Côte-d’Ivoire: La tentative de reconstruction et de récupération de la Fesci historique

Par Pierre Soumarey

La médiatisation d’une rencontre privée, organisée à cette fin entre autres, participe de la manipulation des symboles. C’est à la fois un message politique et une action stratégique. En effet, la Fesci a été historiquement l’un des puissants vecteurs de la contestation et de la politisation de la vie ivoirienne. Elle a été aussi le fer de lance de la jeunesse, au plan idéologique et de la mobilisation. En cela, elle est une force incontestable. L’on peut donc compter sur son influence et ses capacités (combativité, organisation et mobilisation). Un syndicaliste, un politique et un ancien dirigeant de cette organisation ne saurait l’oublier. Pourquoi s’en souvenir aujourd’hui seulement, et au tard ? C’est le volet récupération et politique de l’évènement.

La FESCI c’est aussi le creuset d’une certaine idéologie social-nationaliste (ivoirité négative) et d’une expérience populiste (pouvoir de la rue). L’initiatrice de méthodes violentes dans la société ivoirienne, voire fascisantes ( terreur sur le campus, dans les cités et en dehors). Cette école a produit une nouvelle race de politiques et de leaders qui se sont illustrés de la plus mauvaise des manières. Ses deux anciens Secrétaires Généraux les plus emblématiques (SORO Guillaume et BLÉ GOUDÉ) l’ont démontré, l’un avec la Rébellion et l’autre avec la Galaxie Patriotique, gravitant autour du FPI et du COJEP. Ainsi, non seulement elle a toujours été inféodée à des personnalités et à un régime politique, au point de devenir l’instrument du Pouvoir de la Réfondation entre 2000 et 2010, voire sa milice armée, mais elle n’a jamais oeuvré véritablement pour la cause estudiantine. Pour preuve, son bilan très négatif pour l’école ivoirienne, qu’elle a contribué puissamment à détruire.

J’entends parler d’esprit « fesciste » sans savoir ce que c’est réellement. Dans tous les pays du monde, la jeunesse a toujours eu un esprit de contestation et une capacité révolutionnaire. Ce n’est pas une spécificité. Le syndicalisme n’est pas non plus une distinction particulière, sauf si l’on retient la »théatralisation », la violence et la médiocrité qu’elle y a apporté. La FESCI n’a jamais été animé d’un esprit démocratique et de paix, puisqu’elle n’a jamais toléré la différence et la contradiction. Son esprit est d’imposer, au besoin par la force. On se réfère à elle en parlant plutôt d’expéditions punitives, de machettes et de cadavres. Elle ne porte pas non plus en elle, une idée de progrès social, car l’intérêt général et la promotion du bien être des étudiants et du peuple n’a jamais été sa préoccupation première. Elle ne peut revendiquer aucun bilan dans ce sens, à part les agoras, le racket et l’opportunisme.

Voir des prétendants à la magistrature suprême du pays, vouloir s’appuyer sur cette force, réactiver cet esprit, pour arriver à ses fins est une déception. Il y a des compromissions qui ne sont pas possibles, même si on a été forgé dans ce moule par le fait du mouvement des générations. Non, la vision d’un homme d’état ne peut pas être celle-ci. Les historiens, professeurs et politiques, qui l’ont tenté par le passé, n’ont apporté à la Côte d’Ivoire que désolation, pour avoir fait ce choix. Encore qu’ils se trouvaient acculés à la réaction. On doit apprendre de l’histoire et grandir en maturité. Le désordre, la médiocrité et la violence, ne sont pas une option pour l’avenir d’un pays. Quand on aura tout essayé gardons nous, tout de même, d’aller fouiller dans les poubelles de l’histoire, pour renaître. Nous ne sommes pas dans un monde manichéen. Cela veut dire que la FESCI a également des action à mettre à son actif (luttes pour le multipartisme, résistance contre la répression, protection de la Patrie, acquisition de certains droits, défense de certains intérêts étudiants), mais globalement son bilan est plus que négatif. Elle est une catastrophe pour la Nation Ivoirienne. Elle ne peut être donnée comme modèle et référence à notre jeunesse, à notre pays.

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6 réflexions au sujet de “Côte-d’Ivoire: La tentative de reconstruction et de récupération de la Fesci historique”

  1. Merci là bas « vieux môgô » Soumarey: le désordre, la médiocrité et la violence ne sont pas une option pour l’avenir de notre pays.

  2. Je n’ai pas coutume de répondre aux commentaires. c’est la liberté de leurs auteurs. S’il apparait que nous soyons contraires dans nos analyses et nos exposés, c’est tant mieux. Cette différence enrichit le débat public. Après avoir lu les nombreux commentaires, dont la qualité ne fait pas défaut. j’ai considéré comme une courtoisie élémentaire d’y répondre. Je suis d’accord avec vous sur certains points . Je n’ai pas développé ces aspects, parce que l’objet de mon propos n’était pas celui-là, ni d’ailleurs de faire le procès de la FESCI en tant que tel, mais la récupération politique de cette force par le politique. Hier de manière certaine, et aujourd’hui à travers une tentative. Que l’essentiel ne vous échappe pas. J’ai une culture de résultat. Aussi,je ne distingue pas les différentes configurations de la FESCI à travers le temps, ni ne souhaite m’attarder sur les raisons de ses mutations internes. Elle forme pour moi, une entité indissociable, globale intégrée et continue. D’ailleurs, je n’appartiens pas à cette génération pour me mêler de son débat interne. Dès lors et pour ces motifs, ceci me conduit à apprécier son bilan, comme étant globalement très négatif. Aussi, ai-je retenu que cet aspect dans mon propos. Cela suppose un pré-requis de la part du lecteur, supposé posséder ces acquis ( connaissances et développement des poins que vous évoquez). La synthèse en est un bilan GLOBALEMENT négatif comme je l’ai dit.

    Si j’avais à développer ce serait sur les contre-modèles que offre la société actuelle et la perspective de la nécessaire relève de la FESCI en bout de course..Or, ll est préoccupant de constater un vide. Celui-ci ouvre à tous les opportunismes. C’est l’objet de ma réflexion politique sous-jacente. Peut-on faire l’économie et l’omission de la génération FESCI et dans quelle mesure. Voici le terrain à combler, car la nature a horreur du vide.

  3. C’est quand même un peu fort de faire de la Fesci l’initiatrice des violences dans ce pays. Il y a, à la limite, un peu de mauvaise foi dans une telle accusation. De plus, donner une orientation politique à la Fesci est un peu malsain. De la Fesci, sont sortis des personnalités de toute les idéologies politiques que ce pays connaisse. Observez et vous verrez des Soro au Rdr, des Blé Guirao à l’Udpci, des Blé Goude au Fpi etc…des partis aux obédiences politiques différentes. Et puis, le national-socialisme est-il vraiment quelque chose de si négatif que ça au point de le qualifier d' »ivoirite négative » ? C’est le chauvinisme qui est un danger. Il faut arrêter de tuer le nationalisme dans une nation en construction. Laissez les ivoiriens aimer et être fiers de ce qu’ils sont. Vous savez bien que les ivoiriens sont des gens qui acceptent tout le monde. Arrêtez un peu.

  4. BLE GOUDE n’a jamais été membre du FPI !!

    Par contre Damana Pickass, oui !!

    Pop !!

  5. Belle intervention, Pierre Soumarey ! La médiocrité, le désordre, la violence, les tueries, ne constituent pas un modèle… Ces FESCISTES devraient plutôt de cacher au lieu de vouloir pavoiser.

  6. Krrrr krrrr…

    @Claude-Koudou et son robot @666 se contredisent…krrrr krrrr krrrr…avec ce qu’est devenu le FPI aujourd’hui, on ne peut vraiment être fier d’avoir été l’un de ses militants…ce qui est sûr, Koudou et sa machette sont en rééducation pour crimes contre l’humanité !!!!

    Krrrr krrrr…

    té ande

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