Il faut auditer la convention de concession du pont « Bédié » le plus cher au monde

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« Il faut auditer toute la convention de concession »

Source: L’Éléphant Déchainé
Propos recueils par Assalé Tiemoko

Le péage, ça existe dans plusieurs pays. Mais pour le cas de la Côte d’Ivoire, c’est une véritable escroquerie. Parce que le contribuable ivoirien, malgré le péage, est engagé sur toute la durée de la concession, c’est-à-dire sur 30 ans. Ceux qui ont signé cette convention, je ne sais pas combien cela leur a rapporté à titre personnel, je n’ai aucune preuve là-dessus, mais ils n’ont pas pensé aux générations futures. Ce pont est complètement dépassé par rapport à ses coûts qui vont continuer d’exploser à la face du gouvernement ivoirien. Au moment de la signature à Paris, en juin 2012, il coûtait 124 milliards de FCFA. Moins d’un an plus tard, sans les échangeurs, il coûte déjà 180 milliards, pour seulement 1,5 km. Ce sera au final le pont le plus cher au monde, réalisé dans un pays pauvre. Qu’est-ce qui a provoqué ce renchérissement ? Personne dans les ministères techniques n’est en mesure de répondre à cette question. Personne ne peut, aujourd’hui, vous donner les coûts réels de ce pont. Quand on ajoute à cela, le risque de change d’ici la fin de la concession, les garanties inégalement réparties entre le concédant (l’Etat) et le concessionnaire, tous les coûts d’opportunité, on a une idée claire de l’ampleur de la facture que les Ivoiriens vont payer. Il y a des coûts dans la convention que personne en Côte d’Ivoire n’est en mesure d’expliquer, comme par exemple, le coût de développement, facturé par Bouygues à 19 millions d’euros (environ 12,5 milliards de FCFA), à quoi cela correspond ? Personne en Côte d’Ivoire ne peut l’expliquer. Malgré tout ça, avant même la signature de la convention, l’Etat de Côte d’Ivoire a commencé à payer. Je n’ai jamais vu ça nulle part. Le taux de rendement de l’exploitation du pont a été calculé sur la base d’un modèle financier que personne n’a compris ici, puisque l’Etat de Côte d’Ivoire n’a pris aucun expert pour se le faire vraiment expliquer. Certaines personnes dans les ministères se donnent des titres d’expert, mais elles ne savent rien du tout…. Tout a été calculé pour que le concessionnaire et les bailleurs de fonds s’enrichissent au maximum pendant 30 ans alors que l’Etat va, en réalité tout supporter en raison des engagements inconsidérés, hors bilan et non budgétisés qu’il a pris. Comment fera-t-il pour payer, puisqu’aucun fonds n’a été prévu pour couvrir ces engagements ? Si l’Etat de Côte d’Ivoire fait défaut sur ce « PPP » et ne respecte pas ses engagements, ce sera d’une gravité extrême. Plus personne ne lui prêtera de l’argent. Quelles étaient les intentions réelles du gouvernement ivoirien ? Qu’est-ce qu’il voulait atteindre comme objectif avec ce pont ? Quelles sont les magouilles qui n’ont pas manqué de profiter à des représentants de l’Etat. Aujourd’hui, le problème le plus grave que soulève la construction de ce pont, c’est la non-maîtrise par l’Etat de Côte d’Ivoire, des coûts d’opportunité. Le prix du pont augmente d’un mois à un autre sans que personne n’y comprenne quoi que ce soit. Cette affaire est un immense scandale. Il y a eu un tel niveau d’incompétence dans le traitement de ce dossier et une absence totale de volonté d’apprendre de la part des fonctionnaires, que même les bailleurs de fonds qui se fichent bien de ce qui peut arriver au pays, sont stupéfaits. Chacun a pensé à soi-même au lieu de penser aux Ivoiriens, à la Côte d’Ivoire. Résultat ? Un programme d’appauvrissement sur 30 ans, sous le regard approbateur des bailleurs de fonds. Derrière tous les discours officiels des bailleurs de fonds, des dirigeants ivoiriens, il y a tout un peuple et plusieurs générations futures qui seront égorgés par la construction et l’exploitation de ce pont. Un simple emprunt obligataire sur quelques années aurait permis à l’Etat de Côte d’Ivoire de construire ce pont, sans que l’avenir de générations entières ne soit compromis par ces coûts de construction. La seule chose qui reste à faire pour sauver la Côte d’Ivoire, c’est d’arrêter tout, de faire un audit complet de cette convention de concession, peu importe son coût. Si cela n’est pas fait, j’ai peur pour les Ivoiriens… »

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