Marcory Côte-d’Ivoire: Gnamaka Dogbo, le poulain de Blé Goudé qui veut terrasser Aby Raoul

« Ma candidature, ni défi, ni provocation mais le choix des populations »

Très actif à Marcory depuis la fin de la crise postélectorale au sein de la société civile, Gnamaka Dogbo Eric, proche de Charles Blé Goudé, veut désormais occuper le poste de maire de la commune industrielle. Il en parle ici avec hargne et assurance

De dirigeant d’une ONG comment vous en êtes arrivé à l’ambition de briguer l’influente commune de Marcory ?

Je voudrais d’abord vous remercier de l’occasion que vous m’offrez. En réalité, ce n’est pas mon ONG qui m’a permis d’être là où je suis aujourd’hui. C’est le résultat de tout un parcours et d’un apprentissage auprès d’illustres personnes qui sont pour moi des exemples et des inspirateurs de ma carrière politique. Nous avons observé à l’époque que le pays avait besoin de réconciliation mais en même temps, nous nous sommes dit que la politique n’était pas le meilleur moyen d’arriver à cette réconciliation. Nous avons dès lors créé le Forum de la société civile africaine pour permettre aux Ivoiriens de se parler. Et dans le forum nous avions différents partis politiques représentés ainsi que la société civile. Ceci a permis qu’on se parle et qu’on pose nos problèmes. Au regard des actions menées en faveur de la réconciliation, au regard des aides que nous avons apportées çà et là, des gens sont venus vers nous pour nous solliciter en nous demandant d’être candidat à la mairie. A leurs yeux, c’est le chemin pour avoir les pouvoirs de décision et les moyens pour aider plus de personnes démunies.

Vous évoquez des personnes qui sont vos modèles et votre source d’inspiration. Qui sont ces personnes ?

Vous êtes sans ignorer que j’ai fourbi mes armes à la Fesci et après je suis passé au Cojep (le mouvement de Blé Goudé). Charles Blé Goudé est donc mon père politique !

Alors ferez-vous campagne en vous prévalant proche de Blé Goudé ou bien en mettant en avant votre équation personnelle pour vaincre ?

Ma candidature est purement et simplement indépendante parce que je veux rassembler tous les Ivoiriens autour de cette candidature. Ma candidature n’est donc ni une provocation ni un défi à quelqu’un mais un choix des populations de Marcory.

Mais s’il s’agit de rassembler, l’on pourrait vous rétorquer que l’actuel maire Aby Raoul le fait déjà bien. Que voulez-vous vraiment changer à Marcory ?

Nous voulons du concret et une vision nouvelle pour Marcory. Marcory a des potentialités économiques, Marcory produit de la richesse mais tout cela ne lui profite pas. Nous voulons remettre les ressources de Marcory aux habitants de Marcory.

Est-ce que vous n’avez pas peur d’affronter un gros morceau comme le maire sortant Aby Raoul ?

Je ne sais pas ce que vous appelez un gros morceau !

Il a un poids politique, porté par un appareil politique, le Pdci, il se réclame lui aussi candidat des populations…

Ah oui ! Mais vous ignorez que moi aussi je suis issu d’un parti politique. Et si on veut parler d’un poids politique, on sait pour qui vote habituellement Marcory. Il faut donner à César ce qui appartient à César.

Vous avez à un moment donné sollicité le maire sortant pour parrainer vos manifestations. Que s’est-il passé pour que vous vous retourniez contre lui ?

Monsieur Aby Akrobou Raoul n’a jamais parrainé mes activités. En ma qualité de responsable d’une ONG internationale basée à Marcory, je l’ai invité et il est venu. Ce qui m’a plu ce jour-là, c’est qu’il a exprimé sa joie de voir les populations rassemblées dans leur diversité. S’il y avait donc une personne qui a permis que les populations se retrouvent, c’était bien moi et Aby Raoul était là aussi. C’est le signe que, quand j’organise mes activités, ce sont tous les ivoiriens qui se retrouvent.

Que visez-vous concrètement en voulant devenir maire de Marcory ?

En tant que fils de Marcory, mon ambition est née de la nostalgie d’un maire que nous avons aimé. Le maire Amagou Victor et je veux saluer sa mémoire, c’était un modèle. Il nous a enseigné des valeurs humaines. Il savait se retrouver dans le peuple. C’est l’exemple typique de l’homme qui fait l’homme. Les maires que nous avons aujourd’hui n’ont qu’une seule religion : l’argent, l’argent et l’argent ! Prendre l’argent public pour s’acheter des biens personnels. Prendre l’argent de Marcory pour s’offrir la résidence de Gossio Marcel. Je pense qu’il faut arrêter tout ça ! Il faut travailler pour Marcory. Est-ce qu’il est normal qu’une commune comme celle de Marcory ait un seul lycée public là où Koumassi et autres en ont au moins deux ? Nous voulons bâtir un deuxième lycée qui portera le nom d’Amagou Victor. Nous voulons donner à Marcory au moins un autre collège moderne. Tout ceci pour décongestionner les classes surchargées du public où l’on retrouve jusqu’à 80 élèves par classe. La Côte d’Ivoire qui se veut émergente ne mérite pas ça et c’est ce qui justifie notre combat. Trop d’entreprises sont installées à Marcory, d’autres naissent au fil des jours mais nos jeunes ici à Marcory n’en bénéficient pas. Ils sont exposés au chômage. Comment comprendre qu’un jeune bac + 5 soit vigile dans un hôtel ? Que deviendra celui qui a le Bepc ? Ce n’est pas normal ! Et c’est pourquoi nous avons déjà lancé l’idée des états généraux de la jeunesse. Et nous disons que Marcory a besoin de sang neuf, Marcory a besoin d’une vision nouvelle.

Si on vous demandait qui est Gnamaka Eric, ce jeune qui veut défier le maire sortant et tous les autres prétendants à la mairie de Marcory ?

La question est bien venue et je pense que c’est le maire Aby qui y a bien répondu. Il a dit à une cérémonie que Gnamaka est un enfant de Marcory, qui vit à Marcory, qui connait Marcory. Je pense aussi que Laurent Gbagbo connait Gnamaka qui a été son directeur local de campagne chargé de la jeunesse. Représenter Laurent Gbagbo à Marcory, représenter ensuite Charles Blé Goudé à Marcory, faire la promotion du dialogue et de la cohésion pour sortir de la crise ici à Marcory, je pense qu’il n’y a pas meilleur palmarès pour moi dans cette commune.

Est-ce qu’il vous vient à l’esprit de solliciter le parrainage de votre parti, le Cojep où vous venez d’être nommé ?

Rien n’arrive au hasard dans la vie. C’est ma compétence qui m’a valu ce poste dans mon parti politique. C’est le résultat de ma détermination sur le terrain. Je remercie Charles Blé Goudé qui connait Gnamaka et je porte cette nomination comme un chapeau. D’aucuns se demandent si c’est parce que j’étais candidat déclaré que cette nomination est venue. Y en a qui disent que c’est parce que j’ai la caution de Blé Goudé. Si c’est le cas je dis Dieu merci mais je garde mon indépendance.

Quelles sont vos chances face à des dinosaures et des candidats de partis politiques ?

Chaque candidat à Marcory a ses chances. Aujourd’hui, si vous demandez au maire sortant de faire un bilan de sa gestion, je ne suis pas sûr qu’il fasse trois lignes. Si nous avons décidé d’être candidat ici à Marcory c’est parce que nous avons posé beaucoup d’actions sociales. Quand vous dites aux gens qu’il y a un orphelinat à Marcory, les gens vous diront que ce n’est pas vrai. Pourtant on a visité des orphelinats, des hôpitaux, on a scolarisé des enfants, fait des prêts aux femmes à hauteur de 5 millions de FCFA. Mais quand tu veux faire plus pour les populations il faut chercher plus de moyens. C’est pour cela que nous comptons sur notre force et sur l’aide de Dieu pour avoir cette mairie et réaliser nos ambitions pour le social.

D’où tirez-vous l’argent pour mener autant d’actions ?

Je ne reçois d’aide de personne. Ce sont les cotisations de notre organisation ‘’Forum de la société civile africaine’’ qui nous permettent de tourner.

Les seules cotisations de votre organisation peuvent faire tout ce que vous énumérez ?

On n’a pas besoin de milliards de FCFA si on veut donner à quelqu’un. Avec peu de moyens on peut aider pourvu qu’on y mette un peu de volonté.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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