Un ministre défie la Cour d’appel et fait expulser sa femme et leurs 5 filles

Il défie une décision de la Cour d’appel – Mabri fait expulser sa femme et ses cinq filles mineures de sa maison de fonction

La rédaction Le Nouveau Courrier

Véritable scandale sous l’ère Ouattara, «offert» ce vendredi 7 septembre par l’un de ses plus proches collaborateurs en l’occurrence Albert Toikeusse Mabri. Le ministre d’Etat, ministre du plan et par ailleurs président de l’UDPCI a fait expulser manu-militari sa femme et ses 5 filles mineures de sa résidence de fonction où ces dernières vivaient à Cocody-Ambassades. Meubles entassés devant le domicile ou encore dans la cour. Toutes les pièces vidées de leurs affaires. Désordre indescriptible. C’est le décor qu’on observait ce vendredi à la résidence de fonction du ministre d’Etat, ministre du plan et du développement Albert Mabri Toikeusse sise à Cocody-Ambassades, à proximité de la résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis. En effet, exécutant une décision du directeur général de la Société de gestion du patrimoine immobilier de l’Etat (Sogepie), un huissier accompagné des forces de l’ordre s’est rendu ce vendredi peu après-midi pour expulser la famille du ministre. A leur arrivée de l’école, c’est tout en pleurs que les cinq filles mineures du ministre qui vivent seules avec leur maman depuis plus d’un an maintenant ont constaté les faits. Stupéfaites. Traumatisées. Tout comme leur mère qui n’en revient pas.

Les raisons d’une expulsion commanditée par Mabri

A l’origine de cette expulsion «commanditée» par Mabri, une procédure de divorce introduite en justice par le ministre du Plan depuis le mois de juin 2012. En effet, l’harmonie du couple marié depuis le 19 août 1995 «va prendre fin par la brutalité dont va faire montre monsieur Mabri Toikeusse à l’égard de son épouse suite à ses plaintes sur ses nombreuses absences prolongées du domicile familiale en début de l’année 2010».
Le président de l’UDPCI introduit donc en justice une procédure de divorce le 15 juin 2012. Dans sa décision en date du 19 juillet, le tribunal de première instance «constate la non conciliation des époux Mabri, constate leur séparation de fait, déclare sans objet la résidence séparée, ordonne le maintien de l’époux au domicile conjugal, fait injonction à l’épouse d’avoir à délaisser domicile dès signification de la présente décision… ». Selon cette décision, le tribunal de prière instance prononce de fait le divorce et demande à Madame Mabri née Kourouma Assita Leticia de quitter le domicile où elle habite depuis août 2011 avec les enfants sans le ministre qui vit actuellement avec mademoiselle Yaké Diomandé Solange qu’il présente désormais comme sa femme même si la procédure de divorce n’est pas vidée. Le juge concède la garde de deux enfants (Mabri Neila Jenifer Makeuka et Mabri Noura) à Mabri Toikeusse et de trois enfants (Mabri Khadira Inoukouet Destiny, Mabri Eceunou Alima et Mabri Binta Zrahia Fatima) à sa femme. «Il a demandé le divorce il y a de cela deux trois mois. Au tribunal le juge m’empêchait de parler. Il m’empêchait de prendre la parole et en moins d’un mois le juge a expédié la procédure. La décision du juge a demandé à ce qu’on m’expulse en 24 heures de la maison parce que c’était une maison de fonction et puis qu’il avait la garde de deux enfants», explique madame Mabri.

Le premier président de la Cour d’appel tranche, Mabri n’en a cure

Mais le 27 juillet, madame Mabri fait appel de cette décision. Et la Cour d’Appel déboute le ministre, qualifiant la première décision d’« injuste ». D’autant que le domicile a été aménagé par sa femme, qu’elle s’est correctement occupée des enfants malgré le fait que Mabri n’y a jamais mis les pieds « depuis qu’on lui a attribué cette demeure ». Le premier président de la Cour d’Appel indique dans son arrêt du 27 août que l’exécution de la décision rendue en premier ressort « risque d’entrainer des conséquences manifestement excessives et irréparables ; ordonne en conséquence la suspension de l’exécution du jugement sur les mesures provisoires numéro 2767 rendu le 19 juillet 2012 par le tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau jusqu’à ce que la Cour d’Appel vide sa saisine relativement audit jugement ».
Ainsi humilié, le ministre du Plan, fort peu respectueux de la loi et de la justice de son pays, décide de faire un passage en force et sollicite l’entrée en scène du directeur général de Sogepie par qui il passe pour expulser sa femme en dépit de la décision de la Cour d’Appel. En effet, dans une note en date du 3 septembre, environ une semaine après la décision déboutant le ministre, le directeur général de la Sogepie demande au ministre Mabri (en réalité sa famille), de libérer «immédiatement et sans délai» la villa qu’il occupe sinon «il y sera contraint par toutes les voies de droit». C’est ce qui s’est matérialisé ce vendredi par cette expulsion. Et chose curieuse, le DG de la Sogepie s’attribue cette maison. «Il est mis à la disposition de monsieur Bamba Issiaka, directeur général de la Sogepie, la villa numéro 7 sise à Cocody-Ambassade rue Hibiscus faisant partie du patrimoine immobilier non cessible de l’Etat pour lui servir de logement de fonction», lit-on dans la décision d’affection du 3 septembre signé de Bamba Issiaka lui-même. Un DG qui chasse un ministre de sa résidence de fonction pour se l’attribuer lui-même. Vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre !

« C’est lui-même qui m’a demandé de venir ici. On est marié légalement. Je suis arrivée ici. J’ai terminé les travaux. J’ai aménagé la maison pour que les enfants soient à l’aise. Je me suis occupé de ces enfants et là après j’apprends que Mabri veut demander le divorce. Et il va voir le juge. Il corrompt le juge. La Cour d’Appel a cassé le jugement. La Cour a dit que la décision était excessive et qu’elle engendrerait des conséquences vraiment graves. Mais Mabri ne s’arrête pas là puisqu’il se croit au-dessus de tout», dénonce son épouse. Divorce à l’ivoirienne !

Madame Mabri : «Cela démontre l’irresponsabilité de Mabri»

Blessée, l’épouse légitime du ministre d’Etat n’y va pas avec le dos de la cuillère. «Sachant que Mabri Toikeusse nous a abandonnées depuis trois ans. Les enfants sont à ma charge. C’est moi qui m’en occupe. C’est moi qui les nourrit. La maison de fonction nous a été attribuée depuis notre retour du Sénégal [août 2011, ndlr] et c’est moi qui ai terminé les travaux puisqu’il a refusé d’aménager la maison», charge-t-elle. Avant de s’indigner qu’un ministre puisse aller aussi loin dans sa volonté d’en découdre avec celle qui est toujours sa femme et ses cinq filles mineures âgées respectivement de 15, 11, 9,7 et 4 ans. «Mabri est un irresponsable, il ne s’est jamais occupé de ses enfants. Le fait de faire expulser ses enfants par le directeur de la Sogepie est une preuve de son irresponsabilité. J’en appelle à l’arbitrage du président de la République parce que Mabri est un membre du gouvernement qu’il ne peut pas utiliser le poste qu’on lui a donné pour détruire sa famille, détruire ses enfants (…) Les enfants sont venus de l’école en pleurant et je trouve cela vraiment dramatique. Elles ont été déjà traumatisées par la guerre. Vous savez que notre maison a été pillée pendant la crise postélectorale. Mabri vient encore les traumatiser davantage. Où alors c’est lui qui a demandé à ce que la maison soit brûlée ? Dans tout ça, il y a des non dits. Trop c’est trop. Mabri exagère. Il abuse de son pouvoir», se déchaîne-t-elle.
En tout cas, après ce forfait, le ministre Mabri Toikeusse a dépêché ses hommes de main accompagnés de gendarmes, policiers, Frci et loubards sur les lieux. Ils supervisaient le convoyage des affaires (qu’il a décidé sans doute de récupérer) sorties de la résidence dans les camions qui faisaient des allers et retours jusqu’en fin de la soirée.

Benjamin Silué

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