Conseil présidentiel pour l’Afrique – Les présidents français se succèdent, la politique coloniale demeure

Par Connectionivoirienne

Un dirigeant africain, Alpha Condé de la Guinée en l’occurrence a déclaré un jour devant ses pairs africains qu’il faut ‘’couper le cordon ombilical’’ d’avec la France. Ce discours a ému tout comme il a frustré des africains qui estiment qu’ils ne sont pas suffisamment matures pour se couper de la France.

En France les dirigeants se succèdent mais la politique africaine de l’Elysée garde ses grands principes : l’Afrique appartient à la France et elle doit en disposer à sa guise. Seules les méthodes pour parvenir à cette fin changent. Du général De Gaulle en 1960 à Emmanuel Macron en 2017, jamais la France n’a voulu se couper de l’Afrique du moins en ce qui concerne la protection de ses intérêts dans ses anciennes colonies. Les discours de saupoudrage du genre « La Françafrique, c’est fini ! » sont justes bons pour endormir les consciences africaines.
On note que sous De Gaulle et Pompidou la cellule africaine de l’Elysée ou le « secrétariat général à la présidence de la République pour les affaires africaines et malgaches » fut l’affaire de Jacques Foccart de 1960 à 1974. Pendant 14 ans, ce personnage mythique aura joué le rôle de parrain des dirigeants africains et il lui revenait de déceler les bons élèves et de punir les moins dociles parmi les dirigeants africains. Rien ne se faisait, rien ne se décidait sans l’aval de cet homme.

Sous Giscard d’Estaing, le secrétariat général redevient la Cellule africaine et elle est confiée de 1974 à 1980 à René Jouniac, un ancien magistrat des colonies qui cède sa place à Martin Kirsch de 1980 à 1981. François Mitterand nomme sous sa présidence Guy Penne (81-86) puis Jean Christophe Mitterrand (86-92). La cellule africaine rebaptisée « cellule Afrique de l’Elysée » par Jacques Chirac est d’abord l’affaire de l’ambassadeur Michel Dupuch (1995-2002) puis Michel de Bonnecorse (2002-2007).

De Sarkozy à François Hollande, rien ne change dans le fond. Ces « Messieurs Afrique » sont des personnalités choisies pour leur connaissance supposée des questions africaines. Ils influencent, conseillent, jouent souvent les Vrp en matière politique, économique et financière.

Aujourd’hui, sur les traces de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un Conseil présidentiel pour l’Afrique. L’objectif reste le même mais cette fois, des experts d’origine africaine feront leur entrée dans ce cabinet hautement stratégique. Réfractaire à tout changement sur l’idée qu’ils se font de l’Afrique, les présidents français perpétuent une politique que les africains eux-mêmes dénoncent mais face à laquelle ils n’ont aucune solution de rechange, jouant eux-mêmes les clientélistes dans cette affaire. Chacun veut être parrainé par le président français.

En visite à Paris cette semaine, Emmanuel Macron n’a-t-il pas déclaré publiquement qu’il apporterait son soutien à Alassane Ouattara jusqu’à la fin de son mandat. Cette déclaration à elle seule a mis du baume au cœur des partisans de ce dernier comme si cela suffisait à apporter des réponses concrètes aux besoins des populations ivoiriennes.
« Nous avons à construire le monde que notre jeunesse mérite », disait pourtant Emmanuel Macron lors de son investiture comme président de la France. Nos jeunesses actuelles méritent-elles encore ces rapports de soumission 57 ans après les indépendances ? Plus écœurante encore, cette ancienne pratique qui consiste à convoquer les chefs d’Etat africains à l’Elysée comme pour leur donner une sorte de feuille de route. Alassane Ouattara y est à son deuxième passage. L’on apprend après cette deuxième « visite » que le président français sera à son tour à Abidjan avec un agenda bien précis : le lancement des travaux du métro d’Abidjan. Tout fonctionne encore comme si la Côte d’Ivoire est un département d’outre-mer. Les entreprises françaises qui ont en horreur la concurrence bénéficieront là du soutien au prix de mille opérations de lobbying, de leur président. Pour ce métro d’Abidjan, faut-il le rappeler, les entreprises françaises n’avaient pas forcément la meilleure offre. Elles se seront imposées au forceps avec un montant hors de portée : plus de 650 milliards de FCFA (1,4 milliard d’Euros). Voici le bien-fondé du futur Conseil présidentiel pour l’Afrique. Obtenir les contrats juteux pour les entreprises françaises, contraindre les présidents africains à accepter au-delà du rationnel.
Les présidents changent en France, la politique africaine a la peau dure. Elle demeure dans le strict respect de ce qu’un universitaire ivoirien appelle ‘’le réajustement de la politique coloniale’’. A chaque président français ses méthodes. De quoi a peur la France ? Sa voisine, l’Allemagne a rompu depuis la fin de la deuxième guerre mondiale avec la politique coloniale. Elle s’en porte mieux.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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6 réflexions au sujet de “Conseil présidentiel pour l’Afrique – Les présidents français se succèdent, la politique coloniale demeure”

  1. Nous avons signifié nos réserves récemment quant à ce nouveau soi-disant machin de conseil. Encore une nouvelle connerie. Moi, je me pose une seule question : Qu’avons-nous à gagner de ce machin, nous Africains, et surtout jeunesse africaine ?

    Nous n’avons rien contre la France, mais dans notre intérêt, veillons à ce que la concurrence prévale en tout. Regardez même la France, elle investit plus dans les pays non-francophones que francophones.

    Pour finir, l’Allemagne n’avait pas le choix quant à la « rupture » en question. Elle a tout perdu y compris ses colonies et était sous tutelle (US, GB, FR). Donc, comparaison mal à propos.

  2. cher monsieur SD, votre haine pour Ouattara va vous perdre. quelle bizarre analyse ? « En visite à Paris cette semaine, Emmanuel Macron n’a-t-il pasdéclaré publiquement qu’il apporterait son soutien à Alassane Ouattara jusqu’à la fin de son mandat. Cette déclaration à elleseule a mis du baume au cœur des partisans de ce dernier comme si cela suffisait à apporter des réponses concrètesaux besoins des populations ivoiriennes. » finalement, cher monsieur l’analyste, en quelle qualité Macron et Ouattara se sont ils rencontrés à l’elysee ? comment un président français j’apporterais t’il pas son soutien à son homologue ivoirien ? ou alors dois-je comprendre que Macron à donné son soutien au RDR par cette visite ? élevé un peu le débat cher SD. Macron ne donnera jamais son soutien à votre célèbre pensionnaire de chevenninguen au détriment du chef de l’état ivoirien. ce sont pas les partisans de Ouattara qui se réjouissent de cette déclaration. c’est toute la Côte d’ivoire. car que vous le vouliez ou non, Alassane Ouattara est le président de la république, il incarne notre souveraineté par cette fonction et donc nous représente tous, je dit bien tous, vous y compris dans tout ses déplacements. toujours dans le négationnisme.

  3. @belo toute la côte d’ivoire ? Vraiment ? Je me demande en quoi la nouvelle du soutien de macron à allassane me réjouirait plus actuellement que mercredi alors que je n’avais pas vent de cette information.

    Continuez de réfléchir avec vos hormones.

    Yalla, bye!

  4. On se demande bien, qui des deux bonhommes plus haut se prend pour le nombril du pape…

  5. « il incarne notre souveraineté par cette fonction et donc nous représente tous, je dit bien tous, vous y compris dans tout ses déplacements. toujours  »

    @belo001

    Il va falloir exclure les mi-cancres charognards, mangeurs de popcorns et adeptes d’une apocalypse en Côte d’Ivoire pour une entreprise fictive pillée.

    Aujourd’hui est Samedi 2 Septembre 2017 … la tabaski continue sans popcorns !!!

    té ande

  6. En tout état de cause, être le nombril du pape est infiniment mieux qu’être le nombril du bété sang chaud, gros cœur, et violent, comme tout bon bété, dont la stupidité l’a conduit tout droit en mission à l’extérieur du pays. Ou bien… ?

    Cafard !

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