notre terroir.

C’est en pariant sur l’avenir que nous disons ici à la suite de notre maître à tous, feu le Pr. Joseph Ki Zerbo que :
<< Seul l’avenir est grand, parce qu’il est avenir, nous pouvons donc l’invoquer, nous pouvons le convoquer, nous pouvons le domestiquer, comme une bête féroce qui vient vers nous. >>

Tel est le sens de notre contribution sur la nécessaire réorientation de l’agriculture pour garantir la sécurité alimentaire de notre pays la Côte d’Ivoire, chers lecteurs, Mesdames et Messieurs, chers frères et sœurs, chers compatriotes.

merci de votre aimable attention.

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en communication
Lugano (Suisse)

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