Adressage des rues en Côte-d’Ivoire: «NON aux noms de colons

Contribution par Gloplou Guidié

Depuis quelques semaines le Gouvernement ivoirien a annoncé un projet d’adressage des rues du District d’Abidjan. Ce matin me rendant au Plateau, mon regard est attiré par une plaque en dessous du viaduc sur le boulevard lagunaire en face de l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP). La plaque est neuve et affiche « Avenue Marchand ». Je suis profondément choqué et même dégouté que 58 ans après l’indépendance de notre pays les autorités aient jugé utile de célébré un colon français en maintenant son nom sur une des principales rues du quartier des affaires et vitrine de la Côte d’Ivoire Moderne. Il faut dire qu’auparavant, j’avais déjà remarqué une Plaque « Avenue Noguès ». Je me suis demandé alors si nos autorités savent qui étaient vraiment Jean Baptiste Marchand et Auguste Paul Charles Albert Noguès.

Jean-Baptiste Marchand, né le 22 novembre 1863 à Thoissey (Ain) et mort le 13 janvier 1934 à Paris, est un militaire et un explorateur français, célèbre pour avoir commandé la mission Congo-Nil.

Selon un article rédigé par RFI en 2010 à l’occasion du cinquantenaire des indépendances africaines, Publié sur son site internet le 28-05-2014 et Modifié le 28-05-2014 à 12:16, (Voir Annexe 1, ci-dessous)

Marchand arrive en Côte d’Ivoire en 1893; après de vaines palabres, il s’empare de Tiassalé et obtient la soumission du roi de Tiassalé et de ses tributaires et continue vers le nord par Toumodi, Bouaké et Tengrela. Apprenant que Samory se dirige vers Kong (1894), Marchand l’y précède, met la ville en état de défense. Rejoignant la colonne du lieutenant-colonel Monteil, il permet à celle-ci grâce à son courage et à sa parfaite connaissance du pays de remporter quelques succès, puis sur ordre de l’autorité civile qui espère pouvoir traiter avec Samory de se replier vers le sud.

Les méthodes de Marchand pour atteindre ses objectifs sont mieux décrites dans ce passage de « Aucun ménagement à garder »: pour une autre histoire de la Mission Congo-Nil de Olivier Favier : Durant cette traversée de l’Afrique de quatorze militaires blancs, des milliers de porteurs sont morts, des révoltes ont été réprimées selon des méthodes éprouvées lors de la conquête de l’Algérie, des villages ont été brûlés, de « petites filles » ont servi à assouvir les désirs sexuels des soldats. Tout cela a commencé dans le Congo de Brazza où Marchand avait pris le contrôle militaire et où, pour mettre fin aux velléités de rébellion des populations locales, il a donné cette simple consigne à ses hommes : « Aucun ménagement à garder ». (http://dormirajamais.org/marchand/)

Auguste Paul Charles Albert Noguès quant à lui est né à Monléon-Magnoac le 13 août 1876 et décédé à Paris le 20 avril 1971. C’est un militaire français connu pour avoir maté la révolte des Abbey à Agboville.

Le Petit Journal illustré du 15 Mai 1910 lui a consacré un article à cette occasion que je reprends intégralement ci-dessous :

Après trois mois de luttes contre les troupes françaises, les Abbeys révoltés de la Côte d’Ivoire ont offert leur soumission au commandant Noguès.

Les Abbeys, peuplade sauvage et rebelle à toute civilisation, avaient, depuis trois mois, renouvelé sans cesse leurs attaques contre les convois circulant entre Abidjan et Agboville et réussi à plusieurs reprises couper la voie.

La seule défense possible pendant cette période troublée fut de faire occuper les gares et organiser entre elles de fréquentes reconnaissances : c’est ce qu’on a fait. De plus, les voitures, aménagées spécialement, étaient à l’épreuve des balles.

Ces incidents prennent fin avec la soumission des Abbeys, contre lesquels le commandant Noguès a opéré avec une vigueur et une activité dignes des plus grands éloges.

On voit bien sur ce timbre de l’époque comment les ivoiriens étaient traités par le commandant Noguès. Et c’est ce genre de personnes que le Gouvernement, le District et la Commune du Plateau veulent honorer en 2018. Je dis NON, NON et NON.

 

 

 

 

ANNEXE 1 :

Le général Marchand (1863-1934)

Par RFI Publié le 28-05-2014 Modifié le 28-05-2014 à 12:16

Le général Jean-Baptiste Marchand. DR

Né le 22 novembre 1863 à Thoissey, dans l’Ain, Jean-Baptiste Marchand s’engage à 20 ans dans l’infanterie de marine. Il est reçu à Saint-Maixent en 1886 et en sort un an après sous-lieutenant. Le 20 janvier 1888, il s’embarque pour le Sénégal alors en paix et quelques mois après, il obtient d’être envoyé au Soudan.

Dès son arrivée, distingué par son supérieur Louis Archinard, Jean-Baptiste Marchand reçoit la mission de reconnaître le Bambouk et les abords de la forteresse de Koudian, dernier vestige de la puissance toucouleur au sud du Sénégal. Marchand observe, renseigne, puis avec une compagnie prend d’assaut Koudian. Entré le premier dans la ville, il est blessé au visage. Pour cet acte de bravoure, il est fait quelques mois plus tard chevalier de la Légion d’honneur.

En février 1891, toujours avec Archinard, il est de nouveau blessé en attaquant Diena où se sont réfugiés les chefs révoltés du Baninko. Après un bref séjour à l’hôpital, il prend le commandement du poste de Bamako. Complètement rétabli, il reçoit mission d’Archinard de lancer le roi d’une tribu locale contre Samory ; les mauvaises conditions atmosphériques, l’attitude douteuse du chef de tribu, ne lui permettent pas d’obtenir de résultats décisifs.

A la conquête de la Côte d’Ivoire

Il rentre alors en France en juin 1892; en décembre il est nommé capitaine. En 1893, Marchand arrive en Côte d’Ivoire; après de vaines palabres, il s’empare de Tiassale et obtient la soumission du roi de Tiassale et de ses tributaires et continue vers le nord par Toumadi, Bouaké et Tengrela. Apprenant que Samory se dirige vers Kong (1894), Marchand l’y précède, met la ville en état de défense. Rejoignant la colonne du lieutenant-colonel Monteil, il permet à celle-ci grâce à son courage et à sa parfaite connaissance du pays de remporter quelques succès, puis sur ordre de l’autorité civile qui espère pouvoir traiter avec Samory de se replier vers le sud.

C’est alors qu’il se voit confier la mission Congo-Nil. Le capitaine Marchand est accompagné du lieutenant Charles Mangin. Le 24 juillet 1896, l’expédition part de Loango, à l’estuaire du fleuve Congo, emportant 600 t de matériel. Après un raid épique de 5 500 km, elle rejoint Fachoda, près du Nil en juillet 1898, avec 120 tirailleurs et 8 officiers. C’est là que Marchand rencontre l’armée anglo-égyptienne (20 000 hommes) du général Horatio Kitchener. Le nationalisme européen rejoint les deux hommes au fin fond du Soudan. Le gouvernement britannique somme Kitchener de prendre possession du territoire et le capitaine Marchand est obligé de se soumettre.

À l’issue de l’expédition « de l’Atlantique à la mer Rouge », Marchand, nommé commandeur de la Légion d’honneur, est promu lieutenant-colonel le 1er janvier 1900. Sa popularité grandissante le gêne, il obtient d’être désigné pour la Chine et prend part à l’expédition contre les Boxers. Promu colonel, le 1er octobre 1902, et pour échapper à certaines sollicitations, il demande en vain d’être détaché dans l’armée tsariste et à la suite d’incidents de presse, donne sa démission en 1904.

Victoires sur victoires

Dix ans plus tard, la Grande Guerre éclate, il revêt l’uniforme et prend le commandement de la 2e brigade coloniale. Blessé en octobre, il est promu général, et nommé, en mai 1915, à la tête de la 10e division d’infanterie coloniale, commandement qu’il garde jusqu’à la fin des hostilités. Le 25 septembre, en Champagne, il atteint d’un seul bond la deuxième position allemande, faisant plus de 4 000 prisonniers et enlevant 26 canons. Une nouvelle citation, la plaque de grand officier de la Légion d’honneur lui sont décernées.

En 1916, il participe à la bataille de la Somme, il y est blessé une fois de plus. Promu général de division en août 1917, il prend part brillamment à l’offensive du Chemin des Dames.

À Verdun, en septembre-octobre 1917, la division Marchand tient le secteur difficile de Louvemont. Fin mai 1918, elle est à Château-Thierry où elle brise les attaques violentes de l’ennemi. En juillet, près de Reims, elle perd la moitié de ses effectifs en arrêtant à nouveau la ruée allemande. Puis ce sont les opérations des Hauts de Meuse, d’août à septembre 1918. La division Marchand, toujours en ligne, s’apprête à suivre le général Mangin dans l’offensive finale lorsque l’armistice vient arrêter les hostilités.

Le 4 avril 1919, Marchand abandonne définitivement cette fois la vie active pour poursuivre des travaux les plus divers. Il meurt le 14 janvier 1934.

Article rédigé en 2010 à l’occasion du cinquantenaire des indépendances africaines.

SOURCE : http://www.rfi.fr/tirailleurs/20140518-premiere-guerre-mondiale-le-general-marchand-1863-1934

 

Commentaires Facebook