Forces françaises en Côte d’Ivoire: L’effectif passe de 650 à 950 soldats d’ici mi-2016 (Commandant)

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Par Noé Michalon

Le commandant des Forces françaises en Côte d’Ivoire, le Colonel Michel Billard, a annoncé mardi que l’effectif des troupes passera de 650 à 950 soldats environ d’ici mi-2016, précisant que « ces forces sont là pour s’aguerrir », dans une interview à ALERTE INFO.

Quelle est la différence entre la Force Licorne les Forces françaises en Côte d’Ivoire, en janvier 2015 ?

Avant, la Force Licorne était une Opération extérieure, dans le cadre des problèmes qu’on va baptiser « électoraux » en Côte d’Ivoire, avec les crises de 2004 ou 2010, avec un mandat de l’Organisation des nations unies. Maintenant, la France a estimé que la situation était calme, il vient d’y avoir une élection qui ferait pâlir bon nombre de pays occidentaux vu le calme, la sérénité et les résultats. Nous sommes donc une force de présence, avec une mission qui n’est plus liée à la Côte d’Ivoire et à la protection des institutions et du système démocratique. Nous avons des forces qui sont là pour s’aguerrir et être capables d’intervenir pour la France ou des alliances, comme l’Union Africaine ou la CEDEAO. Le périmètre d’action s’est élargi, il ne faut plus parler de 43e BIMA. Nous changeons vraiment de structure. Par exemple, en opération extérieure, on dépense puis on se justifie après auprès du ministère des Finances. Maintenant, c’est l’inverse, on demande le budget, puis on le justifie. On n’a pas de réactivité identique.

Suite aux derniers attentats à Paris et au Mali, la vigilance s’est-elle renforcée au sein de la base ? Avez-vous pris des dispositions particulières ?

La vigilance est un tout petit peu renforcée. Nous étions déjà à un stade de vigilance supérieur à celui de nos collègues ivoiriens, depuis les attentats de janvier à Paris. On n’a pas eu à le renforcer puisque par rapport à la menace actuelle en Côte d’Ivoire, cela suffit. Mais si le risque augmente, nous pourrons augmenter le niveau de prudence très rapidement.

Quelle est la politique française de défense en Afrique ?

Le président a défini une ligne : intervenir le moins possible. On n’intervient que lorsqu’un pays ne sait pas comment répondre à une menace immédiate, comme par exemple au Mali lorsque des colonnes djihadistes se dirigeaient vers Bamako. On bloque la situation, et dès que des forces africaines sont prêtes à intervenir on les laisse faire. Sinon, on les forme pour qu’elles puissent intervenir. À chaque fois, la France intervient sur la demande de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de l’ONU ou d’un pays avec lequel elle a un contrat bilatéral de coopération. Pour nous, militaires, la Françafrique, c’est fini.

Comment évaluez- vous le risque terroriste en Côte d’Ivoire ?

Il est évalué par les autorités locales, c’est la responsabilité de l’État ivoirien, je n’ai pas de capteur. Je fais ma propre sécurité parmi les FFCI, et quand on sort dans le pays on s’informe auprès des forces ivoiriennes.

Avez-vous eu à faire des interventions depuis ce changement de structure ?

Pas pour l’instant. On fait des missions de présence, on sort avec nos camarades ivoiriens pour qu’on fasse de l’échange de pédagogie. Nos soldats enseignent le tir ou le maniement des radios, et en échange, les soldats ivoiriens donnent des conseils pratiques sur le terrain. Cette coopération se passe très bien, et nous apprenons beaucoup nous-mêmes en donnant ces formations.

L’armée ivoirienne vous semble-t-elle capable de faire face à d’importantes menaces sécuritaires ?

Elle est capable de beaucoup de choses. Les unités à la frontière avec le Mali ou le Liberia sont équipées du mieux qu’elles peuvent et les soldats sont bien préparés. On vient les rencontrer de temps en temps, et on sait qu’ils sont prêts. Il faut maintenant espérer qu’ils aient plus de matériel, puisqu’ils sont un peu en flux tendu, notamment du fait de l’embargo sur les armes. Nous leur prêtons le nôtre pendant certains exercices, notamment des munitions, pour s’entraîner au tir.

Quelle est l’influence des Com Zones sur les troupes ivoiriennes ? Y a-t-il des groupes qui leur restent fidèles en dehors de toute chaîne de commandement classique ?

On n’a pas de contact avec les Com Zones. Nous rencontrons les FRCI avec lesquelles nous avons l’habitude de travailler. Cela peut exister ou non, nous n’avons pas d’information.

Combien y a-t-il de soldats français dans le pays ?

Actuellement, suivant les mouvements d’avions, nous sommes entre 600 et 650. A terme, d’ici l’été 2016, nous serons environ 950. On remonte en capacité opérationnelle, un petit détachement d’hélicoptères va venir, puisqu’à Abidjan, nous sommes une base opérationnelle avancée, donc un réservoir de moyens. On peut ensuite redéployer ces moyens pour l’Opération Barkhane, au Sahel, ou Sangaris, en Centrafrique. Enfin, nous formons environ 2.500 soldats ivoiriens chaque année. Mais nous dispensons d’autres formations, pour des pompiers, des cuisiniers militaires ou des comptables.

Quelle est l’utilité de former des soldats en Afrique plutôt qu’en France ?

On ne peut pas arriver du jour au lendemain d’Europe et courir dans la brousse avec 50 kilos de bagages sur le dos sans s’être acclimaté. Avec la rotation, nous avons en permanence des troupes prêtes au combat, acclimatées, entraînées. On a tous les profils parmi eux. Actuellement, il y a des jeunes qui sont à moins d’un an de service comme des anciens qui ont fait au moins 15 missions.

Quelles sont vos relations avec les Ivoiriens, qui ont pu manifester, pour une partie d’entre eux, une certaine animosité contre la France durant les dernières crises ?

Je pense que le climat est apaisé, ou alors s’il ne l’est pas, les gens ne nous le montrent pas. Où que l’on se déplace, on ne se fait pas caillasser ni insulter, on n’a pas de problème. Et quand on s’arrête et qu’on discute avec les gens, il n’y a aucun problème de sécurité, on nous fait très bon accueil.

Y a-t-il des projets de renforcement du partenariat militaire franco-ivoirien ?

Pour l’instant on monte en puissance notre organisation. On a encore pas mal de travail devant nous, c’est déjà un beau challenge.

NMI

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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