Marcheront-elles dans le sillage de Koré et Raggi?

L’année prochaine, ça fera 70 ans que des femmes ivoiriennes conduites par Marie Koré et Anne-Marie Raggi entrèrent de fort belle manière dans l’Histoire de notre pays. Quels actes majeurs posèrent-elles ? Que firent-elles de si important en 1949 pour que l’on parle d’elles jusqu’aujourd’hui ? Non seulement elles prônèrent le boycott d’achat des produits français mais elles marchèrent, les 22, 23 et 24 décembre 1949, sur la prison civile de Grand-Bassam. Cette marche ne fut pas une partie de plaisir, si l’on en croit ceux qui se sont penchés sur cette page douloureuse de notre histoire. Car, une fois parvenues à Bassam, Raggi, Koré et leurs camarades durent affronter les jets d’eau et les gaz lacrymogènes des forces de l’ordre entre Impérial et le quartier France. Les premières difficultés avaient commencé à Abidjan lorsque le gouverneur donna aux chauffeurs du tronçon Abidjan-Bassam l’ordre de ne transporter aucune femme. Loin de les décourager, cette décision les motiva davantage parce que, disaient-elles, “nous ne sommes pas nées avec des voitures, nous n’avons pas peur de nous rendre à Bassam à pied”.
Quel était l’objectif de leur marche? Obtenir la libération des dirigeants du RDA arbitrairement incarcérés après le 6 février 1949 et, dans la foulée, protester contre le colonialisme français, synonyme d’oppression, d’exploitation et de brimades de toutes sortes.

Ces mères de famille auraient pu se résigner, se contenter de pleurer et abandonner ainsi le sort de leur pays entre les mains de Dieu, mais, parce qu’elles étaient éprises de liberté et parce qu’elles étaient persuadées que, dans certaines circonstances, “la mort vaut mieux que le déshonneur” (Laurent Gbagbo), elles préférèrent agir, se battre, se mettre debout et faire face à l’ennemi. Tel le serpent dont la tête n’est pas tranchée, ce dernier n’est pas encore mort. Il continue de vampiriser et d’humilier l’Afrique francophone. Cet ennemi qui ne lâche sa proie que s’il lui est opposé une force supérieure, c’est Bolloré, Bouygues et autres affreux voleurs et criminels. Nous avons besoin d’amazones pour metre fin au règne de ces mafieux. Il nous faut urgemment des femmes courageuses et déterminées pour mettre un point final à la tragédie de l’Afrique. Bref, on aimerait voir les nombreuses femmes ayant fait le déplacement de Gagnoa les 28 et 29 avril 2018 prendre d’assaut les prisons du pays où meurent à petit feu des Ivoiriens dont le seul crime est d’avoir choisi Laurent Gbagbo et voté pour lui en 2010.

Femmes du FPI, mais aussi d’EDS, du PDCI, du PIT, de Lider, Anne-Marie Raggi et Marie Koré comptent sur vous. Elles attendent que vous fassiez preuve, à votre tour, de ce patriotisme sans peur qui affranchira notre pays de l’occupation française. Elles souhaitent que vous partagiez, comme elles, l’assurance de Bernard Dadié, l’un des prisonniers de Bassam, quand il affirme: «Aucun tyran, si puissant soit-il, ne peut durant des siècles opprimer tout un peuple » (cf. la pièce de théâtre “Béatrice du Congo”).

Jean-Claude DJEREKE

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